Yaki lit Blue book

Blue book / Elise Fontenaille-N’Diaye, Ed. Calmann-Levy, 220 p., 17€, ISBN : 978-2702144121

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Elise Fontenaille est un auteur que j’apprécie beaucoup, ses romans me touchent parce qu’elle a l’art et la manière d’écrire avec beaucoup de sensibilité, elle part d’un fait réel et créé une atmosphère autour. Mais son dernier livre Blue book n’a rien d’une histoire inventée, vraiment rien d’un roman ! Il s’agit du récit d’un génocide oublié et même caché, celui des peuples Hereros et Namas en Namibie au tout début du XXème siècle, avant l’arrivée du nazisme en Allemagne, un génocide qui préfigurait déjà des atrocités qui allaient être commises pendant la seconde guerre mondiale. En effet, ces tribus ont été persécutées, massacrées, internées dans les tout premiers camps de concentration, sous prétexte qu’il s’agissait de races “inférieures”. D’ailleurs certains futurs nazis étaient présents lors de ces exterminations (comme le docteur Eugen Fischer, théoricien de la «dégénérescence de la race blanche», dont Hitler lira plus tard en prison l’ouvrage tiré de ses travaux en Namibie).

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Elise Fontenaille-N’Diaye, lors d’une enquête qu’elle faisait sur son aïeul le général Mangin*, a trouvé un rapport officiel dans une bibliothèque universitaire à Pretoria, le Blue book, sur ces massacres. Ce rapport a été rédigé par un jeune juge anglais, Thomas O’Reilly, qui a recueilli des témoignages édifiants. Cet homme est apparemment décédé en 1919 de la grippe espagnole. Sa disparition a été bien utile à l’Allemagne et à l’Angleterre, l’Allemagne ayant demandé à l’Angleterre de faire disparaitre ce rapport en échange de son silence sur des agissements guère plus reluisants de l’Angleterre. Elise Fontenaille-N’Diaye se devait de témoigner à son tour.

Un récit poignant donc ! A lire absolument !

*Charles Mangin, né à Sarrebourg le 6 juillet 1866 et mort à Paris le 12 mai 1925, est un général français. Convaincu de la valeur des troupes sénégalaises, c’était un partisan ardent d’une armée africaine, la « force noire », plus nombreuse et plus puissante, au service de la France. Mangin tel qu’il était, adoré ou détesté, a incarné le type de l’officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements. (Wikipédia)

http://www.liberation.fr/livres/2015/01/14/la-colonie-genocidaire_1180716