Avec Immortels, Camille Kouchner (La Familia Grande 2021) se lance dans la fiction et c’est réussi ! Avec une écriture sensible, agréable et fluide, elle nous transporte dans les souvenirs de sa narratrice dans le Paris bobo des années 80, 90.
De son lit d’hôpital où elle se réveille d’une mastectomie, la souffrance de K la ramène au manque de Ben. Ben, son frère, son meilleur ami, son jumeau, son double est mort. Nés tous les deux en 1975, à deux mois d’écart, de mères copines, bohèmes, féministes, libérées, qui partagent les mêmes idées, les mêmes idéaux, les mêmes combats, le même immeuble et l’éducation de leurs deux enfants. Ben et K grandissent soudés, heureux, libres et joyeux, loin des convenances, des contraintes, du corsetage social, souvent livrés à eux-mêmes, parfois malmenés par les adultes au nom de la liberté. Les pères existent mais sont absents et leurs interventions trop souvent maladroites et blessantes.
Mais bientôt l’adolescence rebat les cartes, les corps changent, les fréquentations et les aspirations aussi. Ben et K s’éloignent mais ne se perdent pas.
La lumière, l’insouciance de l’enfance comme une parenthèse enchantée « grandir à deux donne confiance, on partage tout, sans craindre le manque » écrit l’autrice non sans nous rappeler que dans l’enfance il y a aussi des blessures parfois infligées par les adultes et même les parents. Certaines scènes sont difficiles, d’autres émouvantes, les personnages sont très attachants et les portraits des parents très intéressants et plutôt justes, à peine caricaturés. C’est l’histoire d’un attachement entre deux êtres, un amour pur, total et innocent. Un amour d’enfance qui perdure malgré les obstacles.
Je dois avouer que j’ai dû lire ce roman pour le travail et que j’y allais à reculons, je n’ai pas lu La Familia Grande et la succincte et énigmatique quatrième de couverture ne me donnait pas du tout envie. Je suis très contente d’avoir découvert la plume de Camille Kouchner, et je lirai le prochain !
Immortels / Camille Kouchner – Editions du Seuil – avril 2025 – 208 pages