Lola lit Sam le Gourmignon

Les Gourmignons sont de petits êtres tranquilles qui vivent sous la terre. Mais Sam a envie d’aventures, la vie tranquille ne lui convient pas. Alors il décide de partir avec son copain Bill le poney. Les voilà partis tous les deux dans de grandes aventures peuplées d’arbres magiques, de fantômes, de spectres, ils vont devoir affronter une pieuvre et une araignée géantes, une tempête de neige et un volcan en éruption… Rien ne leur est épargné ! Durant ces aventures, ils vont rencontrer le Roi puis la Reine des Elfes, avant de rentrer enfin dans leur village.

La construction est simple et linéaire avec des phrases répétitives, les événements s’enchaînent de la même façon du début jusqu’au dénouement. Sam le Gromignon est un conte-randonnée, dont l’univers n’est pas sans rappeler le monde des jeux vidéos : on court et on frappe, il ne manque que la petite musique exaspérante. Le graphisme ressemble beaucoup aux dessins animés japonais des années 80. Le texte est assez banal, le trait simpliste, les couleurs contrastées, il n’y a ni nuances ni détails. L’univers de cet album est celui des geeks (nous signale l’autrice) et de la High fantasy (nous précise la maison d’édition). De plus, il semblerait que les aventures de Sam et Bill soient calquées sur celles la célèbre histoire de Tolkien, Le Seigneur des anneaux (que je ne connais que de nom).

Un petit héros qui ravira les enfants (4-7 ans) fans de jeux vidéos. Un album agréable à raconter grâce à la répétition de certaines phrases comme un petit refrain.

#SeigneurDesAnneauxInspirationTolkienFantaisiePourEnfants #NetGalleyFrance


Sam le Gourmignon / Juliane Bosch (textes) et Emmanuel Draw (illustrations) – Editions Mammig – décembre 2024 – 40p

Lola lit Les saules

Les saules bordent la rivière où est découvert le corps de Marie, 17 ans, une fille du coin. Tout le monde la connait Marie, c’était la fille dévergondée du pharmacien, elle portait bien le surnom qu’on soufflait sur son passage « Marie couche-toi-là ». Et ce n’était pas qu’une rumeur, Marie assumait sa sexualité précoce tout en rêvant de se refaire une virginité quand elle quitterait ce patelin car Marie avait des rêves. C’est André le policier du village et Arlette fraichement débarquée sur ordre du juge qui vont se charger de l’enquête. Mais dans ce premier roman noir social, le meurtre de la jeune fille est un prétexte pour aller à la rencontre des habitants de ce village breton très ancré dans sa ruralité. L’enquête n’est pas au centre de l’histoire, d’ailleurs on ne sait rien d’Arlette et bien peu d’André. Le centre de l’histoire c’est l’hostilité qui sépare La Basse Motte et La Haute Motte, en plus de la route. Les inimitiés, les rancœurs, les jalousies, la colère voire la haine séparent ceux du Haut et ceux du Bas, les riches et les pauvres, ceux qui partent, ceux qui restent et ceux qui sont revenus. Ceux qui s’agrandissent, ajoutent des terres à leurs terres pour s’enrichir et les autres qui s’accrochent à leur lopin quitte à se mettre hors la loi, comme les parents de Marguerite. Marguerite va à l’école sans entrain, les autres se moquent d’elle, la rudoient parce qu’elle est crasseuse à faire peur, qu’elle sent mauvais, qu’elle porte des guenilles. Marguerite ne parle pas, elle se tait et se terre, elle observe et elle sait. Elle a vu Marie au bord de la rivière mais chez eux on ne dit rien, on se mêle de ses affaires, on met dans sa poche le mouchoir par-dessus (comme disait ma grand-mère).

Alors pendant 271 pages, on écoute Elisabeth et Gilles les parents de Marie qui ont de grands airs et que personne n’apprécie vraiment, Damien le fils du garagiste amoureux fou d’elle, Caroline l’ex meilleure copine, Didier le chauffeur de bus au passé trouble qui aimait bien la reluquer, Julien le jeune pompier que la mère de Marie a giflé en plein bal du 14 juillet, Mimi qui tient le bar, Paulette la femme de ménage de ceux d’en haut qui en sait des choses et qui aime colporter des cancans et tous les autres…  raconter leur vérité à André et Arlette. On suit surtout l’attachante Marguerite dans ses escapades qui la ramènent toujours au bord de la rivière sous les saules.

Je ne lis pas de roman policier car les enquêtes ne me passionnent pas mais quand Babelio m’a proposé cet envoi, j’ai accepté pour sortir un peu de mes sentiers battus. Je ne regrette pas du tout, l’autrice dresse une très intéressante galerie de personnages.

Un très bon roman 


Les Saules / Mathilde Beaussault – Editions du Seuil – janvier 2025 – 271 pages

Lola lit Quand dérape la rumeur

Quand dérape la rumeur par Ben KemounUn très bon roman à visée pédagogique pour expliquer les mécanismes de la rumeur et ses conséquences, en mettant en scène une fête d’anniversaire où sont invités tous les copains de Jérémy. C’est une grande première pour la plupart des enfants, c’est une vraie fête sans parents avec permission de 22h. Une excellente soirée en perspective pour des collégiens de 12 ans ! Alvin, le nouveau, est ravi, la jolie Mélinda arrive en même temps que lui devant chez Jeremy. Ils portent chacun leur cadeau sous le bras : sûrement un livre pour Melinda mais que peut bien contenir le paquet de Alvin ? La forme est si bizarre, on dirait une mitraillette s’amuse Melinda. Mais non, ce sont des raquettes de badminton rigole Alvin. Lorsque la porte s’ouvre enfin, tout le monde est là Vincent, Fabien, Ludo, Fatou, Solène, Katia et Samantha. Il y a aussi le cousin de Jérémy qui malgré l’interdiction formelle a apporté une petite bouteille de whisky et Frank le jaloux, persuadé que Mélinda est sa petite amie depuis qu’il lui a volé un baiser. Alors lorsqu’il voit Alvin et Mélinda danser tous les deux au milieu du salon, la colère monte. Pendant ce temps, les copains chahutent un peu Samy, il prend tout au premier degré et ça fait beaucoup rire les copains. Tout part d’une blague, une histoire d’éléphant, de frigo, d’olives et de rhinocéros. N’importe quoi répond Samy ! Mais si demande à Alvin le nouveau, son père était chasseur en Afrique. Vraiment ? Oui, et il parait qu’il n’a pas tué que des animaux ! La rumeur est lancée, enflée par la malveillance de Frank, le poison se répand parmi les invités tandis que Alvin et Mélinda dansent insouciants dans le salon. Jusqu’où iront les invités transformés en justiciers ?

On comprend bien comment naît et enfle une rumeur. C’est comme une boule de neige qui roule et grossit sans pouvoir s’arrêter ! Samantha essaie bien de raisonner tous ces jeunes qui s’emballent mais personne ne veut l’écouter ; chacun rebondit sur un mot, en rajoute, suppose, imagine, amplifie, les questions se changent en affirmations et tout s’emballe ! Une jolie couverture, une mise en page lisible et 6 chapitres rythmés par des dialogues. Un petit roman agréable à lire !

A lire et à faire lire aux plus jeunes.

#Quanddérapelarumeur #NetGalleyFrance


Quand dérape la rumeur / Hubert Ben Kemoun – Editions Scrineo – février 2025 – 95p

Lola lit Vous parler de mon fils ♥

Philippe Besson nous livre cette fois, le long monologue d’un père qui a perdu son fils de 14 ans. Hugo s’est suicidé, Hugo était harcelé au collège : insultes, humiliations, coups, cyberharcèlement… Hugo avait fini par se confier à ses parents, la souffrance était insupportable. Au début, son père avait un peu minimisé, « c’est normal entre mecs à cet âge de se chamailler, ça va passer« . Mais sa mère avait vite compris que c’était bien plus grave. Alors, ils ont essayé de protéger leur fils, sans trop savoir comment s’y prendre ; écouter Hugo qui les suppliait de ne pas en parler de peur de passer pour une balance et alimenter la haine des harceleurs, ou protéger leur enfant en dénonçant la situation, en frappant à toutes les portes, en criant pour se faire entendre. Ils ont fait ce qu’ils ont pu. Mais les bourreaux n’avaient déjà plus de limites, et Hugo plus la force.

Comme c’est difficile à lire, comme c’est difficile à imaginer ! J’ai pleuré beaucoup beaucoup pendant ma lecture, j’ai terminé le roman en quelques heures seulement, dans l’urgence. On suit le chemin de la pensée de ce père effondré, dévoré par le chagrin, mangé par la culpabilité, qui sait qu’il ne se remettra jamais de ce drame, et en arrière plan, cette maman dévastée. Et même si la vie continue, la leur est brisée.

Cette fois encore Philippe Besson a trouvé les mots justes pour raconter ce drame terrible, il réussit à entrer dans la peau de ce père anéanti avec beaucoup de pudeur et de retenue. Un roman puissant et bouleversant qui aurait pu s’intituler Vous parler de nos fils tant ce sujet peut toucher chacun de nous. Il fait écho à Un printemps en moins de Arnaud Dudek qui traite du même sujet du même point de vue du père, mais de façon assez différente.

Je remercie NetGalleyFrance et les éditions Julliard qui m’ont permis de lire ce roman dès sa sortie.


Vous parler de mon fils / Philippe Besson – Editions Julliard – janvier 2025 – 208p

#Vousparlerdemonfils #NetGalleyFrance

Lola lit Oscar et la Dame Rose en BD

J’ai lu le roman de E.E. Schmitt il y a longtemps et j’en garde un souvenir évasif, profondément triste mais lumineux. J’ai été contente de retrouver cette coquine de Mamie Rose qui s’était inventé une carrière de catcheuse pour amuser Oscar ce petit garçon qui m’avait tant émue. Il me semble que dans le roman, Mamie Rose rendait visite à Oscar à l’hôpital, et qu’elle l’accompagnait jusqu’à son dernier jour. Dans la BD elle convoque ses souvenirs avec ce petit garçon espiègle qui avait bouleversée sa vie. Il lui rend visite en songe alors qu’elle relit les lettres qu’il avait adressées à Dieu. Pourquoi écrire à quelqu’un qui n’existe pas ? lui avait  demandé Oscar. Pour te sentir moins seul, lui avait-elle répondu.

J’ai perdu un proche l’été dernier et bizarrement alors que nous n’avions jamais eu de discussion sur la religion, je me suis demandé s’il aurait eu envie de se rapprocher de Dieu ; peut-être qu’à ce moment-là, quand on sait qu’on va mourir, qu’est-ce que ça coute d’y croire un peu ?

La naïveté du trait et la douceur des couleurs n’empêchent pas les questions existentielles que soulève le texte. Impossible de rester indifférent à cette bande dessinée, aux personnages plein de tendresse, à l’injustice de la maladie, au désespoir des parents, à l’impuissance des médecins… Et au courage des Mamies Rose qui entourent les petits malades, leur rendent visite, les consolent et les font rire… Je pense à mon amie Jac qui a vu s’éteindre les petits qu’elle a accompagnés jusqu’au bout ♥


Oscar et la Dame Rose / adapté du roman de E.E. Schmitt / Dessins de Valerie Vernay – Texte de Vincent Zabus – Editions Albin Michel – septembre 2024 – 144p.

Lola lit Traverser les montagnes et venir naître ici ♥

La rencontre inattendue de deux femmes dans le Mercantour aujourd’hui. Elles ont chacune de leur côté traverser des montagnes pour atterrir dans ce coin reculé, perdu en altitude. Astrid est venue s’isoler du monde, brisée par un deuil tragique quand la toute jeune Soraya a fui son pays en guerre. Soraya seule, perdue dans la neige va donner naissance à une petite fille avec l’aide d’Astrid. Elles vont s’installer dans cette petite maison et essayer de se reconstruire.

C’est un livre poignant et tellement beau. Entre rires et larmes, on partage ces moments d’amitié, de doutes, de douleur et surtout d’espoir, dans cette nature si rude et indifférente au chagrin. Cachée au milieu des lourds secrets, une petite lueur brille sans ostentation, sans éclat, pourquoi pas une belle histoire qui finirait bien ? On s’accroche à cette idée et on veut y croire malgré la folie des Hommes.

Mon premier roman de cette autrice bien que ses autres titres soient en bonne place dans ma trop longue PAL. Il m’a donné envie de lire les précédents et les suivants !

Un joli coup de cœur ♥


Traverser les montagnes, et venir naître aussi / Marie Pavlenko – Editions Les Escales – aout 2024 – 352 p.

Lola lit La méduse noire

Avril 1962 sur le bateau qui le ramène d’Algérie, Eddie Poujol, 20 ans, échange un serment avec Jeff son ami d’armes. Eddie s’apprête à rejoindre la demeure familiale du Vigan, à renouer avec son père des relations très compliquées. Mais dans le train du retour au départ de Marseille, Eddie croise le chemin d’Agnès qui vient de se libérer de son compagnon. C’est le coup de foudre, Eddie s’invente banquier, riche, parisien, un peu chanteur aussi : ils montent à Paris et se marient.

Mais Eddie, bien que charmeur, attentionné et amoureux, cache une part d’ombre et les clefs de sa cantine métallique qui trône au milieu de l’entrée de leur appartement parisien. Quels sont les démons d’Eddie et les secrets familiaux enfouis, qui est cette méduse noire qui rode ?

Il est beaucoup question d’amour dans ce roman, Eddie est au centre de toutes les attentions et on craint le pire. Car on le pense capable du pire, tout comme son frère et son père. J’ai appris après ma lecture que La méduse noire était la suite de D’où vient l’amour paru en aout 2022 et que je n’ai pas lu. Ce qui me réjouit car j’avais envie d’en savoir plus sur cette famille Poujol. Bon j’avoue que je n’ai pas toujours tout compris, il n’y a pas qu’Eddie qui a une part d’ombre dans cette histoire, certains passages obscurs m’ont laissée perplexe mais il faut parfois accepter d’être un peu largué n’est-ce pas ? haciendo muecas emojis torpe emoticon con apretado dientes. mano ...


La méduse noire / Yann Queffelec – Editions Calmann-Levy – aout 2024 – 368 pages

Lola lit Sur l’île ♥

Une île qu’on imagine galloise, proche du continent, peuplée de quelques irréductibles pêcheurs de homards et de leurs jeunes enfants, « douze familles plus le pasteur et Lukazh, le polonais qui travaille au phare« . Mais l’île, cinq kilomètres de long et trois de large, est une prison que Manod a hâte de quitter comme tant d’autres. Rejoindre le continent, étudier, enseigner, gagner de l’argent et vivre. Manod est née le 20 janvier 1920 et nous sommes en 1938, la guerre approche et le père de Manod aimerait la marier à un gars du coin. Le roman commence en septembre, une nuit où s’échoue une baleine sur la plage, cette carcasse va accompagner notre lecture jusqu’à la fin du roman en décembre. Un jour d’octobre Edward et Joan, deux jeunes universitaires, débarquent sur l’île ; ils voudraient écrire un livre documentaire sur l’île et ses habitants. Manod, la seule à parler correctement anglais, leur servira d’interprète. Au fil de leurs rencontres, le désir de fuir l’île emplit Manod, et elle croit aux promesses voilées d’Edward, qui trouve la jeune fille brillante et charmante.

Un premier roman surprenant à l’ambiance très particulière ; on ressent les embruns, l’odeur de poissons et la rudesse du tissu des robes des femmes. Les chapitres sont courts et, malgré la monotonie de la vie sur l’île, assez rythmés. L’arrivée des anglais bouleverse la vie de Manod mais elle est assez intelligente et lucide pour se rendre compte qu’ils considèrent les habitants de l’île comme des frustres et qu’ils l’utilisent.

C’est triste et cruel, c’est beau et bouleversant ! Un coup de cœur ♥ Vivement le prochain roman de cette jeune autrice anglaise.


Sur l’île / Elizabeth O’Connor – Edition JC Lattès – mai 2024 – 272 p.

Titre original Whale Fall traduit de l’anglais par Claire Desserrey

Lola lit La rentrée sans tête

Max est un petit garçon distrait, sa maman lui dit souvent « Eh ben alors, tu as perdu ta tête ? ». Alors la veille de la grande rentrée au CP, Max est inquiet et impatient aussi. Heureusement il retrouve son copain Théo sur le chemin et surtout il n’a pas oublié sa tête qui est bien posée sur ses épaules.

Et nous voilà de retour à l’école ! Notre premier jour ou le premier jour de nos enfants, de nos petits-enfants à la grande école : c’est vraiment quelque chose, cela provoque des émotions fortes, des sentiments contrastés, pour les enfants et pour les parents. Entre joie, impatience et angoisse, quelle aventure !

Cet album est un vrai guide, à lire ensemble pour préparer cette journée si particulière, puisque dès la veille de la rentrée, Max met en place des petites choses. Et puis, la journée est séquencée, donnant quelques repères. Les autrices dédramatisent ce grand moment, important certes, mais pas grave. La journée passe et c’est bientôt l’heure des parents. Alors Max aura-t-il oublié quelque chose à l’école ?

Après La sixième, Susie Morgenstern accompagne les plus petits pour la rentrée au cp. J’aime bien ce type d’illustrations, ses petits visages ronds, simples et très expressifs, c’est un vrai plaisir de s’attarder sur les détails. Quant au texte l’accent est mis sur le fait d’oublier, que ce soit sa tête pour Max, une ardoise pour Julie, un stylo pour un autre… Et puis la maîtresse en remet une couche avec le livre à ne surtout pas oublier pour le lendemain. Finalement, c’est un peu pesant, quelle pression ! Moi récemment  j’ai oublié mes lunettes pour aller au boulot, alors que je ne vois rien sans. Et une fois, je me suis rendu compte sur le chemin du travail que j’étais en chaussons, j’avais oublié de mettre mes chaussures. Ca m’a fait rire ! J’oublie souvent ce que je suis venue chercher dans la cuisine, et où j’ai mis mes clefs. Alors cet album m’a un peu oppressée 🙂 Ma grand-mère disait très justement Quand on n’a pas de tête, on a des jambes !


La rentrée sans tête / Susie Morgenstern (texte) – Eglantine Ceulemans (illustrations) – Editions Les Arènes jeunesse – août 2024 – 40p

Lola lit Danse avec tes chaînes ♥

Michel, Patricia, Marie-Thérèse et Joseph font partie des 2000 enfants réunionnais qui, entre 1962 et 1984, ont été retirés à leurs parents et emmenés en métropole pour repeupler certains départements ruraux victimes de l’exode rurale. Les enfants étaient déclarés Pupilles de l’Etat et leurs parents n’avaient plus aucun droit sur eux. Les services sociaux assuraient alors qu’ils partaient pour une vie meilleure, une bonne éducation, qu’ils seraient élevés dans des familles aimantes et reviendraient de temps en temps sur l’Ile. Malheureusement, ces jeunes enfants ont surtout servi de main-d’œuvre exploitée et gratuite dans les fermes. La plupart ont subi des sévices, comme Marie-Thérèse et Joseph, rebaptisés Marie et Florent par les fermiers René et Martine Brouillet qui vont les battre, les affamer et les faire travailler jusqu’à l’épuisement. C’est leur vie que l’autrice, journaliste, raconte dans son premier roman par la voix de Marie-Thérèse, enfant à Ceyroux dans la Creuse et lorsqu’âgée et malade, elle revient à la Réunion pour participer à un événement commémoratif.

Un excellent roman parfaitement documenté. L’écriture est agréable, les poèmes de Joseph Gosse que l’autrice a glissé entre les pages du roman ajoute beaucoup de profondeur et de force à ce texte. L’histoire est glaçante car l’autrice ne l’a pas exagérée, les témoignages des « enfants de la Creuse » sont terribles. Il n’est pas difficile d’imaginer la souffrance, le chagrin de ses petits, arrachés à leurs mamans, le plus souvent séparés de leurs frères et sœurs, dans un pays hostile et froid où ils sont moqués, maltraités sans aucun espoir de retrouver leurs familles. Un livre à lire pour ne pas oublier !


Danses avec tes chaînes / Anaëlle Jonah – Editons Fayard – août 2024 – 470 pages