Mes lectures en cours (un clic sur les couvertures pour lire mon avis)
Ester est morte, elle laisse à sa fille Sarah la clef d’une maison en Albanie et un prénom, Elora. Sarah, scientifique islandaise spécialisée dans l’étude des bruits part sur les traces de sa mère dans ce pays dont elle ignore tout. Elle y rencontre des personnages, des paysages, des légendes, dans ce village sans nom, car « ce qui ne peut être nommé ne peut être trouvé », caché dans les montagnes. Installée dans la vieille bâtisse délabrée, Sarah remonte le fil, cherche, fouille, découvre, malgré l’hostilité et la malveillance des derniers habitants qui ne sont pas décidés à lever le voile sur les secrets de la montagne. En même temps que Sarah, nous découvrons l’Histoire de ce petit pays situé en Europe du sud, dans les Balkans, une destination aujourd’hui prisée par les touristes grâce à ses paysages magnifiques et préservés. Mais l’Albanie a vécu jusqu’en 1990 sous dictature communiste avec son cortège de dénonciations vengeresses, d’emprisonnements abusifs, de tortures, de disparitions, d’assassinats et d’obligations ridicules (on apprend que les mèches de cheveux étaient mesurées). Les habitants du village sans nom ont vu leurs croyances se heurter au Parti avec violence. L’autrice nous plonge avec virtuosité grâce à des personnages fantasques et attachants, et une écriture impeccable, dans une aventure extraordinaire.
J’ai beaucoup aimé ♥ comme j’avais aimé Les mangeurs de nuit.
Nous sommes faits d’orage / Marie Charrel – Editions Les Léonides – aout 2025 – 400 pages
En 2023, Cédric Sapin-Defour avait fait chavirer le cœur des lecteurices avec Son odeur après la pluie, son histoire d’amour avec Ubac, un bouvier bernois, mort en 2017 après 13 ans de vie commune. On ressort les mouchoirs avec Où les étoiles tombent ! Le 12 aout 2022, dans le nord de l’Italie, l’auteur et sa femme Mathilde, profs de sport au collège, sportifs aguerris, prennent leur envol du sommet de la Cima Henne (2474m). Le parapente est une passion qu’ils partagent, avec la randonnée, le ski, l’alpinisme… Mais ce jour-là, Mathilde est un peu réticente, Cédric l’encourage, tout va bien se passer. Pourtant Mathilde tombe du ciel, sa chute lui brise les os, endommage son cerveau. Conduite à l’hôpital de Bolzano, nul ne sait si elle se réveillera ni dans quel état. C’est ce lent retour à la vie que raconte l’auteur ; les heures d’attente, le soutien des proches, l’espoir, la culpabilité, le doute, et toutes les questions qui surgissent à propos de ce futur devenu incertain.
Cette fois encore, j’ai été gênée par l’écriture qui, à mon goût, manque de spontanéité, de simplicité. Comme dans Son odeur après la pluie, je me suis souvent perdue dans les méandres de phrases psycho-poético-egocentrées. J’ai même cru pendant plusieurs pages que Mathilde n’avait pas survécu, heureusement après relecture, je me suis réjouis de sa résurrection littéraire. Mais j’ai bien aimé la construction, où les chapitres qui racontent heure par heure l’accident le jour J, se mêlent à ceux, nombreux, qui parlent des jours qui suivent.
#Oùlesétoilestombent #NetGalleyFrance
Où les étoiles tombent / Cédric Sapin-Defour – Stock – aout 2025 – 396 p.
Philippa Motte dresse le portrait et le destin tragique de sa grand-mère, enfermée en hôpital psychiatrique sur seule décision de son mari Hector. Elle va y passer des années, séparée de ses enfants, de sa famille, emprisonnée, privée de toute liberté, à la merci des autres qui décident pour elle. Philippa dite Lili était une femme trop libre, trop vivante, trop exaltée pour son époque et pour son mari.
Une histoire bouleversante, une lecture dont on sort le cœur gros.
Le jour où ma mère m’a tout raconté / Philippa Motte – Editions Stock – mai 2021 – 224p
Avec Immortels, Camille Kouchner (La Familia Grande 2021) se lance dans la fiction et c’est réussi ! Avec une écriture sensible, agréable et fluide, elle nous transporte dans les souvenirs de sa narratrice dans le Paris bobo des années 80, 90.
De son lit d’hôpital où elle se réveille d’une mastectomie, la souffrance de K la ramène au manque de Ben. Ben, son frère, son meilleur ami, son jumeau, son double est mort. Nés tous les deux en 1975, à deux mois d’écart, de mères copines, bohèmes, féministes, libérées, qui partagent les mêmes idées, les mêmes idéaux, les mêmes combats, le même immeuble et l’éducation de leurs deux enfants. Ben et K grandissent soudés, heureux, libres et joyeux, loin des convenances, des contraintes, du corsetage social, souvent livrés à eux-mêmes, parfois malmenés par les adultes au nom de la liberté. Les pères existent mais sont absents et leurs interventions trop souvent maladroites et blessantes.
Mais bientôt l’adolescence rebat les cartes, les corps changent, les fréquentations et les aspirations aussi. Ben et K s’éloignent mais ne se perdent pas.
La lumière, l’insouciance de l’enfance comme une parenthèse enchantée « grandir à deux donne confiance, on partage tout, sans craindre le manque » écrit l’autrice non sans nous rappeler que dans l’enfance il y a aussi des blessures parfois infligées par les adultes et même les parents. Certaines scènes sont difficiles, d’autres émouvantes, les personnages sont très attachants et les portraits des parents très intéressants et plutôt justes, à peine caricaturés. C’est l’histoire d’un attachement entre deux êtres, un amour pur, total et innocent. Un amour d’enfance qui perdure malgré les obstacles.
Je dois avouer que j’ai dû lire ce roman pour le travail et que j’y allais à reculons, je n’ai pas lu La Familia Grande et la succincte et énigmatique quatrième de couverture ne me donnait pas du tout envie. Je suis très contente d’avoir découvert la plume de Camille Kouchner, et je lirai le prochain !
Immortels / Camille Kouchner – Editions du Seuil – avril 2025 – 208 pages
Aujourd’hui, je suis allée au cinéma voir un film documentaire. Par curiosité cinéphile et surtout parce que les photos de la fin du XIX°s me fascinent. J’adore observer les rues et leurs passants qui déambulent, s’affairent, les hommes en redingote discutent en maniant canes et hauts-de-forme. J’aime voir ces femmes avec leurs robes longues et leurs chapeaux parés de plumes et de rubans, les bébés dans les poussettes qui agitent des hochets, les enfants qui font tourner des cerceaux. Et ceux en guenilles qui passent rapidement, le dos courbé par de lourds paquets, le visage noirci de saleté ou de suie, n’ont pas de temps à perdre. Les voitures à cheval défilent anarchiquement dans les allées parisiennes toute crottées. Ces images me transportent et me bouleversent ! J’imagine les histoires que ces regards et ces sourires racontent ; certains heureux, joyeux, d’autres portant la misère, la colère. A chacun, je crée une petite vie, les tristes seront bientôt égayés et les pauvres enrichis. Je m’amuse de leurs mines étonnées, circonspectes quand ils découvrent la caméra, je les regarde moi aussi, intensément, ils font partie de moi, de nous. Et parfois même je pleure…
Film documentaire en salle mars 2025 – De Thierry Frémaux – 1h44
Un recueil de quinze nouvelles qui se passent sur Terre, dans un futur plutôt proche alors que la technologie inonde le monde. On y croise une galerie de personnages variés, certains qui s’accommodent, d’autres qui souffrent. Un point de vue pessimiste, absurde et un peu flippant parfois ; pas si loin de nous finalement.
Je n’ai malheureusement pas accroché, même si certaines histoires sont intéressantes et amènent le lecteur à s’interroger, l’écriture ne m’a pas plu, j’ai trouvé qu’elle manquait de relief. Un RDV manqué !
Le meilleur est à venir / Patricia Hespel – Editions Academia – janvier 2025 – 118 pages
J’adore aller au cinéma ! J’y vais seule, toujours dans le même, j’aime la grande salle en amphithéâtre, ses fauteuils et ses lourds rideaux d’un rouge sang profond. En général, nous sommes très peu nombreux, une douzaine de spectateurs pour une salle qui contient pourtant plus de 300 sièges. je lui suis fidèle, j’ai trop peur qu’il ferme un jour. J’y croise souvent des connaissances, des copines, certains lecteurs qui fréquentent la médiathèque où j’officie mais je ne les rejoins pas, je monte à ma place ; tout en haut, au milieu, bien en face de l’écran.
Je prends le temps de m’installer, j’apporte souvent un grand châle pour me couvrir, une petite bouteille d’eau, j’éteins mon téléphone, je desserre lacets et ceinture, je m’enfonce confortablement dans le siège et j’attends que les lumières s’éteignent.
Lorsque l’écran s’éclaire enfin, je pousse un soupir de bonheur.
J’aime beaucoup les bandes annonces, je me réjouis de programmer les films que j’irai voir bientôt. Je me désole si ces quelques minutes dévoilent tout, et je m’impatiente si les films ne m’intéressent pas. Le frisson revient lorsque le générique commence enfin, je suis alors hors du temps, happée par ce qui se joue en face de moi.
Lorsque le film est terminé, je reste jusqu’à la fin du générique. Je suis toujours impressionnée par le nombre de personnes qui travaillent sur un film et fascinée par tous les métiers qui défilent. Je sors en général la dernière, je suis heureuse, rarement déçue car je trouve toujours un petit truc qui m’a plu. J’ai quitté la salle une seule fois et je m’en suis voulu pensant que j’aurais pu faire l’effort ; effort que je ne fais pourtant pas avec les livres dont j’interromps la lecture assez facilement.
Ma séance préférée est celle du lundi 14heures. a une période, j’y allais, quel que soit le film qui se jouait. En arrivant, l’ouvreuse m’annonçait le titre, c’était devenu un jeu entre nous. Puis un nouveau travail, moins de temps. Puis le covid, la fermeture du cinéma et une reprise poussive, la suppression des séances en journée. Heureusement ma séance du lundi est revenue et le lundi est redevenu mon jour de congés.
Alors quand les planètes sont alignées, mon lundi après-midi est réservé !
Almah, vous la connaissez si vous avez lu Les déracinés, le best seller en 4 tomes de Catherine Bardon. Almah, une jeunesse viennoise, est le préquel (ou antépisode qu’utilisent nos amis québécois) de la grande saga familiale. On suit donc Almah de sa naissance dans une famille juive bourgeoise de Vienne, jusqu’à son coup de foudre pour un jeune journaliste viennois, 20 ans plus tard. L’enfance de Almah est heureuse, facile, pleine de tendresse auprès d’un père chirurgien réputé et d’une mère qui soigne sa mélancolie chez le docteur Freud. Musique, littérature, peinture, Vienne est une capitale en pleine effervescence artistique ces années-là, et on croise dans ce roman de nombreux noms illustres que la famille Kahn côtoie. Mais Vienne au début du XX°, c’est aussi un empire qui lutte pour garder une unité agonisante. Comme Almah et ses parents, on assiste à la montée de la haine contre les juifs, on traverse la première guerre mondiale.
Almah est une jeune fille intrépide, éprise de liberté dans une époque où les femmes sont corsetées, où le graal est de trouver un homme riche à épouser. Mais Almah fait fi des conventions, elle s’attarde à la terrasse des cafés, sort le soir, veut étudier et travailler, mais pas un de ces métiers féminins : bibliothécaire, enseignante, secrétaire où l’on cantonne les femmes. Elle sera dentiste et elle n’épousera pas Heinrich, son ami d’enfance, pourtant un des meilleurs partis de Vienne. Elle se mariera et vivra avec un homme qu’elle aimera. Le portrait d’une femme attachante, vive et enthousiaste. Comme l’écriture de l’autrice qui donne du rythme à cette lecture.
#Almah #NetGalleyFrance
Almah – une jeunesse viennoise / Catherine Bardon – Editions Les Escales – octobre 2024 – 192p
Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’une leucémie qui nécessite un don de moelle osseuse, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, modeste employé de cantine scolaire qui vit chez sa mère adoptive et joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique qui les lie. Thibaut voudrait réparer l’injustice du destin qui a fait adopter les enfants par des familles très différentes. Les deux garçons n’ont pas eu les mêmes chances, Thibaut voudrait aider Jimmy qui a, sans le savoir vraiment, des capacités musicales exceptionnelles. Jimmy se met alors à rêver…
Un joli film avec d’excellents acteurs ! La confrontation des deux mondes musicaux et sociaux est assez juste et les acteurs n’en font pas des tonnes, ils sont très crédibles. La maladie n’est pas vraiment le sujet du film, elle sert juste à réunir les deux frères que tout oppose, ce qui évite de tomber dans le drame. Un très bon moment de cinéma en musique ♥