Mimi lit Trois jours à Oran

Trois jours à Oran de Anne Plantagenet – Edition stock, 2014

3jàoranJ’ai toujours été attirée par les livres qui parlent du Maghreb en particulier, et de l’Afrique et l’Orient en général. Le titre de ce livre m’a donc interpellée : Oran une ville d’Algérie, Anne Plantagenet un auteur français…  De quoi cela pouvait-il bien s’agir ?

Ce livre est raconté à travers la voix d’une femme, fille et petite-fille de pieds-noirs, qui cherche une légitimité dans cette ascendance qui ne dit pas tout. Bercée par les histoires embellies que sa grand-mère lui racontait, elle comprend en grandissant que tout n’est pas si simple. Les pieds-noirs ne sont pas seulement les victimes qu’ils prétendent  être… Elle pense que cette ambiguïté dans laquelle elle a toujours vécu, a influencé ses choix. Arrivée à un tournant de sa vie, elle décide d’aller avec son père de l’autre côté de la rive, à Oran, le pays de sa grand-mère et celui de son père à la recherche de …quoi,  au juste ?

A travers quelques photos qu’elle décrit,  les souvenirs de famille et ce voyage,  Anne Plantagenet semble raconter sa propre histoire sans pour autant faire l’autopsie de ces relations très compliquées entre  les  pieds-noirs  et  l’Algérie.  Tout  au  long  de  ce  périple,  elle  nous  raconte  en  parallèle l’événement qui a bouleversé sa vie.

A l’exception de quelques clichés et raccourcis sur l’Algérie qui m’ont un peu gênée, ce livre raconte la souffrance des pieds-noirs qui parfois s’est transformée en racisme. Au-delà de la génération qui a vécu ce départ douloureux, j’ai pris conscience que leurs petits enfants aussi, qui n’ont jamais connu cette époque, portent en eux des traces ou -oserais-je- dire des séquelles et des questionnements, qui peut-être, façonneront leurs vies.

 

3 comments

  1. Bibis sur Tamise says:

    Effectivement, les enfants de pieds-noirs portent en eux ce déraciment. Je suis née en 63, et petite j’ai rêvé à ce pays de cocagne, mais à 11 ans la lecture d’un roman de Pearl Buck sur l’occupation japonaise en Corée m’a amenée à faire le rapprochement et à demander ce que faisait les Français en Algérie. A cet âge-là l’analyse des situations est sans nuance.
    Longtemps je me suis sentie un peu décalée en France,étrangère même si mes parents n’avaient pas d’accent, mais je me souviens que les jurons utilisés à la maison étaient bien plus colorés que ceux chez mes copines et que l’on passsait de l’arabe à l’italien,en passant par l’espagnol et le maltais.
    J’ai moi aussi émigré et paradoxalement, je ne me suis jamais sentie plus française qu’à l’étranger – par contraste sans doute.
    Je tiens cependant à souligner que ce sont mes parents qui m’ont appris la tolérance et l’ouverture sur les autres.
    Un ami de la famille, algérien et ancien ouvrier de mon grand-père m’a téléphoné ce WE, dévasté après avoir appris la mort de ma mère en septembre. Il habitait chez mon grand-père pendant un été et me portait sur ses épaules, pour aller à la plage. Ses enfants lorsqu’isl habitaient à Paris passaiet Noël chez nous.
    Il me propose comme il le fait depuis toujours de m’enmener visiter les lieux où habitait ma famille. C’est le dernier témoin mais j’hésite.
    Merci d’avoir partagé la revue de ce livre que je vais me procurer.

    • Lola says:

      Merci infiniment pour votre témoignage qui me touche particulièrement. Née d’une mère d’origine espagnole qui a quitté l’Algérie en 60 avec ses parents et ses frères et sœurs, je me souviens des visites chez mes grands parents maternels qui ne se sont jamais sentis chez eux à Argenteuil où ils avaient « atterri », ça parlait, ça chantait, ça rigolait en espagnol et en arabe. C’était un monde merveilleux et mystérieux pour moi, petite fille, ce « là-bas » cette Algérie décrite avec enthousiasme et nostalgie. Et puis j’ai grandi, j’ai posé des questions pour comprendre mais ils ont tendu une sorte de voile opaque sur cette période. Je me suis renseignée de mon côté et ce que j’ai trouvé était moins enchanteur, j’ai insisté et finalement l’incompréhension nous a éloignés.
      Depuis l’exil est un thème qui ne me laisse pas indifférente.
      Merci encore d’avoir partagé avec nous vos sentiments et merci à MIMI de nous avoir présenté ce livre
      A bientôt

      • mimi says:

        Bonjour Mesdames,
        Vos témoignages à toutes les deux sont bouleversants et m’ont beaucoup touchée. A chaque fois que j’ai eu l’occasion de rencontrer un pied noir, j’ai vu cette lueur qui brillait dans ses yeux lorsque nous évoquions l’Algérie. Je ne pensais pas qu’elle avait été transmise à leurs enfants et petits-enfants. Que vous dire… l’Algérie est un beau pays et les algériens continuent d’aimer et d’être profondément attachés aux français. Si vous vous décidez un jour à l’affronter, sachez regarder ce pays qui continuent à souffrir avec les yeux de l’indulgence et de l’amour.
        Encore Merci à vous deux pour cet échange.
        Mimi

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