En temps de guerre, à une période et un lieu non définis, mais pas très loin de nous.
Un porcelet fuit les bombardements et tente de survivre dans la forêt, chassé, poursuivi, blessé, meurtri, épuisé, il s’effondre dans un buisson où agonise un jeune garçon délirant de fièvre, blessé lui aussi par la guerre et couvert d’affreuses blessures infectées. Tous 2 veulent vivre et une lutte puissante entre les 2 corps s’engage, une lutte dont sort un être d’apparence humaine mais à l’esprit animal. Innocent, nu, surpris et heureux d’être en vie, l’enfant est bientôt recueilli par Ghirzal la vieille d’un village voisin. L’enfant pousse, il grandit dans le monde des hommes, tantôt dans la douceur et bienveillance, tantôt dans la méchanceté et la violence. Au contact des hommes, il perd son flair, sa force, son sens le plus développé, au profit du langage dans lequel il se jette pour tenter de comprendre le monde cruel, sale, laid et impitoyable des hommes.
Un roman magnifique, qui nous tient les yeux grands ouverts sur la folie des hommes. Il faut bien, dans ce monde de fou, comme Abel, nous accrocher à un regard, un rire, un geste, et nous sentir heureux d’avoir croisé un instant de bonheur. Un monde sur lequel nous ne pouvons fermer les yeux parce qu’il recèle bien des trésors, dans la nature évidemment mais aussi dans le cœur des hommes.
Lu après J’abandonne de Claudel, 2 romans terribles qui, paradoxalement, m’ont donné envie de vivre, de rire et de garder les yeux et le cœur ouverts sur la beauté du monde et la bonté des hommes. Sylvie Germain –Magnus / Hors champ– et Philippe Claudel, des auteurs que je chéris, parce que chacun de leurs romans me fait réfléchir, réagir, vibrer, vivre.
A la table des hommes / Sylvie Germain – Editions Albin Michel 2016 – 272p