L’abstinence sexuelle, voilà un sujet qui interpelle. Nous y avons tous, forcément, été soumis à des périodes plus ou moins longues de notre vie, puisque le célibat qu’il soit choisi ou contraint engendre une forme d’abstinence sexuelle. J’avais envie d’entendre la voix de ceux qui l’ont décidée plutôt que celle de ceux qui la subissent. Je voulais savoir si, comme la société nous le tambourine, une sexualité épanouie était un gage de bonheur. Peut-on être heureux sans sexe ? Je voulais savoir pourquoi on choisit de ne pas avoir de relations sexuelles, dans quel but, ce que cela apporte, physiquement, moralement, psychologiquement. Je voulais savoir comment on y revient, comment on s’y remet, gloutonnement, avec fougue, ou en retenue, timidement. J’avais, vous en conviendrez, beaucoup de questions.
Peut-être que j’aurais dû lire un Que sais-je. Car le livre d’Emmanuelle Richard n’a pas vraiment répondu à mes attentes. C’est un ensemble de témoignages d’anonymes que l’auteur a rangés par thèmes tels que Hors d’état, Carence à deux, Plaisirs solitaires… Chacun des 40 personnes s’est confiée, il/elle a raconté cette période d’abstinence sexuelle, et l’auteure conclut chaque thème par sa propre expérience et nous livre sa petite analyse. Mon impression générale est que, même lorsqu’elle est présentée comme choisie, l’abstinence sexuelle est subie, les abstinents seraient plus heureux avec une sexualité épanouie. Aucun n’a réussi à me convaincre à épouser cette cause. Mais la lecture de ces intimités, de ces secrets partagés est bouleversante, car certains textes sont d’une tristesse et d’une solitude absolues.
L’objet livre est particulièrement soigné et très agréable à manipuler ♥
Merci à Babelio et aux Editions Flammarion
Les corps abstinents / Emmanuelle Richard – Editions Flammarion – 2020 – 286 p


Si notre esprit survivait à notre mort ? S’il survivait juste 10 minutes et 38 secondes ? Serait-ce assez pour refaire le chemin de notre vie ? C’est là que nous conduit l’auteur, sur le chemin de la vie de Tequila Leila, prostituée découverte assassinée dans une poubelle d’Istanbul. On remonte le temps avec Leyla, la fillette éprise de liberté, courant dans la campagne les cheveux aux vents, fuyant les gestes abominables de son oncle, la sévérité de son père, la folie de sa tante. Puis son arrivée dans Istanbul, la Magnifique, ville pleine de promesses, dont Leyla, devenue Tequila Leila, ne connaîtra que les bas fonds. L’auteur égrène les minutes, les souvenirs. Les rencontres, les amis comme les 5 doigts de la main devenus sa véritable famille, l’amour aussi, sur fond d’événements historiques. Les dernières minutes de Leyla dans ce monde étrange, celui bizarre entre la vie et la mort mais aussi celui anormal où les femmes subissent toujours la domination masculine.
Le champ, c’est le cimetière de Paulstadt, une petite ville inventée par l’auteur autrichien Robert Seethaler qui fait, ici, parler les morts. Chacun raconte une anecdote, une infime partie de sa vie, des secrets, des espoirs, comme des confessions parfois très courtes, parfois plus longues. Certains se connaissaient bien, d’autres moins, mais tous parlent d’eux, de leur petite ville, et de leur époque. Un roman qui se lit dans le silence, j’avais l’impression que ces mots étaient chuchotés, juste pour moi. J’ai reçu ces souvenirs, ces aveux, avec beaucoup d’humilité et de recueillement. Un roman magnifique que j’ai adoré ! Toute comme 
Un film documentaire de Denis Parrot qui, après avoir visionné près de 1200 vidéos de « coming out the closet » sur Youtube, décide d’en monter certaines pour faire un film. On voit donc 19 jeunes filles et garçons, se filmer lorsqu’ils annoncent à leurs parents leur homosexualité. Les réactions sont diverses mais dans l’ensemble plutôt bienveillantes, même si au milieu du film, une mère réagit violemment, renie son fils, l’insulte et le met à la porte. C’est d’une violence inouïe !
J’ai trouvé ce roman fort intelligent. Il démarre sur le baiser d’une petite sonneuse de cloches à François René Chateaubriand en 1792, dans la cathédrale de Westminster où il s’était laissé enfermé par mégarde. Chateaubriand troublé par ce baiser qui l’obsède décide de retrouver la petite sonneuse qui est partie sans un mot.
Rosario a 15 ans, il vit avec ses parents à Palerme. Son père traficote des produits dopants et trompe sa femme, qui s’ennuie. Élève brillant, il choisit de quitter son quartier malfamé dans lequel il ne s’est pas adapté, pour un lycée dans le centre, plus aisé, de Palerme. Mais là aussi, les amitiés sont rares et Rosario peine à trouver sa place. Rosario était le prénom du père de sa mère qui a lutté contre son mari pour le lui faire accepter. Lui aurait préféré Jonathan, tellement plus moderne. Dans ce prénom, il y a un héritage footballistique puisque le grand père était gardien de but, alors Rosario joue au foot. C’est dans le stade qu’il croise des filles et des garçons, qu’il joue sa vie d’ado tout en se répétant sa devise Iu un mi scantu di nenti e di nuddu, « je n’ai peur de rien ni de personne ».
Après
Trois jeunes cambrioleurs trouvent refuge dans une vieille boutique à l’abandon, le bazar Namiya. Autrefois le propriétaire répondait aux lettres qu’on lui déposait en tentant de venir en aide à ceux qui le sollicitaient. Les trois jeunes reçoivent une de ces lettres écrite 32 ans plus tôt et y répondent.