Lola lit La ville orpheline

lavilleorphelineÉté 1972, Aphrodi et son mari Savvas Papacosta terminent les préparatifs de l’inauguration de leur superbe hôtel fraîchement construit, le Sunrise, le plus grand et luxueux palace de Famagouste, une ville balnéaire située sur la côte Est de l’île de Chypre. Dans le sous-sol, se cache le principal atout de l’hôtel, le Clair de Lune, une boîte de nuit tenue par Markos, le bras droit de Savvas. En ce début de roman Aphrodi n’apprécie pas Markos, elle jalouse la relation de confiance qui lie les deux hommes et se sent tenue à l’écart des décisions, elle est désagréable voire méprisante et lui, bien qu’admirant la beauté de sa patronne, garde ses distances. Jusqu’au jour où Savvas trop occupé par le chantier de construction d’un nouvel hôtel, confie à son bras droit la responsabilité du Sunrise aux côtés de sa femme. Là, la belle Aphrodi tombe sous le charme du beau Markos et crac ! c’est dans la boîte ou plutôt dans les somptueuses literies des suites magnifiques du sunrise, où ils vivent leur liaison passionnée en secret. Mais la situation politique est très instable et un putsch militaire déstabilise l’Île, la plongeant dans le chaos. Aphrodi doit fuir avec son mari, et laisser son amant gérer leurs affaires. Mais alors que tous les habitants ont quitté Famagouste, deux familles se cachent dans les décombres, les Ozkan, des chypriotes turcs qui attendent le retour de leur fils Ali, et les Georgiou, des chypriotes grecs qui attendent eux aussi leur fils Christos.

Dans ce dernier roman de l’auteur comme dans L’Île des oubliés, j’ai trouvé très intéressante la toile de fond, j’ai appris pas mal de trucs sur le conflit chypriote. C’est un livre assez agréable à lire et très vivant, mais que la couverture est moche !


La ville orpheline / Victoria Hislop – Les Escales 2015 – The Sunrise 2014 – 359p

Lola lit Today we live

todayweliveMême si dès le début du roman j’ai été gênée par le choix du registre de langue, que les sentiments prêtés à la petite fille m’ont semblé impropres, que le tout m’a paru bien peu crédible, je n’ai pas abandonné et je ne suis pas déçue.

Encore un roman qui parle de la guerre, ou plutôt qui se passe pendant la guerre ou plus exactement à la fin de la guerre, décembre 1944, dans les Ardennes. Mais cette fois-ci, les méchants ne sont pas forcément ceux qu’on a l’habitude de désigner. Ici, le gentil pourrait être Mathias, cet officier SS surentraîné, infiltré, espion, exécutant les ordres, même les plus abjects, avec sang froid, sans état d’âme, mais qui, au moment de tirer une balle dans la tête de Renée une petite fille juive orpheline de sept ans, détourne son arme et choisit d’éliminer un soldat allemand. Mathias et Renée prennent la fuite ensemble, se cachent, s’attachent et traversent ensemble la fin de la guerre. Et nous aussi on s’attache, on y prend goût à cette relation d’amour qui se construit.

Un roman construit comme un film, et c’est normal puisque ce livre était d’abord un scénario travaillé à quatre mains par Emmanuelle Pirotte et son compagnon Sylvestre Sbille, avant qu’elle n’en fasse un roman.


Today we live / Emmanuelle Pirotte – Editions du Cherche midi  2015 – 238p

Yaki lit L’héritière

lheritiere2001, au Danemark. Charlotte Damgaard, jeune mère de jumeaux, prépare les valises pour suivre son mari Thomas en Afrique pour 2 ans après avoir démissionné de son poste dans une ONG dédiée à l’environnement. Mais voilà qu’elle reçoit un appel du premier ministre qui lui propose le poste de ministre de l’environnement, un poste qui ne se refuse pas vraiment ! Tant pis ils n’iront pas en Afrique cette fois-ci. Si les premiers jours sont plutôt idylliques pour Charlotte, Thomas lui se sent assez vite à l’écart. Charlotte se retrouve vite prise dans la tourmente médiatique, tiraillée entre ses nouvelles responsabilités et sa vie de famille.

J’ai beaucoup aimé ce roman politique, son intrigue, son écriture et sa construction. Malgré ses 608 pages et son sujet de prime abord pas vraiment léger, je ne me suis pas ennuyée une seule seconde. J’ai apprécié de suivre les changements dans la vie de Charlotte à partir du moment où elle devient une femme publique et où toute vie privée devient impossible. J’ai d’abord eu de la sympathie pour elle, puis un léger mépris quand j’ai compris que le « pouvoir » lui montait à la tête avant de m’y attacher à nouveau quand j’ai compris que malgré tout elle restait fidèle à ses convictions.

J’ai aimé la suivre dans son quotidien et voir à quel point le fait de devenir ministre changeait sa vie de mère et de femme. C’est très réaliste et le fait que ça se passe au Danemark ne change rien à l’intérêt du roman. C’est sans doute pareil dans tous les pays fonctionnant de cette manière, y compris dans notre pays avec lequel j’ai trouvé des similitudes.

Le fait que le ministère choisi par l’auteur soit celui de l’environnement est également très intéressant. Même si certains faits sont un peu datés, les thèmes restent d’actualité et sont vraiment bien traités.

Enfin, je me suis attachée aussi aux personnages secondaires, ceux qui sont dans l’environnement immédiat de Charlotte comme ceux qui en sont plus éloignés. Ils sont dépeints pour certains par petites touches disséminées dans le roman, ce qui lui donne un certain rythme.

J’ai dévoré ce roman.


L’héritière / Hanne-Vibeke Holst – Ed. Pocket – 608 p.

Lola lit Pietra viva

pietra-vivaPrintemps 1505, Michelangelo Buonarroti ne peut supporter de voir le corps sans vie du jeune moine à la beauté éclatante. Bouleversé, il profite de la commande de Jules II, un projet grandiose, pour fuir Rome et la mort d’Andréa qu’il ne comprend pas. Il part donc choisir le marbre du tombeau du Pape à Carrare où il va partager six mois durant la vie des carriers, les travailleurs du marbre Giovani, Topolino, Cavallino…  L’artiste est revêche, hautain, il rejette violemment Michele un petit garçon qui vient de perdre sa maman. Les souvenirs remontent, enfant Michelangelo a, lui aussi, perdu sa mère. La vie dans la carrière, la compagnie de gens simples, l’affection de ce petit garçon vont finalement avoir raison de sa solitude.

J’ai retrouvé Amours dans Pietra viva ; l’écriture simple, douce, délicate, poétique de Léonor de Récondo. Pourtant comme dans Amours, les thèmes sont graves, mais on se laisse porter, on s’abandonne tranquillement, c’est une sensation de plénitude assez étrange mais plutôt agréable.


Pietra viva / Léonar de Récondo – Editions Sabine Wespieser 2013 – 225p

Lola lit les derniers jours de Stefan Zweig

Laurent Seksik c’est Le cas Eduard Einstein et L’exercice de la médecine que j’ai beaucoup, beaucoup aimés ET Stefan Zweig est l’un de mes auteurs préférés.

Alors évidemment Les derniers jours de Stefan Zweig racontés par Laurent Seksik, j’étais impatiente.

L’histoire, on la connait : Stefan Zweig, a fui l’Allemagne dès la montée du régime d’Hitler. L’Angleterre d’abord où il rencontrera la jeune et éperdument amoureuse Lotte, qu’il épousera après s’être séparé de sa femme Friedricke. Les Etats-Unis ensuite, qu’il quittera aussi pour finalement se réfugier à Petropolis au Brésil. Laurent Seksik nous raconte ses derniers mois, où ballotté entre l’envie d’écrire, d’oublier le passé, de vivre enfin, il est rattrapé par ses vieux démons qui le tirent vers le vide. Pour quitter enfin ce monde de fous, il met fin à ses jours entraînant Lotte dans son suicide.

Stefan Zweig dessiné par Alison Thirion http://cargocollective.com/alisonthirion

Stefan Zweig dessiné par Alison Thirion http://cargocollective.com/alisonthirion

Je dois dire que, sans être vraiment déçue, ce n’est pas mon préféré, j’en attendais peut-être trop. Je le relirai plus calmement. En attendant, je vais essayer la version BD de l’auteur avec Guillaume Sorel aux dessins.

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Lola lit Le chat andalou

lechatandalouUn jour, le narrateur décide de tout quitter ; son appartement, son travail, sa fille, son ex-femme Karolin, Berlin sa ville, l’Allemagne son pays. Après s’être débarrassé de ses quelques meubles, il poste ses lettres de résiliation, met les clefs sous la porte et part vers le sud. Il cherche un endroit « chaud en hiver, bon marché et accessible par voie terrestre ». Au terme de son voyage hasardeux, il pose ses valises à Cabo de Gata, un parc naturel, situé dans la Province d’Almeria en Andalousie au bord de la Méditerranée. Il s’installe dans une pension de famille, et tente de se mettre à l’écriture d’un livre.

Quand je lis les critiques des magazines allemands, je me demande si nous avons lu le même livre. Je n’ai trouvé ni magie, ni gaieté, ni humour, ni tendresse… je me suis ennuyée et si je n’avais pas eu à le lire pour un comité, j’aurais interrompu ma lecture dès les premières pages. un problème de traduction, peut-être, qui n’a pas réussi à « rendre » le talent de l’auteur.

L’histoire repose sur le narrateur dont on ne sait rien, et qui a assez peu d’intérêt, on ignore ce qu’il fuit, les raisons de son départ, et aucun élément ne nous permet de le deviner. Les personnages secondaires sont inconsistants et n’ont pas de place dans l’histoire. Les descriptions sont fades, il manque le contraste entre le monde qu’il fuit et celui qu’il rejoint. Et pour finir la langue est commune, sans richesse.

Bref, il y a bien plus intéressant à lire en ce moment !


Le chat andalou / Eugen RUGE – Editions Les Escales 2015 – titre original Cabo de Gata (2013)-148p

Lola lit La fille du train ♥

la-fille-du-trainLa fille du train c’est Rachel qui, au cours de l’été 2013, tous les matins et tous les soirs, fait le même trajet en train pour rejoindre Londres. Assise près de la fenêtre, des canettes de Gin Tonic à portée de main, elle regarde les maisons et les jardins le long de la voie ferrée et invente des vies aux gens qu’elle aperçoit. Elle s’est particulièrement attachée à un jeune couple, Jess et Jason, ils sont beaux, ils sont amoureux, ils ont un joli jardin. Elle partage leur quotidien derrière la vitre de son wagon, elle envie leur bonheur. Elle que Tom son mari a quitté pour Anna. Elle qui depuis se sent si misérable, et qui tente d’oublier son chagrin et la vacuité de son existence dans l’alcool.
Pourtant le jour où elle apprend en lisant le journal que Meghan, sa Jess, a disparu, son monde s’écroule et elle trouve des ressources pour essayer de comprendre.
Qui sont réellement Meghan et Scott, sûrement pas le couple parfait qu’elle avait imaginé.
Quel est le rôle du docteur Kamal, le beau et ténébreux psy de Meghan.
Pourquoi Anna et Tom ne quittent-ils pas cette maison ?
Les personnages se croisent, les liens s’emmêlent et les relations se brouillent. L’affaire se complique, la confusion règne pour Rachel qui multiplie les maladresses.

L’histoire est racontée des trois points de vue féminins ; Rachel, Meghan puis Anna. C’est une lecture très agréable, les personnages sont intéressants, l’intrigue plutôt bien ficelée et le suspens nous maintient jusqu’au bout dans le trouble.


La fille du train / Paula Hawkins – Editions Sonatine 2015 – titre original The Girl on the Train – 380p

 

Lola lit Et tu n’es pas revenu

marcelineEn mars 1944, alors qu’elle n’a que 15 ans, Marceline Rosenberg est arrêtée avec son père à Bollène, dans le sud de la France. Internés d’abord à Avignon, à Marseille puis à Drancy où ils prennent le convoi 71 du 13 avril 1944, en direction d’Auschwitz-Birkenau, chacun dans un camp. C’est pourtant grâce à son père que Marceline va survivre plusieurs mois à l’horreur, grâce à un petit mot qu’il va réussir -par quel miracle ?- à lui faire passer, quelques phrases qu’elle a oubliées, dont elle est seulement sûre de 2 lignes « Ma chère petite fille » et « Schloïme » sa signature.
En 1945, Marceline fait partie des rescapés des camps de la mort, elle rentre chez elle dans le sud, elle rejoint sa mère et ses frères et sœurs qui ont eu la chance d’échapper aux arrestations, elle espère y retrouver son père, ce père dont tous attendaient le retour, ce père qui n’est pas revenu. Ce qu’elle a vécu fait d’elle une étrangère dans sa propre famille, « Ne leur raconte pas, ils ne comprennent rien. » lui dit l’oncle Charles, survivant lui aussi.

Comment se réinstaller dans la vie quand elle a joué un si sale tour ? Est-ce seulement possible ?
Un texte court, intense, bouleversant, une lettre d’amour à ce père disparu.


Et tu n’es pas revenu / Marceline Loridan-Ivens – Éditions Grasset 2015 – 107p

Lola lit L’exercice de la médecine

Voilà ! Tout est dit, ou presque… puisqu’il ne peut pas dire que son roman est génial, qu’il faut absolument le lire. Tout comme Le cas Eduard Einstein que j’avais adoré et Les derniers jours de Stefan Zweig. Les histoires de Laurent Seksik sont passionnantes, les personnages attachants, la langue est belle. Des livres qu’on n’a pas envie de finir mais qu’on se presse de lire, on voudrait que l’auteur nous raconte encore, qu’il ne s’arrête jamais. Comme ces films dont on ne voudrait pas voir apparaître le générique de fin !


L’exercice de la médecine / Laurent Seksik – Editions Flammarion 2015 – 339p