Yaki lit Le voyant

Le voyant / Jérôme Garcin, Ed. Gallimard, 192 p.

levoyantJacques Lusseyran, né en 1924 et mort à 47 ans, est un personnage oublié de notre histoire et pourtant  quelle destinée étonnante ! A 8 ans, le jeune Jacques, bousculé par ses camarades d’école, tombe sur le coin d’une table, il ne reverra plus jamais. Ses parents auraient pu le confier à une école spécialisée mais sa mère le prend en charge, tous les deux ils apprennent le braille et Jacques peut ainsi retourner dans une école classique avec une machine à écrire le braille. Dès son enfance, Jacques doit faire preuve d’un courage et d’une volonté hors du commun, deux traits de caractère qui le poursuivent quand la deuxième guerre mondiale éclate. Jacques est alors étudiant mais suite au décret de Vichy qui exclue, entre autres, les handicapés des établissements scolaires il est déscolarise. Qu’à cela ne tienne, Jacques avec d’autres élèves va créer un mouvement de résistance, les Volontaires de la liberté. Ses activités de résistance le conduiront à être déporté à Buchenwald, déportation dont il ne sortira pas indemne. Jacques Lusseyran aura 3 épouses et certainement bien d’autres conquêtes, il croisera sur sa route des personnages surprenants. Et malgré sa résistance active il sera oublié, et quand il décède dans un accident de voiture en France, après avoir passé quelques temps à Hawaï, le journal titrera simplement « un Haïwien décède en France ».

Jerome_GarcinJérôme Garcin réalise dans son roman bien plus qu’une biographie. Il nous donne à voir le destin fascinant d’un homme qui en 47 ans aura vécu bien plus d’une vie. On peut cependant regretter que l’auteur reste un peu trop en surface, ce qui donne au lecteur l’impression de rester extérieur au récit. Mais ce roman donne vraiment envie de s’arrêter sur l’histoire de Jacques Lusseyran et de se pencher sur ses écrits.

A découvrir.

http://www.gallimard.fr/Media/Gallimard/Entretien-ecrit/Entretien-Jerome-Garcin.-Le-voyant

http://www.lefigaro.fr/livres/2015/01/15/03005-20150115ARTFIG00019-jacques-lusseyran-l-aveugle-clairvoyant.php

Yaki lit La Maison-Guerre

La Maison-Guerre / Marie Sizun, Ed. Arlea, 267p., 20€, ISBN : 978-2363080707

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La Maison-Guerre c’est le nom que Marie a donné à la maison dans laquelle elle a passé plusieurs mois quand elle était enfant pendant la deuxième guerre mondiale. Sa mère, Véra, l’y a déposée un jour de juin en lui disant qu’elle y serait en sécurité. Dans cette maison, elle est accueillie par tante Mathilde, tante Gabrielle, oncle Albert et la « vieille dame ». Les premiers mois sont rythmés par les lettres ou les visites, toujours courtes, de Véra. Marie est plutôt heureuse dans ce cocon, mais elle essaie de comprendre les bribes de conversation qu’elle entend quand les adultes pensent qu’elle n’est pas là. Sa mère ne vient plus, son père qu’elle ne connaît pas est prisonnier de guerre… Que peut-on comprendre de tout ça quand on a 4 ou 5 ans ?

Le roman est composé de deux parties, la première partie relate les mois passés dans la Maison-Guerre. Dans cette partie, Marie Sizun mêle la troisième personne du singulier avec le « tu », ce qui peut être parfois déroutant. La deuxième partie raconte la fin de la guerre, le retour du père, les recherches infructueuses de la mère.

Un avis plutôt mitigé pour ce roman. La première partie m’a paru un peu trop longue, lente, à la mesure de la langueur des journées d’enfant de Marie, mais en même temps le lecteur s’attache à cette petite fille qui ne comprend pas grand chose du monde des grands. La deuxième partie plus courte m’a touchée, j’ai aimé le regard porté sur cette enfant puis cette adolescente qui grandit avec l’absence de la mère et les questions sans réponse.

Yaki lit Blue book

Blue book / Elise Fontenaille-N’Diaye, Ed. Calmann-Levy, 220 p., 17€, ISBN : 978-2702144121

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Elise Fontenaille est un auteur que j’apprécie beaucoup, ses romans me touchent parce qu’elle a l’art et la manière d’écrire avec beaucoup de sensibilité, elle part d’un fait réel et créé une atmosphère autour. Mais son dernier livre Blue book n’a rien d’une histoire inventée, vraiment rien d’un roman ! Il s’agit du récit d’un génocide oublié et même caché, celui des peuples Hereros et Namas en Namibie au tout début du XXème siècle, avant l’arrivée du nazisme en Allemagne, un génocide qui préfigurait déjà des atrocités qui allaient être commises pendant la seconde guerre mondiale. En effet, ces tribus ont été persécutées, massacrées, internées dans les tout premiers camps de concentration, sous prétexte qu’il s’agissait de races “inférieures”. D’ailleurs certains futurs nazis étaient présents lors de ces exterminations (comme le docteur Eugen Fischer, théoricien de la «dégénérescence de la race blanche», dont Hitler lira plus tard en prison l’ouvrage tiré de ses travaux en Namibie).

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Elise Fontenaille-N’Diaye, lors d’une enquête qu’elle faisait sur son aïeul le général Mangin*, a trouvé un rapport officiel dans une bibliothèque universitaire à Pretoria, le Blue book, sur ces massacres. Ce rapport a été rédigé par un jeune juge anglais, Thomas O’Reilly, qui a recueilli des témoignages édifiants. Cet homme est apparemment décédé en 1919 de la grippe espagnole. Sa disparition a été bien utile à l’Allemagne et à l’Angleterre, l’Allemagne ayant demandé à l’Angleterre de faire disparaitre ce rapport en échange de son silence sur des agissements guère plus reluisants de l’Angleterre. Elise Fontenaille-N’Diaye se devait de témoigner à son tour.

Un récit poignant donc ! A lire absolument !

*Charles Mangin, né à Sarrebourg le 6 juillet 1866 et mort à Paris le 12 mai 1925, est un général français. Convaincu de la valeur des troupes sénégalaises, c’était un partisan ardent d’une armée africaine, la « force noire », plus nombreuse et plus puissante, au service de la France. Mangin tel qu’il était, adoré ou détesté, a incarné le type de l’officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements. (Wikipédia)

http://www.liberation.fr/livres/2015/01/14/la-colonie-genocidaire_1180716

Yaki lit Marée d’équinoxe

maréeOlivia Rönning est une jeune élève de l’Académie de police, elle suit les traces de son père décédé quelques années plus tôt. Leur professeur leur propose de choisir un « cas » non élucidé et de voir si les nouvelles techniques d’enquêtes pourraient permettre d’avoir de nouvelles pistes. Olivia choisit une enquête à laquelle son père a participé. Il s’agit d’un meurtre atroce commis il y a vingt ans sur une jeune femme enceinte, enterrée vivante dans le sable et noyée par la marée montante. Seul un jeune garçon a été témoin du meurtre mais l’enquête n’a jamais pu être résolue, personne n’ayant jamais signalé la disparition de la jeune femme. Olivia cherche à prendre contact avec un autre flic, Tom Stilton, qui avait mené l’enquête avec son père mais ce dernier a disparu.
En parallèle, la police est amenée à enquêter sur des jeunes qui tabassent des SDF et mettent les films de ces SDF battus sur Internet.
Marée d’équinoxe est un très bon roman policier, avec une vraie intrigue bien faite, qui se tient de bout en bout malgré les nombreux croisements entre différentes enquêtes et personnages. Les rebondissements sont toujours crédibles. Les héros changent des enquêteurs habituels et ont des personnalités vraiment très intéressantes et bien vues. En filigrane, on découvre une Suède particulièrement violente.
J’ai beaucoup aimé ! Et j’ai hâte que la suite soit traduite…

Marée d’équinoxe / Cilla et Rolf Börjlind, Ed. Seuil 2014, titre original Springfloden, 466 p.  

Lola lit Autour du Monde

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Ce livre pourrait être un recueil de nouvelles. Parce qu’il décrit des tranches de vie de personnes différentes, sur chacun des continents, à un moment très précis, le 11 mars 2011 où le tsunami le plus monstrueux jamais enregistré a endeuillé le Japon. Des tranches de vie plus ou moins longues, plus ou moins intéressantes, plus ou moins riches, qui s’enchaînent sans autre point commun que cette actualité, il n’y a pas d’autre lien.

Le roman s’ouvre sur la romance de Yûko, une jeune japonaise déjantée et Guillermo un jeune mexicain qui parcourt le monde. Ils vont passer quelque temps dans une petite maison de pêcheur au nord du Japon, dans le village qui sera le premier englouti par la vague. Puis les histoires se succèdent, sans interruption, il n’y a pas de chapitres entre les histoires, les phrases sont longues, longues, certaines interminables ; difficile de reprendre son souffle, de faire une pause pour réfléchir un peu à ce qu’on a lu, parce qu’on ne sait jamais à quel moment on va changer de continent.

Chaque histoire a une ambiance bien à elle, c’est ce qui fait, à mon avis, la richesse de ce roman. Ma préférée est celle d’Ernesto et Giorgio, deux octogénaires qui décident d’aller tenter leur chance au casino, une belle histoire d’amitié, j’ai bien aimé celle un peu angoissante des frères Vince et Mitch.

J’ai lu aussi Dans la foule du même auteur où il est question du drame du Heysel, en Belgique. Il semblerait que la fragilité de la vie soit un thème qui inspire Mauvignier.


Autour du monde / Laurent Mauvignier – Éditions de Minuit 2014 – 384 p.


 

En lien avec l’auteur et son oeuvre

http://www.franceculture.fr/emission-les-bonnes-feuilles-laurent-mauvignier-autour-du-monde-2014-07-24

http://bibliobs.nouvelobs.com/rentree-litteraire-2014/20140911.OBS8948/laurent-mauvignier-autour-du-monde.html

http://www.lefigaro.fr/livres/2014/09/04/03005-20140904ARTFIG00029–autour-du-monde-de-laurent-mauvignier-vague-et-ressac.php

http://www.boursorama.com/actualites/voyage-autour-du-monde-avec-laurent-mauvignier-9603500c1c0498b458e3a8462504fc39


 

En lien avec le Tsunami

http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9isme_de_2011_de_la_c%C3%B4te_Pacifique_du_T%C5%8Dhoku

http://www.lemonde.fr/planete/article/2011/03/11/alerte-au-tsunami-apres-un-seisme-d-une-magnitude-de-7-9-au-japon_1491449_3244.html

http://www.notre-planete.info/actualites/actu_2755.php

Yaki lit Danser les ombres ♥

Danser les ombres / Laurent Gaudé, Ed. Actes Sud, 249 p.

gaudeJanvier 2010 à Haïti, Port-au-Prince. Lucine revient dans sa ville après avoir passé plusieurs années à s’occuper de sa jeune sœur Nine et des enfants de celle-ci. Nine vient de mourir et Lucine revient annoncer au père d’un des enfants la nouvelle afin qu’il participe à la vie de son fils. Saul n’a jamais terminé ses études de médecine parce qu’il n’a pas réussi à surmonter l’échec du soulèvement populaire de 2004 et surtout l’assassinat de sa demi-sœur. Firmin, chauffeur de taxi, et ancien tonton macoute végète. Lily, une jeune américaine, atteinte d’une maladie grave, a souhaité venir vivre ses derniers jours à Port-au-Prince. Il y a aussi les jeunes élèves infirmières, le vieux Tess qui tenait autrefois une maison close et d’autres encore. Tous ces personnages se croisent, se haïssent, certains vont s’aimer, commencer à se reconstruire. Jusqu’au moment où, à la moitié du roman, tout bascule, le moment où « sans que rien ne l’annonce, d’un coup, la terre, subitement, refusa d’être terre, immobile, et se mit à bouger ». Les destins de ces personnages que nous avons accompagnés sont alors irrémédiablement chamboulés.

L’auteur décrit avec merveille Haïti, pays dans lequel l’Histoire et les anciennes luttes contre le pouvoir sont toujours omniprésentes, tout comme la culture vaudou avec la peur des esprits, le respect des traditions. Il décrit tout aussi bien le terrible tremblement de terre, les minutes puis les jours qui ont suivi. On s’y croit, on y est. La fin, bien que déconcertante de premier abord, est fidèle au reste du livre, belle, poétique, touchante. En résumé, un roman réussi, plein de sensibilité avec une belle écriture et une jolie musicalité des mots.

Un bel hommage à Haïti. Un coup de cœur.


 

Un article sur le livre : http://culturebox.francetvinfo.fr/livres/romans/danser-les-ombres-hommage-lyrique-de-laurent-gaude-a-la-terre-dhaiti-209267

Un lien pour avoir quelques dates clés de l’histoire d’Haïti : http://www.collectif-haiti.fr/histoire-dhaiti.php

Un 2ème qui résume bien aussi l’histoire de ce pays : http://www.telerama.fr/idees/haiti-c-est-une-longue-et-terrible-histoire,51608.php

Haïti 5 ans après : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1305076-haiti-5-ans-apres-le-seisme-les-plus-demunis-souffrent-toujours-la-reconstruction-tarde.html

 

Lola lit La dernière lettre de son amant ♥

la-derniere-lettreEncore une belle histoire d’amour que nous propose Jojo Moyes. Une double histoire même, celle d’Ellie, une jeune journaliste d’aujourd’hui et celle de Jennifer, dans les années 60, l’époque où on se mariait utile, où vivre ses émotions était assez mal vu, où la rigueur était de mise, où le rôle principal d’une femme était d’être une bonne épouse et la meilleur maîtresse de maison du quartier.

Ellie doit écrire un article sur l’évolution de la femme depuis les années 60. En farfouillant dans les archives, elle tombe sur une lettre d’amour magnifique, et décide de réécrire l’histoire. Ses recherches lui permettent de trouver des indices et surtout l’amènent à s’interroger sur sa propre vie et la relation insatisfaisante qu’elle entretient avec le sublime John, écrivain à succès mais marié et père attentionné.

Parallèlement, on découvre l’histoire de Jennifer qui, victime d’un accident de la route, se réveille amnésique et redécouvre les mystères de son ancienne vie. Qui est le mystérieux R qui lui a écrit ces lettres si passionnées ? Fait-il partie de leur cercle d’amis ? Que s’est-il passé avec Philip, son mari si distant ? Pourquoi sa mère élude ses questions sur l’accident ?

Un livre qu’on lit d’une traite. Alors oui bien sûr, on est loin du roman coup de poing, celui qui colle la chair de poule, empêche de dormir, qui fait réfléchir. Oui, les livres de Jojo Moyes nous font faire de jolis rêves. Alors oui, on serait tenté de les qualifier de romans à l’eau de rose mais pourtant non, pas de mièvrerie, de sensiblerie, les histoires de Jojo Moyes ne sont ni fades, ni insipides, bien au contraire elles sont rythmées, riches en rebondissements et les personnages ont de sacrés caractères. Et de temps en temps, ça fait du bien de lire une romance, surtout quand elle est bien écrite.


La dernière lettre de son amant / Jojo MOYES – Editions Milady 2014 – titre original The Last Letter From Your Lover – 512p

 

 

Yaki lit Trompe la mort

Trompe-la-mort / Jean-Michel Guenassia, Ed. Albin Michel, 388 p.
TROMPE_LA_MORT_couv.qxp_RL_140x205Thomas Larch, Tom ou Tommy pour ses proches, a la particularité de rester vivant lors d’accidents qui pour tout autre que lui seraient mortels. Le roman commence d’ailleurs par « Je suis mort le jeudi 5 février à 7h35 du matin. Je ne sais pas si j’ai été tué alors que l’hélicoptère était en vol ou lorsqu’il s’est écrasé au sol. Personne n’a été capable de me le préciser. », avant de nous embarquer dans l’histoire picaresque de ce héros atypique. Tom est né en Inde d’une mère indienne et d’un père anglais, ingénieurs tous les deux. Mais en Inde, les mariages arrangés sont les seuls acceptés par la famille et la mère de Tom est complètement rejetée par sa famille. Qu’à cela ne tienne ! les deux amoureux se marient et de cette union naît Tom. Tom est élevé par Danhya, sa nounou, à qui il est très attaché, jusqu’à ce que sa mère tombe malade. Pour qu’elle soit correctement soignée, la famille déménage à Londres. C’est le premier chamboulement pour Tom, et non des moindres !, Londres étant une ville triste et maussade quand l’Inde est un pays ensoleillé, chaleureux et coloré. Le récit est partagé par périodes : l’enfance de Tom à Dehli, son adolescence à Londres et l’événement dramatique qui bouleverse sa vie, sa carrière dans l’armée anglaise et ses missions en Irak, sa vie d’homme de nouveau à Londres et enfin son retour en Inde pour raisons professionnelles, mais pas que.
Comme dans ses précédents romans, Jean-Michel Guenassia, balaie les périodes et les lieux et c’est encore une fois prenant et réussi. Son personnage principal est vraiment attachant. Les personnages secondaires, comme toujours ont une vraie place dans l’histoire. L’écriture est agréable, le portrait de l’Inde est réussi, les descriptions sont réalistes. Même si certains passages me paraissent un peu exagérés et si mon roman préféré de Guenassia reste  »La vie rêvée d’Ernesto G », j’ai encore une fois passé un bon moment de lecture !

Lola lit la vie rêvée d’Ernesto G. ♥

ernestoJoseph Kaplan fils, petit-fils, arrière petit-fils, 10 générations de médecins pragois réputés voit le jour au début du siècle passé en Tchécoslovaquie.  Son aventure s’achève en 2010 alors qu’il fête ses 100 ans. L’excellent livre de J.M Guenassia retrace sa vie, ses joies, ses peines, au gré de ses rencontres entre Prague, Paris et Alger, et sa passion pour le chanteur Carlos Gardel et le tango argentin. De son mariage tardif, naîtront deux enfants ; Martin dont il sera privé rapidement et Helena qui passera sa vie aux côtés de son père dans ce pays malmené par la politique. On traverse avec Joseph un siècle de guerres, d’horreurs, de barbarie, d’épidémies mais aussi d’avancées médicales formidables. Dans ce roman, on croise des gens connus, mais surtout on fait la connaissance d’autres parfaitement imaginés. Et on s’attache vigoureusement à ce héros, sa famille et ses amis, au point d’en finir la lecture au petit matin épuisée mais heureuse de cette rencontre, et d’avoir une fois encore suivi les conseils d’une amie 🙂

Gardel-CarlosUn roman romanesque, épique que j’ai eu tellement de plaisir à lire. Les personnages féminins de Guenassia sont magnifiques, Christine l’amour de sa vie, et Helena sa fille, mais les « seconds rôles » ne sont pas délaissés bien au contraire, j’ai eu beaucoup de sympathie pour Tereza, l’amie et Mme Marchova la logeuse. Les hommes de Guenassia n’ont rien à envier aux femmes, ils sont terriblement attachants. J’ai envie de tout vous raconter mais ce serait dommage, alors j’arrête…

Le titre est assez trompeur, le héros de ce roman est bien Joseph Kaplan et non Ernesto Che Guevara. Son passage éclair à Prague est pourtant véridique bien que peu connu, il y a vécu dans le plus grand anonymat de mars à juillet 66, quatre mois dont l’auteur nous livre une histoire alternative. Et voilà que grâce au talent, Le Che devient un personnage secondaire de l’histoire de Joseph Kaplan (jubilatoire). Mais comment ai-je pu passer à côté de cet auteur et de ses romans ? Je vais me précipiter sur « Le club des incorrigibles optimistes » et le tout récent « Trompe la mort » dont Yaki nous parle ici.

  leclub   TROMPE_LA_MORT_couv.qxp_RL_140x205


 

En lien avec l’auteur et son oeuvre :

lire les 30 premières pages -> http://fr.calameo.com/read/0000483780923b53eea51

http://www.20minutes.fr/livres/1058051-20121207-la-vie-revee-ernesto-g-jean-michel-guenassia-chez-albin-michel-paris-france

http://www.lexpress.fr/culture/livre/la-vie-revee-d-ernesto-g-par-jean-michel-guenassia_1137441.html

http://www.radio.cz/fr/rubrique/literature/jean-michel-guenassia-lattitude-tcheque-cest-le-roseau-qui-plie-et-ne-rompt-pas

http://radio.cz/fr/rubrique/literature/jean-michel-guenassia-jai-ecrit-un-roman-sur-la-trahison

http://www.dailymotion.com/video/x13foad_jean-michel-guenassia-la-vie-revee-d-ernesto-g_news

Yaki lit La cuisinière

lacuisiniereDans ce roman, l’auteur réalise une biographie romancée de Mary Mallon, surnommée « Mary Typhoïde » au XIXème siècle parce qu’elle était porteuse de cette maladie et qu’elle la transmettait tout en étant « porteur sain ». L’histoire commence avec l’arrestation, l’enlèvement même, de Mary. Elle est arrêtée et suspectée d’avoir contaminé et tué plus d’une vingtaine de personnes en étant cuisinière à leur service. Mary est gardée et examinée (analyse de sang, d’urine,…) pendant plus de deux ans dans un hôpital avant qu’un avocat ne parvienne à obtenir sa libération à la condition qu’elle n’exerce plus son métier de cuisinière et qu’elle se rende à des examens médicaux réguliers.
L’auteur dresse dans ce roman un portrait vraiment captivant d’une femme battante qui réfute les thèses selon lesquelles elle serait la source des décès qu’on lui impute et qui se bat pour sa liberté. Si au départ Mary n’est pas particulièrement sympathique, on finit néanmoins par s’y attacher et par avoir envie qu’elle s’en sorte. L’auteur nous décrit aussi extrêmement bien l’époque, la vie dans les quartiers populaires surpeuplés de la ville de New York, l’insalubrité, le manque d’hygiène, les épidémies, les conditions précaires des ouvriers. De plus, c’est bien écrit !
Malgré quelques longueurs, un bon moment de lecture instructif !

La cuisinière / Mary Beth Keane, Ed. Presses de la Cité 2014, titre original Fever, 404 p.