Yaki lit « Le roi disait que j’étais diable » de Clara Dupont-Monod

Le roi disait que j’étais diable / Clara Dupont-Monod, Ed. Grasset, 240 p.

leroidisait

Dans ce roman, Clara Dupont-Monod raconte de manière très romancée la vie d’Aliénor d’Aquitaine pendant son mariage avec Louis VII. Il est divisé en deux parties. La première partie s’étend du mariage d’Aliénor avec Louis VI le gros, futur roi Louis VII, jusqu’au départ du couple royal pour Antioche (Turquie) lors de la deuxième croisade. Dans cette première partie, le récit alterne la vision d’Aliénor sur son mariage, sur le roi et sur les événements et la vision de Louis amoureux fou d’Aliénor, amour absolument pas partagé. L’alternance des deux points de vue qui se répondent sans jamais se rejoindre est bien vue, cela apporte un éclairage intéressant sur les personnalités très différentes d’Aliénor et de Louis et sur les événements historiques, même s’il s’agit de l’interprétation de l’auteur.

La deuxième partie relate la croisade de Louis VII jusqu’à l’annulation du mariage pour cause de consanguinité et est raconté par Raymond de Poitiers, prince d’Antioche et oncle d’Aliénor.

Ce roman est intéressant pour découvrir le Moyen-Age et deux personnages clés de l’époque mais il vaut mieux bien connaître cette période historique ou avoir lu auparavant une bonne biographie d’Aliénor d’Aquitaine ou de Louis VII pour vraiment l’apprécier. Les personnalités d’Aliénor et de Louis ne sont pas très attachantes, Aliénor est trop froide et distante et Louis trop soumis à la volonté de son épouse. De plus, le récit souffre de longueurs et d’un côté répétitif parfois un peu lassant.


http://www.lefigaro.fr/livres/2014/08/21/03005-20140821ARTFIG00011–le-roi-disait-que-j-etais-diable-vive-la-reine-alienor.php

Une petite bio d’Aliénor d’Aquitaine : http://www.histoire-en-ligne.com/spip.php?article936

 

Lola lit Le Chapeau de Mitterrand ♥

LCDM

Réjouissant ce petit roman pioché fortuitement dans les rayonnages de la bibliothèque. Un livre dont j’ignorais l’existence écrit par un parfait inconnu (pour moi) et finalement, une jubilation.

Dans ce roman rondement mené, François Mitterrand oublie, un jour, son célèbre chapeau, un feutre noir, dans une brasserie où il déjeune d’huîtres. Daniel Mercier, petit comptable qui n’en revient toujours pas de manger à la table voisine du président de la République, après bien des hésitations, s’en empare, s’en coiffe et le fait sien… jusqu’à ce qu’il l’oublie, à son tour dans un train. Il est récupéré par une jeune femme, Fanny Marquant, qui rejoint son amant, et qui après quelques jours, laissera le chapeau « suivre son destin ». Deux autres têtes, celles de Pierre Aslan et Bernard Lavallière s’en couvriront avant qu’il ne termine sa route…

Je ne vous en dis pas plus, sauf peut-être que ce chapeau n’est pas si anodin, il agit comme une amulette et infléchit, durablement, la vie de ceux qui le portent.

Du bonheur !! C’est drôle, subtil, original, bien écrit, les personnages sont riches et attachants, l’intrigue est facétieuse. On se replonge avec délectation dans les années 80, personnalités, musiques, films, références qui trouvent leur place spontanément dans l’histoire.

J’ai beaucoup aimé, je vous le conseille vivement si vous voulez passer un agréable moment avec des gens intéressants qui ont des trucs sympa à raconter 🙂


mitterrandMitterrand et son chapeau qui faisait partie du personnage, tout comme l’écharpe, le manteau noir et les labradors. Ce chapeau donnait à l’homme politique une prestance et une autorité qui m’impressionnaient.

Lola lit Le liseur du 6h27

le-liseur-de-6h27-01Guylain Vignolle est « ni beau, ni laid, ni gros, ni maigre », il partage sa vie avec Rouget de Lisle, le poisson rouge cinquième du nom, Yvon le gardien de l’usine qui parle en Alexandrins, et le vieux Giuseppe un ancien collègue qui s’est mis en tête de retrouver ses jambes qu’il a perdu dans un accident au travail. Ouvrier dans une usine qui passe les livres au pilon, Guylain fait la lecture dans le métro des feuillets qu’il sauve des griffes de la Zerstor 500, la machine broyeuse. Tous les jours, à la même place, à la même heure, il retrouve ses auditeurs habituels très attentifs. Un jour, il découvre une clef usb coincée derrière le strapontin du métro. Rentré chez lui, il décide d’en lire le contenu pour trouver une indication qui lui permette de retrouver son propriétaire. Il découvre avec enthousiasme 72 fichiers qu’il ouvre dans l’ordre. Ce sont de petits textes dans lesquels une certaine Julie, la trentaine, dame-pipi de profession raconte sa vie. Guylain partage ses textes dans le métro et au fil de ses lectures, s’attache à Julie, jusqu’à tomber amoureux d’elle. La rencontrer devient sa quête…

C’est dommage parce qu’au début, on plonge dans un univers intéressant, celui de l’usine avec des personnages aux caractéristiques prometteuses, j’ai adoré l’idée de ces petits morceaux de littérature sauvés du pilon. Du coup, je ne m’attendais pas à ce que Guylain tombe si simplement amoureux d’une inconnue, qu’il la cherche et la trouve tout aussi simplement. Et surtout, je n’ai pas été touchée, à la différence de Guylain, par la prose de Julie, qui m’a laissée de marbre. Ce premier roman de Jean-Paul Didierlaurent a bénéficié d’un tel engouement que je me suis précipitée pour le lire. Bon finalement, c’est un petit roman qui se lit rapidement, dont l’histoire est agréable et l’écriture plutôt plaisante.



http://www.lexpress.fr/culture/livre/le-liseur-du-6h27-ce-livre-vendu-dans-25-pays-avant-sa-parution_1543719.html

http://www.franceculture.fr/emission-le-carnet-du-libraire-le-liseur-du-6h27-de-jean-didierlaurent-par-la-librairie-le-cypres-a-

http://www.20minutes.fr/culture/1388141-le-liseur-de-6h27-futur-best-seller-de-l-ete

http://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/laissez-vous-tenter-le-liseur-du-6h27-de-jean-paul-didierlaurent-un-conte-plein-d-humanite-7772563576

Yaki lit Le dernier gardien d’Ellis Island

lederniergardienLe dernier gardien d’Ellis Island / Gaëlle Josse,   Ed. Noir sur Blanc, 176 p.

Il reste neuf jours avant la fermeture définitive du centre d’immigration d’Ellis Island quand le directeur, John Mitchell, resté seul dans le centre commence à écrire ses mémoires. Il raconte les 45 années qu’il y a passé, seul au tout début puis avec sa jeune épouse Liz puis à nouveau seul. Il raconte ses souvenirs, les immigrants qu’il a rencontrés, Nella la jeune Sarde dont il tomba amoureux, son frère un peu débile qui ne pouvait pas rentrer aux Etats-Unis, d’autres encore dont il nous raconte le passage plus ou moins bref à Ellis Island.

Le récit de Mitchell est le prétexte idéal pour raconter ce lieu, porte d’entrée pour une nouvelle vie, enfin si les multiples tests de santé et entretiens le permettent parce que pour entrer aux Etats-Unis il faut  »rentrer dans les cases ».

L’écriture délicate de Gaëlle Josse permet de vraiment visualiser les lieux et le calvaire de ces arrivants, leurs espoirs, leurs désillusions, le quotidien aussi de ceux qui travaillent dans cette  »prison ».

Un beau roman.

 

Lola lit Le pianiste afghan

lepianisteafghan

Laïly a 6 ans quand elle quitte l’Afghanistan avec sa mère et sa sœur aînée. Les russes ont envahi le pays, emprisonné son père et ses amis intellectuels. La petite fille est un peu triste de laisser Milad, son amoureux et sa grand-mère mais ses parents lui ont dit que c’était comme des vacances.

Mais arrivée en France, les vacances tournent au cauchemar pour Laïly qui ne comprend pas la langue, n’a pas d’amis et s’ennuie de son tendre papa. Mais le jour où il les rejoints, le fossé qui les sépare est infranchissable.

Laïly grandit, elle étudie, passe son bac, flirte, se fait une amie, la perd. Elle vit, comme toutes les jeunes filles de son âge. Jusqu’au 11 septembre, une date qui va bouleverser sa vie, faisant ressurgir son enfance dans son Afghanistan natal. Elle pense à Milad, ils s’étaient jurés de vieillir ensemble, elle doit le retrouver et décide de partir à son tour en Afghanistan.

Mais son pays a changé, elle ne reconnaît rien ; où sont ses voisins, les enfants, les femmes élégantes qui se promenaient en riant ? Les rues sont vides, femmes sont voilées, le pays est saccagé et surtout Milad n’est plus là. 

C’est Markiz la sœur d’un ami de son père qui va aider Laïly dans la quête de son amour d’enfance. Une quête dangereuse dans un pays où les femmes vivent recluses sous une burka, une quête dont le résultat va anéantir Laïla.

Certains événements de l’Histoire sont ici racontés du point de vue d’une petite fille innocente, qui ne comprend pas, qui subit, qui souffre. Ce tout petit roman a reçu des prix, celui du festival du premier roman de Chambéry et le prix Méditerranée des lycéens en 2012, des prix que je ne lui aurais sans doute pas attribués. Il manque quelque chose à cette histoire, à ces personnages, à cette écriture. Je n’ai pas été touchée par Laïly, j’ai trouvé les personnages inachevés, l’écriture sans attrait particulier et le rythme plat. Ce n’est pas une lecture désagréable mais un peu trop convenue à mon goût.

 

Lola lit En finir avec Eddy Bellegueule ♥♥♥

Un roman offert par les éditions Seuil que je remercie vivement.

Eddy Bellegueule me faisait de l’oeil depuis un moment, j’avais très envie de découvrir ce jeune prodige dont tout le monde parlait. Nous nous sommes rencontrés cet été et je l’ai adoré !

eddybellegueule

Ce roman forcément autobiographique (?) raconte l’enfance et l’adolescence d’Eddy, ce jeune garçon aux allures de gonzesse, né de parents prolo, racistes, homophobes, élevé dans un bled du Nord. Eddy, le sensible qui préfère la danse au foot, la proximité des garçons à celle des filles, mais qui lutte contre ces mauvaises attitudes de son corps, qui essaie de marcher sans se balancer, de baisser ce petit doigt qui se relève tout le temps, de poser sa voix, de prendre des airs de brute pour ressembler à ce qu’est un homme, un vrai, un qui castagne, qui pue, qui pète, qui jure, qui gueule, qui picole, qui distribue des beignes. Mais las, rien n’y fait, alors Eddy baisse les bras, s’accepte et fuit cette misère.

Eddy a souffert ; moqueries, humiliations, tortures, mépris… Il a dû vivre l’enfer. Pourtant, il n’y a pas de colère dans ce récit, aucun reproche, juste deux mondes que tout oppose, enchaînés par le seul lien du sang. Eddy Bellegueule ne semble pas fâché, il ne blâme personne, il n’est pas tombé dans la bonne famille, c’est tout, il a essayé de coller à ce qu’on attendait de lui, n’a pas réussi, il est alors parti se construire ailleurs. Et en cela, son roman est, pour moi, une réussite car ce n’est pas le témoignage poignant, terrible et accablant d’un homosexuel incompris et rejeté, ce n’est pas non plus un livre vengeur où des horreurs sont déballées, où la rancune côtoie l’amertume. Je l’ai lu comme une fiction sans pathos, sans émotion exacerbée, soigneusement écrite.


En lien avec l’oeuvre et l’auteur :

http://www.franceculture.fr/oeuvre-en-finir-avec-eddy-bellegueule-de-edouard-louis

http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20140311.OBS9267/qui-est-vraiment-eddy-bellegueule.html

http://www.courrier-picard.fr/region/les-deux-visages-d-eddy-bellegueule-ia0b0n306422

Lola lit La servante du seigneur

Après « Où on va papa ? » où Jean-Louis Fournier racontait sa vie avec ses fils handicapés, « Veuf » où il nous parlait de son veuvage, c’est au tour de sa fille dans « La servante du seigneur ». Le prochain, ce sera quoi le sujet ?  La vie en maison de retraite…

fournier1 fournierveuf

J’avais bien aimé « Où on va papa », un sujet grave traité avec une certaine légèreté et beaucoup d’humour. J’ai lu « Veuf », et j’ai trouvé que c’était une belle déclaration d’amour à sa femme disparue.

laservanteMais là, non, je ne suis pas d’accord ! Parce que sa fille chérie, la quarantaine, a décidé de rompre avec sa vie urbaine, de se tourner vers la religion, s’installe à la campagne avec son ami théologien et donne un autre sens à sa vie, des choix qui déplaisent à Papa Fournier qui voit rouge, déblatère, médit, se moque et méprise. Il a une vision très manichéenne de la situation : avant, quand elle était proche de lui, sa fille était belle, rigolote, intelligente. Maintenant qu’elle s’est éloignée, elle est devenue méchante, moche et con ! J’ai souvent été gênée en pensant à ce que cette femme avait dû ressentir en lisant ce bouquin. J’ai trouvé cette lecture dérangeante. Et le pompon c’est à la fin du bouquin quand il dit laisser le dernier mot à sa fille qui reprend une par une les critiques formulées par son père, se justifie, et termine par « Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un père qui offre sa propre fille au monde entier après l’avoir défigurée »

Mr Fournier, je ne vous félicite pas ! Et même si finalement vous dites aimer votre fille, votre chef d’oeuvre….. moi, je n’aurais pas aimé avoir un père tel que vous.

Lola lit Monde sans oiseaux ♥♥

monde-sans-oiseauxL’héroïne de ce monde sans oiseaux s’appelle Petite Boîte d’Os. C’est son père, Pasteur de leur petite ville qui lui a trouvé ce drôle de surnom. Ce petit roman se lit comme on rêve, en état d’apesanteur, ni tout à fait dans le réel, ni tout à fait en dehors, sans se poser de questions inutiles, en se laissant porter. J’ai aimé. 

Karin Serres, nous conte l’histoire de Petite Boîte d’Os, de sa naissance à sa mort dans ce mode où les oiseaux ont disparu, où les cochons fluorescents font de la natation, où les cadavres finissent dans le lac, où lors de la grande fête de la Remontée les hommes du village hissent les maisons sur les hauteurs pour les protéger des crues du lac. J’ai adoré.

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 http://karinserres.blogspot.fr/

http://www.20minutes.fr/livres/1218161-20130904-monde-oiseaux-karin-serres-chez-stock-paris-france

http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2013/09/22/monde-sans-oiseaux-de-karin-serres-planant/

 

 

Ma liseuse, je l’aime

Cet été, pour mon anniversaire, j’ai reçu une liseuse. 

J’y pensais, je m’y intéressais, je me posais plein de questions et c’est notre amie Yaki qui m’a convaincue de l’utilité de l’objet intrigant.

Depuis que je l’ai, je n’ai plus ouvert un livre. Je redécouvre les classiques et je me suis acheté quelques livres numériques, mais pas des nouveautés que je trouve terriblement chères.

Ces jours-ci, j’ai craqué pour Big Brother, le dernier de Lionel Shriver, version papier, un bon gros pavé de 448 pages. Mais j’avais oublié la galère de lire au lit, l’inconfort et la fatigue. Avec la liseuse, c’est tellement simple et agréable ; allongée sur le côté ou sur le dos, je cale l’objet contre la couette et je tourne les pages avec un doigt, je choisis le rétro-éclairage selon l’heure à laquelle je me couche et j’ai même remisé le petit carnet sur lequel je notais un mot, une phrase, une idée, puisque je peux surligner, annoter, commenter aisément sans crayon, juste en touchant l’écran.

Alors malgré son demi-kilo contre les 206 grammes de ma liseuse, Big Brother ne fait pas le poids ! J’ai hâte de terminer pour reprendre ma liseuse.

Je ne vais pas cesser d’acheter des livres papier, mais je n’achèterai que ceux que j’ai aimés ; je pourrais ainsi continuer à prêter mes préférés.

Rentrée littéraire 2014, Yaki lit Charlotte

Charlotte / David Foenkinos, Ed. Gallimard, 224 p.
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Lors d’une exposition, David Foenkinos découvre l’œuvre picturale de Charlotte Salomon et a comme un coup de foudre pour cette artiste méconnue. Pendant des années, lui trotte dans la tête l’envie d’écrire un roman racontant la tragique destinée de cette femme. Il part alors à la recherche des documents retraçant son destin, des lieux dans lesquels elle a vécu, des personnes qui peuvent lui en apprendre un peu plus sur elle. Il en résulte ce très beau roman. 

Charlotte_Salomon

Auto-portrait

       

Différents de ses précédents romans auxquels je n’avais pas vraiment adhéré, ce roman dessine un beau portrait de femme marquée par les tragédies familiales, sa tante, sa mère et d’autres membres de sa famille ayant la triste habitude de se suicider. Malgré une enfance relativement protégée par son père et sa belle-mère, Charlotte est rattrapée par son destin pendant la seconde guerre mondiale. Elle fait la rencontre d’un homme dont elle est très amoureuse et qui est en quelque sorte le déclencheur de son talent. Les rencontres qu’elle fait ensuite lors de sa fuite en France lui permettent de donner un vrai sens à son œuvre. L’écriture particulière de ce roman, une sorte de long poème en prose, apporte de la profondeur au personnage tout en allégeant le côté tragique de son destin. De plus, en parallèle, mais de façon très discrète, David Foenkinos nous explique sa démarche d’écrivain à la recherche d’une vérité à romancer, une démarche vraiment intéressante. 

On en ressort touché, ému, triste pour la perte de cette artiste talentueuse et avec l’envie d’aller regarder de plus près ses œuvres.

Une belle réussite et un coup de cœur !

Charlotte Salomon2    Kristallnacht  mutter  faf  painting

 

 


http://www.lepoint.fr/livres/rentree-litteraire-2-david-foenkinos-sur-les-traces-de-charlotte-salomon-15-07-2014-1846156_37.php

http://www.lefigaro.fr/livres/2014/08/21/03005-20140821ARTFIG00021–charlotte-de-david-foenkinos-ode-a-charlotte-salomon.php