Le roman commence le 1er mai 2018, juste avant minuit, Louise, expatriée à Singapour, attend avec impatience les messages pour son anniversaire. Qui cette année va être le premier ? Son père évidemment ! Mais ce n’est pas pour lui souhaiter son anniversaire, mais pour lui apprendre le décès par suicide de sa sœur Liane. Sous le choc, la narratrice attrape le premier avion et au terme d’un voyage de 16h, elle débarque à Toulouse avec James, son amoureux. Commence alors le terrible parcours de ceux qui restent et ne comprennent pas. Comment est-ce possible que personne ne se soit rendu compte de la détresse de Liane, n’ont-ils pas perçu les signes, entendu les messages ? Dans l’appartement de Liane, Louise et son père trouvent son journal, ainsi que des rapports médicaux et d’anciens dépôts de plainte. Louise se lance alors dans une enquête, elle veut comprendre et surtout retrouver cet homme louche qu’elle a aperçu au cimetière et qui n’est sûrement pas étranger au drame. De retour à Singapour et malgré les récrimination de James et de son patron, Louise avec l’aide de Maeva, la petite amie de Liane, remonte les années de calvaire de sa sœur presque jumelle.
« Ce livre a été écrit à quatre mains. L’une des narratrices est vivante, l’autre est décédée. » nous prévient le prologue. Agathe l’autrice est devenue Louise dans ce roman construit comme une véritable enquête, qui mélange des documents authentiques et les démarches de Louise. Un roman comme un thriller, une course pour la vérité, qui embarque le lecteur. On s’interroge, on commence à douter. Liane s’est-elle vraiment suicidée ? La fin est étourdissante.
Extrait du journal de Diane « Pendant les nombreuses années de mon enfer, je n’ai jamais été frappée. J’aurais bien aimé, pourtant. J’aurais aimé prendre des coups, avoir des bleus et des plaies. J’aurais aimé avoir des blessures pour pouvoir les montrer au monde en disant, en hurlant « Regardez ce que je vis ! ». Ça n’a pas été le cas. Je n’ai été blessée qu’à l’âme. (…) Je n’ai jamais osé en parler à l’époque. Intimidée, je n’osais pas répliquer, j’avais trop honte pour aller voir le personnel du collège et je n’en parlais pas non plus chez moi. Et plus je m’embourbais dans le silence, plus il était compliqué d’en parler. »
Le livre de Liane / Agathe Lemaitre – 1harper Collins – mars 2023 – 304p


A la terrasse d’un café parisien, après quelques bières 3 copains trentenaires, amateurs d’aventures, atteints du syndrome de Tom Sawyer, font le pari complètement fou de descendre la Seine jusqu’à la mer. Eté 2018, à bord d’un canoé 2 places de 3m80 ayant appartenu à Véronique Sanson et baptisé Bateau, une tringle et un rideau de douche en guise de mâts et de voile, Hubert l’auteur capitaine écrivain et journaliste, Samuel étudiant brillant et François le major latiniste prennent la mer ou plutôt le fleuve, du pont du Garigliano vers Honfleur. Une aventure à la rencontre du peuple des berges, une galerie de personnages incroyables, extravagants, hauts en couleur, riverains du fleuve. Une histoire d’amitié, d’engueulades, de jalousies, de petites galères. 3 potes sont sur Bateau, parfois l’un tombe à l’eau…

Avec
Un livre très personnel, où l’autrice évoque son amitié idyllique avec Sybil. Elles se rencontrent sur les bancs de l’école primaire, et s’entendent très bien tout de suite. Laurence est fascinée par la chevelure de Sybil qui porte des tresses brunes, épaisses et très longues ; personne ne l’a jamais vue avec les cheveux détachés, c’est le mystère de Sybil. Les deux fillettes partagent un appétit féroce pour la lecture, le savoir et les longues discussions. Ces moments de partage scellent leur relation qui va durer jusqu’au lycée. Dans la famille de Sybil, on est sensible aux apparences, on fréquente la haute société. Il faut donc être parfait, irréprochable ! La mère de Sybil a de l’ambition pour ses enfants. La famille de Laurence est plus fantaisiste, plus libre, plus douce aussi ; il faut trouver sa voie qui n’est pas forcément celle de l’excellence. Au lycée, leur milieu social va les séparer, elles intègrent deux établissements différents. Leur amitié s’étiole, les rdv s’espacent, les jeunes filles s’éloignent. Sybil ne semble pas en souffrir contrairement à Laurence qui gardera un vide qu’elle cherche, dans ce roman, à comprendre. Devenues femmes et mères, elles se revoient une fois ou deux mais Laurence peine à reconnaitre son amie flamboyante dans la triste et fade Sybil adulte. Jusqu’à ce jour, où elle apprend la mort brutale de son amie. L’auteure sait à ce moment qu’elle écrira un jour sur Sybil ; des années plus tard, elle dévoile enfin le secret et son inconsolable chagrin.
La petite Eve est née à Barcelone par PMA. Sa maman, Stéphanie a décidé de faire un bébé toute seule au grand dam de Nicole sa mère, une vieille femme méchante, aigrie et pleine d’amertume, qui rumine, se plaint, n’aime personne et ne se gêne pas pour dire ce qu’elle pense. Surtout de cette stupide fête blanche que sa sotte de fille prépare pour introniser Greg son copain gay comme père intime de Eve. Quelle horreur ! Nicole fulmine. Et ses trois filles angoissent, elles craignent que la douairière ne gâche la fête qui promet d’être belle. Tout sera blanc, Stéphanie y veille, de la déco à la nourriture, des vêtements des invités au linge de table, tout doit être parfait.
Les destins croisés de Menie Grégoire, Suzanne Verdier et d’Esther Kahn. L’une est la célèbre animatrice radio sur RTL de Allô, Menie et Responsabilité sexuelle de 1967 à 1981. Mais Menie Grégoire, née Marie Laurentin en 1919 à Cholet était aussi journaliste et écrivaine. Sa carrière radiophonique a commencé alors qu’elle a la cinquantaine, que la dernière de ses trois filles est « élevée » et que son mari, haut fonctionnaire, la soutient. Dame de cœur pour les uns, sorcière scandaleuse pour les autres, Menie a œuvré pour les femmes, en les écoutant raconter leurs vies difficiles, éreintantes, les injustices dues à leur sexe, l’autorité patriarcale, les grossesses qui s’enchainent, les corps meurtris. Chaque après-midi, en direct, Menie lisait une lettre d’auditrice, la commentait, puis répondait aux questions des femmes qui appelaient. Aucun sujet n’était tabou : grossesse, sexe, travail, maltraitance, contraception, orgasme… Menie n’imposait aucun interdit. Elle les encourageait, les conseillait, essayait même de trouver des solutions avec son équipe. Suzanne quant à elle, s’est retrouvée enceinte de son premier amour à peine sortie de l’adolescence. Quand elle a annoncé la nouvelle à Robert, il s’est emporté, l’a insultée et est parti ; Suzanne a voulu mourir mais Menie l’a aidée. Esther Kahn a 40 ans, elle est écrivaine, ou plutôt elle rêverait d’écrire un roman. Alors quand Katell, une amie de fac dont elle n’avait plus de nouvelles et qui travaille dans un gros groupe d’édition lui propose un boulot, Esther fonce.
Iazza est un village italien (fictif) situé sur une île toute proche de la Sicile. Dans la famille Salvatore, le père bien que tyrannique est un amoureux de l’opéra, alors ses quatre filles se prénomment Violetta, Gilda, Aïda et Mimi. Le roman s’ouvre sur un coup de fil : Violetta annonce à Aïda que leur père est mort. Aïda a quitté l’île quinze ans auparavant, répudiée par sa famille suite à la disparition de Mimi, la petite dernière qui s’est évaporée le soir du carnaval. Aïda retourne donc sur son île, 15 ans après, sans avoir jamais revu ni son père, ni sa mère, ni ses sœurs. L’accueil est plutôt mitigé, les sœurs sont gênées, empêtrées dans les secrets, les jalousies, la culpabilité. Car la disparition de Mimi a ébranlé la famille, et est restée un mystère, le corps de l’enfant n’ayant jamais été retrouvé. Sa mère s’attend toujours à la voir rentrer, le père s’était enfermé dans le mutisme et Aïda ne s’est jamais remise d’avoir emmenée, en douce, sa petite sœur tant aimée avec elle au carnaval ce fameux soir. Alors pourquoi revient Aïda ? se demandent Violetta et Gilda. Pour quoi ou pour qui suis-je revenue ? s’interroge Aïda. Régler des comptes, récupérer de l’argent, revoir la maison de son enfance, retrouver Leonardo, interroger Pippo ?
Vous connaissez sûrement Paris vs New-York, le précédent livre où l’artiste amoureux des deux villes, les opposait graphiquement et en tout amicalité. Le résultat est tout aussi formidable : sur chaque double page d’un coté une illustration de Paris, de l’autre New York, dans leurs différences, leurs similitudes, leurs contradictions, avec force détails. Une belle réussite !
