C’est au moment de signer le compromis de vente de sa maison sous la pression des promoteurs immobiliers que Brigitte Giraud revient sur les conditions tragiques de l’achat de cette même maison vingt ans avant. Nous sommes en 1999, l’année de la grande éclipse, Brigitte et Claude ont envie de sauter le pas, faire le grand saut, acheter une maison avec un jardin, un gentil cocon pour y nicher avec Théo, leur petit garçon. Claude la quarantaine est passionné de musique et de moto et Brigitte écrit. Ils rêvent de remplir cette maison de chansons et de copains, de rire et de bonheur. Mais le 22 juin, à quelques jours de l’emménagement, Claude se tue dans un accident de moto. C’est donc seule avec Théo, hébétée, endeuillée, rompue de chagrin et d’incompréhension que l’auteure s’installe. (En 2001, elle écrit A présent (Stock)
L’auteure nous entraîne dans notre monde de hasards, de coups du sort, de détails insignifiants qui bouleversent, anéantissent. Avec des si, on mettrait Paris en bouteille, avec ses Si Brigitte Giraud ressuscite Claude avec douceur et nostalgie. De là à figurer parmi les huit romans sélectionnés pour le prix Goncourt 🤔
Vivre vite / Brigitte Giraud – Editions Flammarion – aout 2022 – 208p

Je ne suis amatrice ni de polars ni de SF mais j’ai aimé tous les romans de Gaudé alors un roman policier dystopique classé en Littérature Blanche et écrit par Gaudé ne pouvait que m’intriguer.
Je voulais le lire ce roman même si je n’ai aucun souvenir de cet évènement qui a eu lieu en juillet 2018. Les sœurs Khatchaturian, Krestina, Anguelina et Maria, 17, 18 et 19 ans, ont assassiné leur père. L’une l’a aspergé de bombe lacrymo, la deuxième l’a frappé avec un couteau de cuisine et la dernière lui a asséné des coups de marteau sur le crâne. Puis elles se sont laissé glisser contre le mur de leur appartement moscovite et ont attendu la police, baignées dans une mare du sang de leur bourreau. Mikhaïl Khatchaturian était une ordure, à la maison, il punissait, insultait, humiliait, battait, torturait, violait, sa femme et ses enfants. Mais à l’extérieur, il était parfait dans son rôle de prédicateur, aidant son prochain, distribuant argent et accolades. Depuis qu’il avait jeté sa femme et son fils dehors, c’était pire encore pour les 3 sœurs. Quand Mikhaïl Khatchaturian a été hospitalisé pour dépression, elles ont enfin respiré, toute étonnées de voir leurs amis installés dans le fauteuil du père à boire des bières, à discuter et à rire. Alors quand il est revenu à l’appartement, en un regard, elles ont su qu’elles ne supporteraient plus.
Adepte des concours de poésie, l’autrice Leila Mottley a 17 ans quand elle écrit ce premier roman. Elle explique que c’est suite à un fait divers en 2015, l’histoire sordide de l’exploitation sexuelle de mineures par des policiers d’Oakland. Le scandale éclate en 2016, toute la presse s’empare de l’affaire qui fait grand bruit mais pas un article sur les jeunes filles victimes. Indignée, Leila Mottley donne vie à Kiara. Une jeune afro-américaine de 17 ans qui vit seule avec son frère aîné Marcus dans un appart pourri depuis que leur père est mort et que leur mère est en hôpital psychiatrique. Persuadé, à tort, d’avoir du talent, Marcus se consacre uniquement à la musique laissant à Kiara la charge de glaner quelques dollars pour les nourrir et payer le loyer. C’est sans s’en rendre vraiment compte qu’elle va sombrer dans le monde de la nuit, dans la prostitution et la violence. La journée, elle s’occupe de Trévor, le fils de sa voisine junkie, comme une petite maman, et attend de sa meilleure amie Ale qu’elle la materne un peu.
Le roman s’ouvre sur une nuit de juillet 1830 à Paris, vers 23h, la novice Catherine Labouré de la congrégation des Filles de la charité de Saint Vincent de Paul, conduite par un enfant auréolé de lumière, voit la Vierge. De nos jours, à Paris, soeur Rose annonce à soeur Anne qu’elle a eu une vision : soeur Anne va rencontrer la Vierge en Bretagne ! Alors lorsqu’une place se présente à Roscoff, soeur Anne pleine d’espoir propose sa candidature et prépare sa valise. Et un jour en face de Roscoff, sur l’île de Batz, la rumeur gronde : Isaac, un enfant du pays pourtant non croyant dit avoir eu une vision ; une femme blonde et douce lui est apparu et lui a parlé. Dans ce pays où religions et superstitions se côtoient, certains se pâment, d’autres se méfient. Lorsque Isaac annonce un miracle, la foule curieuse, avide et jalouse, se presse sur le promontoire.
Harry Perdrien a publié un premier roman, L’aube noire, salué par la critique, plébiscité par les lecteurs. Alors tout le monde attendait le deuxième, mais cinq ans après l’auteur, pris dans le tourbillon du succès, n’avait toujours pas réussi à trouver les bons mots pour écrire une nouvelle histoire. Il décide alors de quitter le monde et ses sollicitations, pour se réfugier dans cette vieille ferme perdue, achetée sur un coup de tête et sur photos, sise au lieu dit Le Bélier. Il voulait prendre de la distance, se retrouver, il voulait goûter la solitude et se confronter à la nature.
Le Taormine du dernier roman d’Yves Ravey réserve bien d’autres surprises, et toutes mauvaises. Le couple de Luisa et Melvil bat de l’aile ; elle est infidèle, et lui chômeur qui voudrait juste profiter de la richesse de beau-papa. Alors ces quelques jours en Sicile sont importants pour sceller leur réconciliation. Mais dès leur débarquement sur l’île tout va de travers ; de désaccord en haussements d’épaules, ils se retrouvent, au volant d’une voiture de location, sur un chemin qui les conduit tout droit vers les ennuis. Avant même d’avoir commencé, le séjour de rêve vire au cauchemar quand s’affiche à la une des journaux le corps sans vie d’un enfant percuté par un chauffard et retrouvé sur le bord de la route ; celle empruntée par Luisa et Melvil ? Pourquoi être sortie de l’autoroute lui reproche Luisa ! Parce que tu voulais voir la plage répond Melvil. Pourquoi ne pas s’être arrêté lorsque la voiture a percuté cette forme ? C’était juste un animal ou un bidon ! Pourquoi faire réparer l’aile droite de la voiture sans informer l’assurance ? Parce que nous n’avons pas payé l’assurance ! Que de questions que le lecteur se pose aussi devant l’infortune / l’égoïsme /la bêtise de ce couple qui ne fait que de mauvais choix et se fourre, tout seul avec un peu d’aide de garagiste mafieux, dans un sérieux guêpier.
Jared est un jeune homme salement en colère ! Et pas seulement depuis qu’il est dans un fauteuil roulant paraplégique à la suite d’un violent accident de voiture qui a causé la mort de Melissa, son premier amour qu’il venait de retrouver. A sa sortie de l’hôpital, sans argent, sans travail, sans appartement, il a dû appeler son père Jack qu’il n’avait pas vu depuis 10 ans. Depuis que leur femme et mère est décédée et que son père n’a pas réussi à surmonter sa douleur et qu’il a bu, tout le temps, trop, il a baissé les bras, abandonnant son fils à son adolescence. Alors Jared s’est enfui et s’est créé une vie avec des potes pas toujours très fréquentables ; drogues, squat, vols… Et puis l’accident ! Il a vingt-six ans et il enrage de se retrouver bloqué, dépendant de ce père qu’il déteste. De son côté Jack a fait du chemin, les réunions des Alcooliques Anonymes l’ont aidé à sortir de son drame. Il s’est découvert une passion pour les orchidées qu’il chouchoute dans sa serre. Et bien qu’il soit prêt au pardon, les retrouvailles vont être houleuses.
Où l’on est bercé par la délicatesse de la plume de Gaëlle Josse. Pourtant la narratrice en a connu des peines, Isabelle a grandi au pied des Alpes, dans l’ombre de son père, privée de son attention et de son affection. Puis elle a perdu sa mère et plus récemment son amoureux. Lorsque son frère, resté au pays, l’appelle à l’aide, Isabelle encore pleine de la douleur du décès de Vincent, pensait prendre le train, rester quelques jours avec son frère, dans cette maison qu’elle a fui et qui lui rappelle sa triste enfance, et rentrer chez elle, retourner à son chagrin. Mais son père mourant va enfin lui ouvrir son cœur et raconter à ses enfants son douloureux passé fait des évènements qui l’ont marqué à jamais pendant la guerre d’Algérie.
Elsa Feuillet, jeune écrivaine voue une admiration toute littéraire à Béatrice Blandy, récemment décédée d’un cancer fulgurant. Très affectée, Elsa glisse quelques mots dans son nouveau roman et le mari de Béatrice Blandy la contacte pour la remercier et lui propose de la rencontrer. Au fil de leurs rencontres, une idylle se noue entre eux et Elsa se retrouve à déambuler, régulièrement, presque nue dans l’appartement de son autrice adorée. Un jour, elle surprend une conversation entre Thomas et l’éditrice de feue son épouse. Cette indiscrétion va la conduire sur un chemin dangereux…