Charles, Palma et Victor sont frères et sœur. Il y a cinq ans, suite au décès de leur papa, ils ont quitté leur pavillon de banlieue. Depuis, leur mère les trimballe sur les routes de France. C’est Palma qui nous raconte les déménagements, les difficultés à s’adapter, les départs au petit matin, le mystère des destinations, mais surtout le petit monde qu’ils se sont construits tous les quatre, prisonniers de leurs souvenirs d’enfance, et les liens indéfectibles qui unissent cette fratrie. Et surtout la question lancinante qui accompagne le début de cette lecture, que fuient-ils ?
J’ai adoré suivre Palma, Charles, Victor sur les routes, brinqueballée sur la banquette arrière de la voiture. Un roman qui a un goût particulier pour moi ; je me suis reconnue en Palma, seule fille, un grand frère et un petit frère aussi, des déménagements très fréquents, pas d’amis d’enfance, pas de maisons d’enfance mais des souvenirs à la pelle avec mes frères mes meilleurs copains, mes frères mes meilleurs ennemis, mes frères pour toujours, même si j’ai souvent eu envie de les tuer. J’ai partagé la mélancolie de l’enfance et le bonheur de n’être jamais seule. Un coup de cœur ♥
Villa royale / Emmanuelle Fournier Lorentz – Editions Gallimard – janvier 2022 – 272p

Minjue, étudiante à Séoul, retourne dans on village natal pour s’occuper de sa grand-mère. Mais un jour de visite de son frère Minho, un incendie se déclare derrière la montagne et détruit la maison. Seule Minjue en réchappe, sa grand-mère et son frère périssent dans l’incendie, elle est conduite à l’hôpital, en état de choc. Jisuk, une camarade de classe, rend visite à Minjue qui lui demande dans un souffle où est son chien. Jisuk décide de se rendre sur place, dans le village où les rumeurs vont bon train.
En 2019, alors que son compagnon Raphaël Glucksmann est candidat aux élections européennes, Léa Salamé décide de quitter, le temps de la campagne, son émission à la radio. Laurence Bloch alors directrice de France Inter lui propose de réaliser une série d’entretiens. Cet été-là, tous les samedis à 12heures, sont diffusés les portraits de 12 femmes. Qu’elles soient dans l’ombre ou la lumière (politicienne, rabbine, écrivaine, actrice, chirurgienne, sportive, femme d’affaire…), ce sont des femmes fortes, influentes et accomplies ! Mais qui ont du mal à se dire « puissante ». Les entretiens ont été retranscrits avec soin et sont sortis en septembre 2020 sous le titre « Femmes puissantes » dans lequel Léa Salamé se livre un peu.
Avril 1999 – Alaska Sanders est une jeune fille assassinée alors qu’elle sortait de son travail à la station essence et qu’elle se rendait à un dîner en amoureux. Après une courte enquête, la police obtient des aveux du petit ami assassin et de son complice. Mais quelques années plus tard, l’inspecteur Perry Gahalowood, en charge de l’affaire à l’époque, reçoit une lettre anonyme qui le conduit à son confrère Kazinsky qui lui livre un secret de nature à rouvrir l’affaire Alaska Sanders.
Un jeune réfugié nous emmène dans ses déambulations dans son quartier de Bobigny où il a posé son sac dans une petite chambre, un endroit à lui où il est enfin en sécurité. Au fil de ses sorties, il nous livre ses impressions, ses souvenirs. Il croise Fouad, le cafetier tunisien qui rêve de rentrer au pays et son plus vieux client alcoolo, l’Imam radical qui essaie de le convaincre de le rejoindre, Saïd un jeune dealer bourré de contradictions et surtout Violette, sa voisine d’en face, dont il est amoureux et qu’il espionne depuis sa petite fenêtre.
C’est lorsque sa secrétaire très très dévouée s’écroule dans son bureau victime d’une crise cardiaque que Matthias d’Ogremont, [marié, deux enfants, une femme, zéro divorce […] DG à la tête d’une société d’acquisition d’entreprises en cessation] son patron et amant, décide de prendre la poudre d’escampette. Son coup de tête le conduit aux portes d’un stage intitulé Libère l’esclave en toi, tout un programme pour cet homme égoïste, hyper connecté, qui vit à 100 à l’heure, pour son travail, délaissant sa femme et ses deux enfants.
Dans ce recueil de neuf nouvelles, l’auteur nous entraîne sur les chemins de la mémoire et des souvenirs. Dès la première histoire, nous sommes submergés par la mélancolie, le gris de la vie, celle qui n’oublie pas, ne lâche jamais. Les histoires se suivent et se ressemblent ; un espace s’ouvre et un souvenir s’engouffre, avec ses secrets, la colère ou l’indifférence et les regrets. Et la mort, presque toujours, pour clore enfin le chapitre de la douleur. Un livre triste comme un dimanche pluvieux, une plume délicate et peu expressive, et beaucoup d’émotions.
L’auteure convoque plusieurs époques pour nous raconter Gabrielle ; son enfance et son adolescence, interrompues parfois par l’intervention déroutante de deux clowns qui visitent les malades à l’hôpital. Gabrielle a poussé sous l’attention inquiète de ses parents, née prématurément, elle a dû batailler pour survivre, et soumet son corps à une discipline intransigeante. Gymnaste accomplie, élève brillante, Gabrielle multiplie les exploits. Pourtant, ces réussites étouffent des douleurs, des non-dits, Gabrielle cache un lourd secret, tapi dans ses bronches fragiles dont s’échappent parfois des araignées velues dont elle se libèrera à la toute fin du roman. Mais qui est donc le narrateur qui parle de Gabrielle avec tellement de tendresse ?
Dans ce super ouvrage, Maria Rivans, artiste plasticienne britannique, nous invite à plonger dans son univers onirique qui associe images vintage et références cinématographiques. Les vingt premières pages sont consacrées aux inspirations de l’artiste, on y trouve une liste de matériaux et fournitures, quelques techniques pour composer un collage et des exemples de collages réalisés par l’artiste avec les images proposées dans le catalogue de plus de 1500 images à découper, toutes plus incroyables les unes que les autres : une planche d’insectes, une de super héros, de feuilles, de moyens de transport, de singes, de champignons, d’objets domestiques vintage, de statues, pierres précieuses… et puis des portraits en noir et blanc d’actrices célèbres dont Audrey Hepburn et Marilyn Monroe, côtoient un gros matou gris assis et un crâne humain. Il y a vraiment de quoi s’éclater !