Lola lit Il est juste que les forts soient frappés ♥

Sarah est morte. Un tumeur l’a terrassée, malgré ses 42 ans, malgré l’amour de ses 2 enfants, malgré la combativité de Théo. La maladie l’a emportée, ils ont perdu la bataille. Ils se sont battus, surtout Théo, qui était persuadé qu’ils avaient été frappés parce qu’ils étaient forts, qu’ils étaient capables de supporter, de se battre et de gagner. Mais ils ont perdu ! Sarah est morte, entourée de sa famille, de ses amis mais seule à partir. Sarah est morte, et elle décide de nous raconter son aventure, ce parcours des combattants ; mais d’abord sa jeunesse, sa rencontre avec Théo le lutin à la joie de vivre, leur histoire d’amour improbable, la naissance de Simon et Camille. Elle raconte surtout l’arrivée de la maladie dans ce tableau charmant ; les visites chez le Docteur House, le soutien des proches, la chimio, l’espoir, la rémission, la rechute… Sarah revit ses moments, ne nous cache rien, ni d’elle ni des autres puisque morte, elle sait tout.

C’est un récit incroyable, vertigineux. Un roman qui nous touche par la banalité de son histoire ; la maladie frappe n’importe qui et n’importe quand. Nous sommes tous des Sarah, des Théo, des Simon, des Camille… Il n’y a aucune justice, qu’on soit fort ou faible, heureux ou malheureux, seul ou entouré, contrairement à ce que pense Théo l’optimiste. C’est triste et pourtant, l’auteur en a fait un livre lumineux, qui parle d’amour surtout, avec beaucoup d’humour, même aux heures les plus sombres. Il faut continuer à vivre, à profiter de la vie, de ce qu’elle offre de plus beau.

Un beau coup de cœur pour ce premier roman ♥


Il est juste que les forts soient frappés / Thibault Bérard – Editions de l’Observatoire – janvier 2020 – 210p

Yaki lit 7 lettres

Colton Crest est retrouvé mort par son meilleur ami, Eliott. Quelques temps auparavant il avait disparu plusieurs jours avant de réapparaître sans fournir d’explication. Le jour de l’enterrement alors qu’Eliott doit faire un discours il trouve dans sa poche une lettre lui expliquant que Colton a été assassiné et qu’à l’issue d’une «chasse au trésor» il connaîtra le nom de l’assassin.
Si l’intrigue démarre bien et si l’idée de départ est bien vue, le dénouement est décevant et, une fois la surprise du début passée, il y a beaucoup de longueurs.
Dommage !

7 lettres / Olivia Harvard – Roman ado/jeune adulte – Editions Hachette Jeunesse – mai 2018 – 80p

Yaki lit Mercredi le jour où les jeunes filles rencontrent la mort

Deux enquêtes se rencontrent dans ce polar. La première concerne la mort atroce d’une mère de famille apparemment bien sous tous rapports mais qui, en réalité, menait une double vie. La
deuxième enquête plus diffuse est liée à la disparition de plusieurs jeunes filles. Même si ce tome peut se lire indépendamment, il fait partie d’une série dans laquelle évoluent le policier Karlsson et la psychologue Frieda Klein.
Une écriture fluide, une intrigue qui tient la route et des personnages perturbés juste ce qu’il faut.
Une lecture agréable 

Mercredi le jour où les jeunes filles rencontrent la mort / Nicci French – Editions Fleuve – mai 2014 – 560p

Yaki lit Oublier Klara

Ce roman est construit en 3 parties dans lesquelles on suit 3 générations d’une même famille : Klara, la grand-mère, Rubin, le père et Iouri. L’histoire se déroule en Russie. Klara a été arrêtée sous le régime de Staline pour trahison à son pays. Elle a été déportée et n’est jamais revenue. Rubin a grandi sans mère, il s’est endurci, est devenu marin puis capitaine de bateau. Iouri a grandi sous l’égide d’un père autoritaire et en a beaucoup souffert. Alors que Rubin va mourir, il demande à Iouri de découvrir ce qu’il est advenu de Klara.
C’est un roman historique très intéressant, documenté, sur une période noire de la Russie où l’on pouvait être arrêté sur de simples spéculations ou être trahi même par ses proches. Le récit montre également les dégâts causés sur une famille et sur plusieurs générations, c’est aussi un roman sur les relations filiales. C’est très bien construit, l’écriture est fluide. Les personnages ne sont ni tout blancs, ni tout noirs, ils essaient juste de survivre, chacun à sa manière, à un régime, un système qui broie ses citoyens.
A découvrir.


Oublier Klara / Isabelle Autissier – Editions Stock – mai 2019 – 320p

Yaki lit Inséparables ♥

Grace et Tippi sont sœurs siamoises. Le haut de leurs corps leur est propre, le bas elle le «partage»  ! Après des années à vivre plus ou moins «cachées», elles intègrent le lycée. Elles s’y font deux
amis, Jon et Yasmeen, que leur situation particulière ne perturbe pas. Elles ont, par contre, à subir le regard des autres qui les regardent comme des «&monstres&».
Le récit est celui de Grace qui partage avec le lecteur ses sentiments, ses impressions, ses doutes et surtout son amour inconditionnel pour Tippi, l’autre partie d’elle-même.
Très beau livre, très émouvant, porté par l’écriture particulière en «vers libres» de Sarah Crossan. Beaucoup d’émotion dans le récit avec des personnages extrêmement touchants.
Une histoire qui ne s’oublie pas ! Bravo à Clémentine Beauvais, la traductrice. Un coup de cœur ♥

Inséparables / Sarah Crossan – Editions Rageot – mai 2017 – 416p

Traduit par Clémentine Beauvais

Yaki lit Promenez-vous dans les bois… pendant que vous êtes encore en vie

Nora est une jeune écrivaine de 26 ans célibataire. Elle voit peu de monde et son principal hobby est de courir. Alors qu’elle n’a plus eu de nouvelles de son ancienne meilleure amie, Clare, une amie de celle-ci la contacte pour l’inviter à son enterrement de vie de jeune fille. Surprise, Nora hésite à s’y rendre mais elle finit par accepter, ce qu’elle n’aurait sans doute pas dû faire…
Malgré un résumé alléchant, ce roman «policier» n’a que peu d’intérêt. L’écriture est banale tout comme l’intrigue. Les personnages ne sont pas vraiment intéressants et l’on se doute assez vite du dénouement de l’histoire. Mieux vaut lire La mort de Mrs Westaway du même auteur.

Promenez-vous dans les bois… pendant que vous êtes encore en vie / Ruth Ware – Editions Fleuve  – février 2016 – 384p

Traduit par Séverine Quelet

 

Lola regarde 12 jours

On peut être hospitalisé en psychiatrie, sans consentement, par un tiers ; c’est l’hospitalisation sous contraintes. Avant, seul un psychiatre pouvait décider de l’hospitalisation sur la demande du tiers, mais depuis 2013, le dossier du patient doit passer devant le juge des libertés et de la détention, qui vérifie que la procédure ne présente pas d’anomalies, donne la parole au patient et décide, après avoir pris connaissance des avis médicaux, de la poursuite de l’hospitalisation. Cette audience, en présence du juge et du patient accompagné d’un avocat, doit impérativement avoir lieu avant le 12ième jour d’hospitalisation.

Raymond Depardon filme 10 audiences. 10 personnes. 10 histoires. 10 décisions. Entre chacun de ses entretiens, une succession de plans interminables sur des couloirs vides et silencieux, une route, un passage piéton dans la brume… super stressant. Mais on comprend que le réalisateur a une passion pour la photo. D’ailleurs, il a été photographe avant d’être cinéaste.

J’ai été troublée de croiser ces regards ; ceux des patients, fixes, noirs, vides, inquiétants, ceux des juges à l’opposé, francs, droits, vifs parfois déconcertés ou amusés. Un documentaire nécessaire pour comprendre ce qui se cache derrière les portes fermées à clefs, les barrières des HP, pour approcher la maladie mentale, surprenante, impressionnante, incompréhensible.


Un film de Raymond Depardon – Produit par Claudine Nougaret – Sorti en 2017

Lola lit La femme révélée

1958 – Eliza Donneley quitte Chicago précipitamment, fuyant son mari menaçant et abandonnant son fils chéri. Débarquée à Paris, elle devient Violet Lee, avec pour seule richesse, son appareil photo et une bourse remplie de bijoux qu’elle se fait dérober dès son arrivée. Effrayée, inquiète, sur le qui-vive, elle craint pour sa vie et se cache dans un hôtel de passe où elle croise Rosa, une prostituée, qui devient son amie et lui trouve une place dans un foyer.  Un petit travail de nanny, de nouvelles amies, de belles rencontres, et Violet se reconstruit doucement sous la protection de Sam, un compatriote dont elle tombe follement amoureuse.

On la retrouve en 1968, à Chigaco où les émeutes font rage. L’assassinat de Martin Luther King, la guerre du Vietnam mobilisent la contestation des jeunes, des afro-américains qui descendent dans les rues, et crient leur désaccord. La police riposte, le maire de la ville impose un couvre feu et donne l’ordre au force de l’ordre de tirer sur les manifestants les plus menaçants. La situation dégénère, les manifestants sont frappés, arrêtés, emprisonnés. Sur les traces de son fils, Violet prend part à ses émeutes en qualité de journaliste et renoue avec son pays et sa identité américaine.

Un roman en deux parties très différentes. La première nous raconte l’exil d’Eliza et ses raisons, sa vie aux Etats-Unis, ce qui l’a conduit à fuir. La seconde partie est très documentaire ; en suivant certains jeunes acteurs de ces contestations, on vit de l’intérieur, quasiment heures par heures les émeutes de Chicago. J’ai moins aimé cette partie, moins centrée sur les personnages et plus sur les événements. Je me suis perdue dans le dédale de l’Histoire, j’aurais aimé que le personnage de Violet reste au centre, ou alors une troisième partie pour retrouver Eliza apaisée.

Un bon roman, un beau portrait de femme bien écrit, que je recommande !


La Femme Révélée / Gaëlle Nohant – Editions Grasset – janvier 2020 – 384p

Lola lit Le Consentement ♥

Un texte d’une grande qualité littéraire !
Qui fait du bruit, qui va sûrement continuer à en faire.
Un livre à lire pour comprendre le paradoxe de la formule « Etre une victime consentante »
Une femme intelligente, sensible, qui ouvre le débat avec un certain apaisement.

L’auteur revient sur le relation qu’elle a entretenu avec M (Gabriel Matzneff) dans les années 80 alors qu’elle n’avait que 14 ans et lui 50, sous les regards compréhensifs et concupiscents de leur entourage familial, amical et professionnel. C’est l’époque post 68, en pleine libération sexuelle où un écrivain peut s’enfiler des enfants à loisir, le raconter sans honte à la télé et en faire des livres qui sont lus et appréciés ; une conduite abjecte qui était pourtant déjà punie par la loi mais justifiée par la littérature. Quelle hypocrisie !

Ce que je trouve extrêmement courageux c’est que Vanessa Springora consent à écrire qu’elle était amoureuse de cet homme et qu’elle savait ce qu’elle faisait. Ce n’était pas une étourdie soumise, elle savait que cette relation n’était pas acceptable mais elle avait un tel désir d’être aimée et une telle fierté à l’être par un écrivain brillant et reconnu, elle qui aime tant les livres et l’écriture.

J’espère que Vanessa Springora ne va pas s’arrêter à ce témoignage et qu’elle va nous raconter d’autres histoires avec autant de talent.


Le Consentement / Vanessa Spingora – Editions Grasset – janvier 2020 – 216p

 

 

Lola lit Grace ♥

Quelle noirceur dans ce roman de Paul Lynch ! Grace est à peine adolescente quand sa mère la chasse de la maison un jour d’octobre 1845, elle doit partir travailler et ne revenir que les poches pleines. La nourriture manque cruellement à cette mère qui ne peut plus nourrir tous ses enfants. La Grande Famine sévit alors en Irlande. Entre 1845 et 1852, le mildiou anéantit les culture de pommes de terre, nourriture de base de la population, les irlandais deviennent fous des douleurs de la faim, les morts s’entassent par millions. C’est terrible !

C’est terrible à lire aussi. Il n’y a aucun espoir, aucune lueur dans ces paysages sombres et humides. Nos petits héros se battent pourtant pour survivre, avec rage et courage. Ils avancent sans jamais s’arrêter, sans regarder en arrière, sans plainte. C’est terrifiant ! Et pourtant, impossible de s’arracher à ces pages accablantes mais magnifiquement écrites.


Grace / Paul Lynch – Editions Albin Michel – Janvier 2019 – 480p

Traduit de l’anglais (Irlande) par Marina Boraso