Lola lit Koroko ♥

korokoÇa commence comme des haïkus, ces petits poèmes japonais très courts, si vivants, tellement gracieux. Des chapitres plus ou moins longs dont les titres sont des mots japonais traduits [ie, maison] [aibu, caresse] [tsuki, lune]…, le premier est [merigorand, manège] et le dernier [kokoro, cœur] qui est aussi le nom de la poupée de Seki que son frère garde depuis leur enfance. Ce frère Koichi qui depuis le décès de leurs parents dans l’incendie du théâtre où ils passaient la soirée, s’est retiré du monde qu’il regarde « en proximité ». Koichi a grandi, il vit seul, travaille dans une bibliothèque et s’occupe de sa grand mère chérie. Seki après des études brillantes, s’est mariée et a eu 2 petites filles. Elle vit dans les beaux quartiers, elle travaille, gagne de l’argent mais Koichi sait qu’elle aussi s’est absentée du monde malgré les apparences. Elle s’occupe peu de son frère, peu de sa grand mère mais ce n’est pas grave, Koichi attend, il sait qu’elle reviendra, comme avant la tragédie.
C’est lui qui parle, qui décrit dans de petits textes au style parfait, leur vie. Avec retenue, poésie, et un amour inconditionnel pour les femmes de sa vie, sa grand mère, sa sœur et ses nièces. Merci à Régine, qui m’a conseillé ce livre magnifique, qui se déguste comme un mochi, ces adorables petites friandises japonaises, aussi jolies que délicieuses.

A lire absolument !


[Koroko] / Delphine Roux – Editions Philippe Picquier 2015 – 114p

 

Lola lit Soré

SoréDans les années 70 au Groendland, une nuit, Soré voit son père frapper sa mère à mort puis se pendre. La petite fille va chez son grand-oncle Lûtivik qui vit seul dans la forêt avec ses bêtes, avant d’être placée dans une famille au Danemark. Soré grandit, obsédée par ses racines, ses ancêtres, ses origines, se marie et a deux enfants quand elle apprend que sa mère n’est pas morte mais qu’elle vit seule, loin. Soré et la famille de son mari partent à la recherche de la vieille femme défigurée.

L’auteur nous régale encore une fois, avec cette histoire pleine de contes, de légendes, de rêves, de créatures, chargée en émotions. A lire pour partir à la découverte de ces contrées mystérieuses du Grand Nord.


Soré / Jorn RIEL – Editions Gaïa 2013 – 192p

Lola lit La lettre à Helga ♥♥

LaSolutionEsquimauAWLa lettre à Helga est un roman épistolaire magnifique, la lettre de Bjarni à sa très chère Helga. Ils s’étaient plu et aimés bien que tous deux mariés. Elle était tombée enceinte mais il n’avait pu se résoudre à quitter sa femme et sa région pour s’enfuir avec elle à Reijkjavic. Personne n’a jamais su que cette ravissante petite fille était la fille du voisin. Et puis elle a divorcé, il les a enfin rejointes mais elle ne l’attendait plus. Il est rentré chez lui et quand elle lui a écrit qu’elle l’aimait et qu’elle le voulait près de lui, il a été heureux, rassuré de savoir qu’ils partageaient les mêmes sentiments, et ça lui a suffi, il a choisi de rester là. Et aujourd’hui, alors qu’il n’est plus très loin de la mort, il lui répond, lui explique, lui dit son amour profond et ses regrets. Mais Helga ne lira pas cette lettre d’amour, c’est trop tard, elle a déjà quitté la vie.


La lettre à Helga / Bergsveinn BIRGISSON – Editions Zulma 2013 – Titre original Svar við bréfi Helgu – 144p

Lola lit Un amour impossible

un-amour-impossible-par-christine-angot Cet amour impossible pourrait être celui de Rachel et Pierre, de Pierre et Christine et de Christine et Rachel ; le père, la mère et la fille, un trouble trio, trois duos indémêlables.

Dans les années 50 à Châteauroux, Rachel jeune provinciale rencontre Pierre, un brillant parisien qui travaille temporairement comme interprète dans la base de l’Otan. Ils s’aiment passionnément. A la fin de son contrat, Pierre propose à Rachel de l’installer dans un petit appartement à Paris, ainsi il pourra lui rendre visite à sa convenance mais il refuse de l’épouser, il veut rester libre et surtout elle ne peut pas partager sa vie, elle n’est pas de son milieu bourgeois. Rachel reste à Châteauroux dans son bureau de la sécurité sociale, et attend ses visites. Christine naît en 1959, Rachel aime son enfant de l’amour à la folie, elles vivent toutes deux une relation fusionnelle, elles sont heureuses. Rachel fait tout pour que l’enfant aime son père, même si celui-ci s’est éloigné, marié et a eu des enfants. La petite fille grandit avec l’image d’un papa presque parfait, et lorsqu’elle le rencontre enfin, elle est conquise, tout comme sa maman. Ses visites, qu’il réserve à sa fille, plus régulières, creusent un fossé entre la mère et la fille qui préfère la compagnie de ce père si intelligent, si riche, dont les manières bourgeoises impressionnent l’adolescente. Les relations entre Rachel et Christine se détériorent. Et lorsqu’enfin l’ignoble secret de l’inceste est révélé, Rachel est choquée, profondément, violemment, la culpabilité ne la quittera plus. Et même si chacune fait son chemin, leur relation est à jamais perturbée.

Un amour impossible est un texte puissant, l’écriture est juste. L’inceste n’est pas le sujet du livre, il apparaît en filigrane, il s’agit bel et bien de la complexité des relations entre une mère et sa fille.


Un amour impossible / Christine Angot – Editions Flammarion 2015 – 217p

Lola lit Fannie et Freddie

marcusmalteJe ne lis pas de romans noirs, la vie peut être parfois si sombre, inutile d’en rajouter. Mais j’ai assisté à un concert littéraire dernièrement où Marcus Malte faisait lecture d’extraits de son roman Les harmoniques. Et même si le texte ne m’a pas enthousiasmée, j’ai réussi à me laisser porter par la musicalité des mots jusqu’à en oublier la noirceur. J’ai fait quelques recherches sur internet où j’ai appris « qu’avec la force et la maîtrise […] Marcus Malte (nous) fascine par la violence et la tendresse de ses romans, par le charme au sens fort que donne aux rêves la puissance des mots. Après les Harmoniques (Gallimard), Marcus Malte (nous) revient avec le saisissant Fannie et Freddie. » [in Zulma.fr]

Alors évidemment, ça m’a donné envie.

Fannie et Freddie est le titre de la première histoire de ce livre qui en contient deux. Je dois avouer que je n’ai pas lu Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, j’avais eu ma dose de stress et d’angoisse. Je n’ai pas envie de savoir si la victime va mourir, ni comment, je n’ai pas envie de savoir quelles tortures vont être infligées, ni dans quel ordre, je n’aime pas la violence même si elle n’est que suggérée. Cette lecture confirme mon manque d’intérêt pour ce genre littéraire.


Fannie et Freddie / Marcus MALTE – Editions Zulma 2014 – 158p

Lola lit Celles de la rivière

celles-de-la-riviereSam 15 ans et Ollie 9 ans, ont été installées chez leur père à la mort de leur maman. Ours, c’est ainsi qu’on l’appelle, vit depuis quelques années, seul, dans un tipi à l’écart de la civilisation. Un jour lors d’une promenade au bord de la rivière, les fillettes découvrent le cadavre d’une jeune femme. Sam essaie de rapprocher le corps de la rive mais elle n’y arrive pas, et le laisse dériver. De retour au tipi, Ours est absent mais Sam y découvre une veste en jean qui pourrait bien appartenir au cadavre. Lorsqu’elle l’interroge, son père lui répond sans conviction qu’il pensait que la veste était à elle. Le doute s’installe dans l’esprit de la jeune fille et pour le protéger, elle ment. Mais quelques jours plus tard la population et la police sont persuadés de la culpabilité d’Ours qui est arrêté. Les filles sont confiées à Zeb et Franny, les propriétaires de la prairie où vit Ours. Très vite Sam ne croit plus son père capable d’une telle horreur et va mener son enquête aidée par les fantômes d’Ollie, silhouettes blanchâtres, Celle qui la suit et Celle qui vient de la rivière.

Mon avis est plutôt mitigé, ça aurait pu être un bon bouquin même s’il n’est pas vraiment mauvais. Et après avoir dépassé les premières pages, une ode à la nature bien ennuyeuse, le rythme s’accélère un peu et l’intrigue se met en place. L’alternance dans les chapitres, un pour Sam et l’autre pour Ollie est regrettable, parce que complètement déséquilibrée, ceux où Ollie raconte sont beaucoup moins intéressants, et les histoires de fantômes un peu grossières. Et pourtant, l’histoire tient debout, il y a du suspens, et les personnages sont attachants. Dommage…

Merci à Babelio et aux Editions Mosaïc


Celles de la rivière / Valerie Geary – Editions Mosaïc 2015 – titre original Crooked river – 393p

 

 

 

Yaki lit Venus d’ailleurs

Paola-Pigani-Venus-dailleursFuyant la guerre dans leur pays, arrivés à Lyon au printemps 2001, Mirko et Simona, frère et soeur tentent de s’intégrer dans leur pays d’adoption. Autant Simona a vraiment envie de devenir française, autant Mirko a plus de mal, toujours nostalgique de son pays et du reste de sa famille restée au pays. Dans ce deuxième roman, Paola Pigani, décrit avec réalisme toutes les étapes administratives que doivent traverser Mirko et Simona, les demandes de papier, les heures passées à raconter leur calvaire au Kosovo, les cours de français, les petits boulots,… Pour échapper à tout ça, Mirko graffe sur les murs à la frontière de la ville. C’est comme ça qu’il va rencontrer Agathe et qu’une histoire d’amour va naître.

Comme dans son précédent roman, l’écriture de Paola Pigani est toute en délicatesse avec des personnages attachants. On s’imagine vraiment vivre ce que vivent Mirko et sa soeur et l’on perçoit tout à fait la difficulté à s’intégrer, à faire abstraction du passé, de son pays, de sa famille, de son histoire pour s’insérer dans une histoire qui n’est pas la sienne, dans un pays qui, de plus, n’a pas forcément envie d’accueillir des migrants…

Un récit vraiment d’actualité à découvrir.


Venus d’ailleurs / Paola Pigani, Ed. Liana Levi, 208 p.

 

Lola lit Ce cœur changeant

cecoeurchangeantC’est vrai que le dernier roman d’Agnès Desarthe est tout ce qu’il y a de plus romanesque, de plus traditionnel. Une histoire de famille, de mœurs, une intrigue progressive écrite dans une jolie langue. Pas de grandes surprises, de révélations spectaculaires, de dénouement surprenant, juste une vie, comme un long fleuve pas toujours tranquille. La vie de Rose, mal aimée par sa mère Kristina, mal aimée par son père Emile, et finalement mal aimée par sa nourrice Zeleda. Rose pousse au Danemark, grandit en Afrique et se pose en France à Paris, où elle débarque seule à 20 ans en 1909. Rose est une jeune fille pleine d’espoir, confiante en l’avenir, heureuse de cette nouvelle liberté, affranchie du mésamour (ad hoc) des siens. Mais évidemment la vie va lui jouer des tours, des hauts des bas, des très hauts des très bas ; une vie comme celle des héroïnes de Zola.

Un moment de lecture agréable.


Ce cœur changeant / Agnès Desarthe – Editions de L’Olivier 2015 – 337p

Lola lit Et je danse aussi

etjedanseaussiUn roman épistolaire réjouissant. Il réunit toutes les qualités nécessaires à un bon bouquin ; intelligence, humour, sincérité, émotion, rebondissements, suspens, sentiments…

Pierre-Marie Sotto (drôle de choix de prénom) auteur à succès a perdu le goût d’écrire quand Véra, sa troisième femme adorée, a disparu sans laisser de traces. Un jour il reçoit, d’une certaine Adeline Parmelan une grosse enveloppe brune qui semble contenir un manuscrit. Pierre-Marie lui envoie un mail lui expliquant qu’il n’est pas éditeur et donc qu’il ne lit pas les manuscrits. L’inconnue lui fait une réponse mystérieuse. L’histoire est installée. Après un échange de mails que j’ai trouvé superficiels (ce que je devine volontaire mais dangereux – j’ai bien failli interrompre ma lecture) l’histoire commence vraiment, et là, impossible de décrocher tellement c’est bien, tellement c’est agréable à lire. Le genre de lecture addictive qui fait du bien, qu’on a envie de conseiller à tout le monde, amis, collègues, voisins, commerçants, chauffeur de bus…

A mettre tout en haut de notre pile de romans feel good.


 

Et je danse aussi / Anne-Laure Bondoux – Jean-Claude Mourlevat – Editions Fleuve 2015 – 280p.

Mimi lit Les grands

lesgrandsUne histoire qui se déroule en Afrique et plus exactement en Guinée en 2012. Après avoir été un groupe célèbre dans les années 70, les différents membres du Super Mama Djombo se sont éparpillés à travers le monde. Ils apprennent la mort de Dulce, la chanteuse du groupe qui les avait quittés pour épouser un général très haut placé. A l’annonce de cette nouvelle, nous suivons Couto dans ses souvenirs mais aussi dans la réalité avec la préparation d’un coup d’état qui menace la ville. Nous découvrons l’Afrique des dirigeants corrompus, l’Afrique de la prostitution, les exilés d’Afrique, l’Afrique de la misère, mais aussi l’Afrique de la nonchalance et de la joie de vivre.

Le mérite de l’auteur est d’avoir réussi à brosser tous ces tableaux dans une seule et même histoire. Cela reste un livre agréable à lire, pour ceux qui souhaitent se plonger dans cette ambiance très particulière.


Les grands de Sylvain Prudhomme -Collection L’arbalète/Gallimard, Gallimard 2014 – 256p