Lola lit La tête en friche

La tête en friche de Marie-Sabine ROGER ; Une lecture très aisée, pas besoin de dictionnaire, pas prise de tête, une petite histoire comme une chanson douce, comme l’histoire que les mamans racontent le soir. Une rencontre gentillette, touchante. Entre Germain, 45 ans, 1m89, 110 kg, une armoire à glace un peu simplet, dont la vie se résume en quelques mots : bistrot, potes, belote. Qui vit au fond du jardin de sa mère qui ne l’a jamais appelé que l’ « imbécile heureux », ils n’ont d’ailleurs jamais eu grand-chose à se dire. Son père ? Disparu depuis belle lurette. Son occupation favorite ? Compter les pigeons du parc. Et puis il y a Margueritte, une petite grand-mère toute fragile, qui de temps en temps s’échappe de la maison de retraite et vient elle aussi s’asseoir sur un banc dans le parc et compte les pigeons. Ces deux-là étaient faits pour se rencontrer. Margueritte aime lire, à voix haute surtout. Elle va amener Germain sur les chemins mystérieux de la littérature, et de la réflexion. Germain se découvre, il réfléchit, et il aime les mots, lui qui a la tête en friche, qui n’a pas été cultivé, de nouveaux sentiments s’éveillent en lui, il peut aimer et être aimé, il a envie de s’occuper de sa nouvelle amie, de la protéger. A lire tranquillement.

L’adaptation cinéma de Jean Becker avec Gisèle Casadesus et Gérard Depardieu est sortie en juin 2010. Je n’ai pas vu, mais suis tout à fait certaine que ça a fonctionné. A voir donc 🙂

Et pour mes collègues enseignants, voici un dossier pédagogique.

 

Yaki lit Cent sept ans

Cent sept ans / Marie-Aimée Lebreton, Ed. Buchet-Chastel (Coll. Qui vive), 128 p.,

 

LEBRETON - Cent sept ans.inddMadame Plume vit en Kabylie, elle y a été élevée par Fatma. Un jour elle rencontre un beau jeune homme dont elle attend rapidement un enfant. Mais c’est la guerre en Algérie et le beau jeune homme est exécuté. Madame Plume se retrouve seule avec ce bébé à naître, c’est Fatma qui l’aide à mettre Nine au monde. Vient le jour où Madame Plume et Nine quittent la Kabylie pour un petit appartement dans le nord de la France. Nine passe son enfance avec une mère qui vit dans l’ombre du passé et dans l’absence de son père dont elle sait si peu. Le retour à ses origines pourra, seul, la libérer de ce passé…

C’est un très court récit écrit avec beaucoup de sensibilité et de poésie. On s’attache à cette petite Nine, à sa mère aussi. L’histoire est triste, l’auteur raconte l’exil, la reconstruction de soi mais elle le fait avec une lueur d’espoir.

Un joli roman à découvrir.

http://www.dailymotion.com/video/x25a3a3_marie-aimee-lebreton-cent-sept-ans_news

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Lola lit Le quatrième mur ♥♥

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En plein conflit israélo-palestinienne, au Liban, Sam un metteur en scène de théâtre décide de monter l’Antigone d’Anouilh (texte intégral), à Beyrouth au cœur de la guerre. Il recrute ses tragédiens parmi toutes les communautés. Malheureusement la maladie l’affaiblit le contraignant à renoncer à son rêve, il se tourne alors vers son ami Georges qu’il convainc d’aller au bout de ce projet fou. Laissant derrière lui sa femme et sa fillette, celui-ci rejoint la troupe.

Le quatrième mur de Sorj Chalandon est un livre choc, comme un coup, qui met KO, laisse pantelant. Je l’ai lu dans un état d’urgence. J’ai été envahie d’images : un regard, un vêtement, une rue, un escalier. Jamais un livre n’a été aussi visuel pour moi, de l’ordre du reportage de guerre. C’était assez étrange. Quand j’ai tourné la dernière page, je me suis jetée immédiatement sur un autre bouquin, au hasard, sans perdre une minute et je me suis étourdie de mots, de phrases, juste pour ne pas rester sur ces images, me libérer de cette tension. Ce livre est magnifiquement écrit. Les personnages sont sublimes, bien vivants avec leurs forces et leurs faiblesses, il se tiennent là tout proches de nous pendant la lecture.

Même là, 2 mois après cette lecture, y repenser me submerge d’émotion. Sidérée, une fois encore, par la folie des hommes.

Lola lit L’île des oubliés ♥

J’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce roman, j’ai trouvé le début insipide, fastidieux. Je me suis accrochée pour passer les premières pages. Et je ne le regrette pas. J’ai trouvé très intéressante l’histoire de la dernière léproserie d’Europe, sur Spinalonga, un îlot forteresse situé en Crète.  Un secret de famille est le prétexte choisi par l’auteur pour nous conter la vie de cette communauté d’exclus, de parias, ces gens qui, en plus d’être les victimes d’une maladie terrible ont eu à souffrir de l’isolement, bannis, séparés de leur famille, parqués dans des mouroirs subissant l’ignorance et la cruauté des bien-portants.

Lîle-des-oubliés-Victoria-Hislop1Alexis, toute jeune diplômée, ne sait rien de sa famille maternelle, sa mère, Sophia, ne s’est jamais livrée, n’a jamais parlé de son enfance, de ses parents. Un mystère que la jeune femme décide de percer en allant passer ses vacances en Crète, à Plaka, le village natal de Sophia. Elle y rencontre Fotini, la meilleure amie de sa mère qui accepte de lui raconter l’histoire de sa famille. Et c’est là que ça devient très intéressant. On apprend que la grand-mère de Sophia, institutrice à Plaka attrapa la lèpre et dut abandonner ses deux petites filles Anna et Maria, sa maison, sa famille, ses amis, comme tous les autres malades et fut conduite, par son propre mari responsable du ravitaillement de la léproserie, avec un de ces élèves, sur Spinalonga, une presqu’île face à Plaka qui fut choisie en 1903 par les autorités pour y isoler les lépreux afin d’éviter la contagion. Depuis, la communauté de malades, allant jusqu’à 300 personnes, s’était organisée en une micro société, avec ses commerces, son office religieux, son école, sa mairie… La vie était rythmée par les arrivées et les décès jusqu’en 1939, où des malades arrivèrent d’Athènes. Instruits et décidés à vivre, ils dynamisèrent la communauté, exigèrent des aides, améliorèrent les conditions de vie, et firent de Spinalonga, un vrai village où il faisait bon vivre. Mais la maladie emporta Eleni avant que le remède ne soit trouvé. Quelques années plus tard, sa fille Maria, à la veille de son mariage avec un membre d’une famille puissante, découvre, horrifiée, qu’elle est atteinte de la lèpre. Elle est a son tour débarquée sur Spinalonga par son père. Bon raconté comme ça, ça fait un peu mélo, et je vous l’accorde : c’est un peu mélo. Et encore je ne vous ai pas parlé de la sœur Anna, une petite égoïste, détestable, jalouse et insatisfaite. Mais j’ai été très surprise par le contexte, étonnée d’apprendre que la dernière léproserie avait été fermée en 1957 seulement. Je pensais que ces « établissements » avaient disparus depuis longtemps, que les malades, depuis qu’un traitement avait été découvert, étaient suivis dans des hôpitaux classiques.

Ce roman a fait un carton apparemment, et ça ne m’étonne pas, il a l’étoffe d’un succès. Une saga familiale, les vilains pas beaux contre les gentils tout doux. Une belle panoplie de sentiments : les bons d’un côté, les mauvais de l’autre. Des clichés, des descriptions doucereuses, une écriture prosaïque, prise de risque=0. Mais un contexte bigrement singulier. A lire donc pour info.

 

Lola lit Une vie entre 2 océans ♥

Sortez les mouchoirs ! Moi j’ai commencé à pleurer page 445, tout à la fin. Parce qu’avant, prise dans l’histoire, je n’en ai eu ni le temps ni l’envie. J’ai attendu de savoir ce que la vie et les hommes allaient réserver à Isabel, Tom, Lucy, Hannah et les autres… Je ne sais pas si c’est l’âge ou la nouvelle tendance mais depuis quelque temps qu’est-ce que je pleure, moi ! Je me ramollis, c’est sûr. Et dans ce livre, il y a de quoi verser des torrents de larmes.

2oceansDécembre 1918, Australie. Tom Sherbourne, rescapé des tranchées, obtient le poste de gardien de phare sur l’île reculée de Janus Rock, au sud-ouest de l’Australie. C’est un homme abattu par les atrocités de la guerre qui se laisse séduire par la toute jeune Isabel, qu’il épouse et qui partage sa vie en parfaite harmonie. Lorsque le ventre d’Izzy s’arrondit, tous les deux sont ivres de joie même si Tom a du mal à se laisser aller pleinement à ce nouveau bonheur. La guerre lui a laissé des images qui le hantent, des corps déchiquetés par les éclats d’obus, des membres arrachés, des gueules cassées, les cris, la puanteur, la souffrance, l’agonie et la mort. Malheureusement les bébés d’Isabel ne vivent pas. Deux semaines après une troisième fausse-couche, Isabel est tirée de ses prières par les cris de Tom, qui vient d’apercevoir une embarcation toute proche de la côte. Allongé au fond de cette barque, le corps sans vie d’un homme et un nourrisson. Une ravissante petite fille dont Isabel s’empare prestement, console, baigne, nourrit, embrasse, serre tendrement dans ses bras. Tom doit prévenir les autorités et faire un rapport, le moindre événement devant être consigné dans le livre de bord. Isabel s’y oppose, et tente de convaincre son mari adoré que l’arrivée de ce bébé est une bénédiction, un miracle, une récompense divine, quelques jours seulement après le décès de leur petit garçon. Prévenir les autorités revient à précipiter ce pauvre petit être dans un orphelinat, dans les douleurs de l’abandon. Elle se sent prête à l’accueillir, à l’aimer, à lui offrir une vie d’amour et elle est certaine qu’il sera un papa merveilleux, ils ont tant d’amour à donner, ils méritent un peu de bonheur, ils ont tellement souffert, déjà perdu tant de proches, bébés, frères, parents… Tom, malgré ses réticences, baisse la tête, Isabel a gagné, le corps est enterré et la petite fille, renommée Lucy grandit, entourée, choyée, adorée. Mais leur ciel sans nuages s’obscurcit lorsqu’ils ont vent de l’histoire tragique d’Hannah cette jeune femme qui erre dans les rues, à la recherche de sa petite fille et son mari disparus en mer. Une histoire qu’Isabel tente d’oublier lorsque Tom est rongé par la culpabilité. 

Je m’arrête là, si vous voulez connaître le dénouement, envoyez-moi un message privé   😛               Non… je plaisante !

Ce roman vaut par l’histoire. En trois parties, du 16 décembre 1918 au 28 août 1950. Les dix premières pages de la première partie racontent la découverte du bébé, puis le décor et les personnages sont plantés, la deuxième partie nous enchante, décrivant les années idylliques et enfin arrivent l’orage et le dénouement. 448 pages mais une lecture agréable, facilitée par cette construction chronologique, et une écriture conventionnelle. Encore un roman dont l’histoire se prête parfaitement à une adaptation sur grand écran.

A méditer, la phrase de Violet, la mère d’Isabel : « On doit vivre avec les décisions que l’on prend. C’est ça le courage. Assumer les conséquences de ses erreurs. »


Une vie entre deux océans / ML Stedman – Editions Stock 2013 – The Light Between Ocean

 

Lola lit Les couleurs de l’oubli

Le projet de monter un atelier de peinture dans un hôpital de gériatrie revient à François Arnold, plasticien, praticien de l’art thérapie, fondateur de l’association « L’arbre à Mains » . Depuis 1993, tous les mardis, il accueille ses « artistes » atteints de la maladie d’Alzheimer pendant 1h30. Quand tout le monde est là, chacun volontaire, habitué ou curieux, le thème est choisi ensemble, donnant lieu parfois à des réminiscences, des souvenirs. Le ton est donné, le travail peut commencer dans une ambiance joyeuse, néanmoins studieuse. La peinture utilisée est la gouache en tube, appliquée en « crottes » sur des assiettes en carton, le support, des feuilles de bristol blanches ou colorées, un soin particulier est apporté aux pinceaux. Les artistes sont invités à faire leur mélange de couleur, à laisser parler leur imagination, courir leur pinceaux, chacun est encouragé, félicité. A la fin de la séance, toutes les œuvres sont exposées, elles doivent être terminées pour des raisons évidentes liées aux symptômes de cette maladie, elles sont admirées et l’une est choisie pour l’exposition de fin d’année.

Les couleurs de l’oubli est un recueil de ces peintures, enrichi de textes somptueux, de phrases d’auteurs.

Les-couleurs-de-loubliUn livre coloré, gai, vivant, qui se feuillette, à la découverte d’œuvres magnifiques, drôles, sérieuses, souvent naïves, toujours émouvantes, à la recherche d’une émotion particulière selon nos propres vies, et aussi pour plonger dans l’univers envoûtant de Jean-Claude Ameisen, La voix de France Inter. J’ai été touchée, en imaginant tout ce que ces personnes avaient mis dans leurs dessins. Je les ai imaginées, certaines appliquées mordillant le bout de leur pinceau, d’autres rigolardes cherchant le rire du voisin, les dernières fredonnant un air de leur jeunesse, un sourire posé sur leurs lèvres fines, parties dans un ailleurs qu’elles sont seules à connaître. Impossible d’en choisir une à vous présenter, elles ont toutes une force de vie incroyable, on les dirait sorties de l’imaginaire d’enfants ; les roses de Guy, le vitrail de Roland, la lune rousse de Simone, le chat de Mme Eugénie, l’ange de Jeanne, le bouquet de Georges…

Un livre d’art, à conserver, à offrir. A ouvrir parfois, souvent pour se souvenir de la fragilité de la vie, toucher la grâce et se remplir de l’espoir qui fait vivre chacun de nous.

lescouleursdeloubli

Merci à Babelio et aux éditions de l’Atelier pour ce cadeau !

Lola lit Loin des bras ♥

loindesbrasJ’ai découvert Metin Arditi, en lisant Le Turquetto qui faisait partie de la sélection de mon club de lecture. J’avais beaucoup aimé, alors quand j’ai vu Loin des bras sur l’étagère de la bibliothèque, la couverture vintage, d’un bleu de ciel d’orage, le titre plein de promesses et le résumé au dos, je n’ai pas hésité ! Et bien sûr je n’ai pas regretté.

L’Institut suisse Alderson connait des jours sombres. Depuis le décès de Georges, le fondateur, sa veuve fait face à de graves difficultés financières et envisage, à contre cœur, de se séparer de l’école. Les familles aisées du monde entier ne se pressent plus pour y inscrire leur enfants, les enseignants sont obligés de faire des efforts, accepter de travailler plus, être payés moins… Et dans cette ambiance délétère, des petits secrets refont surface. Antisémitisme, homosexualité, collaboration avec l’ennemi, addiction aux jeux d’argent, deuil, honte, lâcheté, solitude, personne n’est épargné dans ce petit monde, et tout ça sur des airs de samba menés par le truculent professeur de danse Gülgül. Chacun tente de vivre avec son difficile passé. Et les élèves de l’Institut, si loin des bras de leurs parents, ne sont pas oubliés dans le roman.

Des chapitres courts, rythmés, une écriture très agréable, un scénario intéressant, vivant, des personnages complexes, Metin Arditi sait raconter les histoires. On est happé par la vie de l’Institut, on partage les secrets, on tend l’oreille aux médisances, on prend partie, on préfère, on excuse, on pardonne, on est en Suisse à l’automne 1959.

Lola lit Il faut beaucoup aimer les hommes

« Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter. » Marguerite Duras offre à Marie Darrieussecq le titre de ce treizième roman. Je n’en ai lu qu’un, son premier à sa sortie en 96, « Truismes » qui m’avait obsédée, je l’avais trouvé tellement étrange et dérangeant que je ne me suis plus jamais approchée d’un roman de Marie Darrieussecq. Mais je vais m’y refrotter, j’ai envie après avoir lu celui-ci.

truismes ilfautbeaucoup

Elle, actrice française coqueluche d’Hollywood tombe amoureuse lors d’une soirée chez Georges (Clooney, who else ?), d’un homme magnifique. Il est acteur, grand, beau et africain. Elle le dévore des yeux, elle le désire, elle est amoureuse, elle voudrait qu’il la regarde, qu’il la remarque, qu’il l’aime. Il est libre, épris de liberté et surtout, passionné par la réalisation de son premier film, l’adaptation de la nouvelle de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres (à lire ici) qui  »relate le voyage de Charles Marlow, un jeune officier de marine marchande britannique, qui remonte le cours d’un fleuve au cœur de l’Afrique noire. […] Le périple se présente comme un lent éloignement de la civilisation et de l’humanité vers les aspects les plus sauvages et les plus primitifs de l’homme, à travers à la fois l’enfoncement dans une nature impénétrable et potentiellement menaçante ». Ce projet l’accapare, il a peu de temps pour elle, vient, repart, disparaît puis refait surface, sûr de lui, sûr qu’elle sera là, à l’attendre. Elle rêve d’obtenir un rôle dans son film, il finit par le lui offrir. Mais qu’obtiendra-t-elle de plus ? L’amour entre un noir et une blanche est-il possible ? Lui donnera-t-il son cœur ?

Ce que raconte ce roman m’a conquise, la fragilité de Solange, l’engagement de Kouhouesso, l’atmosphère un peu étouffante de l’Afrique… mais l’écriture de Marie Darrieussecq me gêne. Trop moderne peut-être, tourmentée, désordonnée, syncopée, chaotique. J’apprécie la prose harmonieuse, les phrases joliment tournées, élégantes, structurées, voire complexes 😛 Mais non je ne suis pas réac ! Enfin je ne crois pas… Ou en littérature seulement. Je confesse que mon livre de chevet est Mme Bovary et que je me régale des détails des descriptions interminables. En général, j’aime que l’écriture me permette d’accéder à un imaginaire sans m’incommoder, sans être trop présente, trop pesante. C’est rapé avec Marie Darrieussecq, sa façon d’écrire prend beaucoup de place, heureusement l’histoire m’a accrochée et je l’ai dévorée.


http://www.lesinrocks.com/2010/01/09/actualite/marie-darrieussecq-laccusation-de-plagiat-est-une-mise-a-mort-1134747/

http://www.lexpress.fr/culture/livre/marie-darrieussecq-l-ecriture-pour-toujours_805010.html

http://www.lemonde.fr/livres/article/2013/11/12/marie-darrieussecq-recoit-le-prix-medicis-pour-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes_3512383_3260.html

http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20131112.AFP1776/le-prix-medicis-a-marie-darrieussecq-pour-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes.html

http://www.franceinter.fr/emission-le-masque-et-la-plume-5-livres-sous-loeil-de-nos-critiques

http://videos.lexpress.fr/culture/livre/video-faut-il-lire-il-faut-beaucoup-aimer-les-hommes-de-marie-darrieussecq_1291106.html

Lola lit L’audience

orianejeancourt

Oriane Jeancourt Gariglani est journaliste. Et c’est le style parfaitement maîtrisé de son second roman L’audience. Un livre qui ne m’a pas laissée indifférente, qui soulève pas mal de questions. Récit d’un fait divers. 

D’abord la vraie histoire dont l’auteur s’est inspirée : En 2001, au Texas, Brittni Colleps, prof d’histoire de 28 ans, mère de 3 enfants, mariée à un soldat en mission en Afghanistan, est jugée pour avoir eu des relations sexuelles avec cinq de ses étudiants, majeurs et consentants, chacun leur tour puis, comble de l’horreur, tous ensemble ! Elle est condamnée à 5 ans de prison.

brittnicolleps chriscolleps

Dans le roman, Brittni s’appelle Deborah et ce n’est pas avec 5 mais 4 étudiants qu’elle couche. A part ça, c’est la même histoire, découpée ici en quatre parties pour les quatre jours d’audience. L’auteur raconte chaque journée du procès et parallèlement, en mettant en scène les pièces à conviction, donne vie aux faits. Une photo exhibée au tribunal nous conduit tout droit dans la chambre des Aunus où la scène de sexe entre Debbie et Quentin est décrite de façon placide. Un texto, et nous voilà dans la Lexus de Debbie, sur le parking du lycée où elle attend Stephen pour se livrer à une petite partie de jambes en l’air juste avant de rejoindre sa classe… et finalement l’abjecte vidéo de la réunion sexuelle, et nous assistons impuissants à la chute de Debbie.

l'audiencePendant son procès, Deborah ne prononce pas un mot, peut-être parce qu’elle sait déjà que tout est joué, que rien ni personne ne peut la défendre dans cet état du Texas qui interdit à un enseignant d’avoir des relations sexuelles avec un étudiant de son établissement, quel que soit son âge, dans cette Amérique ultra-puritaine qui autorise toute personne majeure à posséder une arme à feu mais s’offusque quand des adultes ont des relations sexuelles consenties. Mais qui sont ceux qui jugent, pour juger un tel acte ? Au nom de quelle morale ? Le crime de Brittni/Debbie est-il d’avoir éprouvé du désir, et d’être passée à l’acte avec des hommes un peu plus jeunes qu’elle ? Il est où le problème ? A qui Brittni/Debbie a-t-elle causé du tort ? A ses étudiants ? qui n’ont pas dû bouder leur plaisir : se taper sa prof, un vieux fantasme… Alors qui a eu à souffrir de cette situation ? Son mari et ses enfants. Ne dit-on pas qu’il faut laver son linge sale en famille, don’t wash your dirty clothes in public (merci Chris pour la traduction :)) ?

J’ai trouvé ce procès abominable, l’acharnement de Liz Lettown, la procureure pour tenter de faire passer cette femme pour une perverse, une anormale, une malade mentale et ainsi justifier une condamnation, elle qui a eu une relation adultère avec le juge. Le mépris des jurés, dont un trouve là enfin le rôle de sa vie. Et l’autre qui frôle la syncope en regardant la vidéo où les corps s’emmêlent. D’ailleurs, Debbie et ses petits amis auront finalement profité assez peu, un mois seulement au terme duquel, un quatrième larron, David, se joint à eux, la fameuse soirée de l’orgie, il contourne les règles tacites, filme la scène et le visage de Debbie en gros plan et poste tout ça sur les réseaux sociaux.  Ah les joies de la vie en province où tout le monde se connait, se surveille, se jauge, se juge et condamne.

texas

Dans ce roman pourtant, les actes ne sont pas jugés, les personnes non plus, pas de tentatives d’explications psychologiques, pas de recherches dans le passé de névroses ou de traumatismes pour expliquer. Pourquoi Debbie passe à l’acte, pourquoi sa mère l’enfonce, pourquoi son mari est si charitable, de quoi se venge David ? Dans ce roman, on n’explique pas, on décrit. Pas de pathos, ni de sentiments, ni d’émotions, excepté les nôtres. Alors évidemment difficile de prendre parti, on est seul avec nous-même et face à nos questions, nos convictions. Quant à moi, je ne décolère pas, je trouve cette justice injuste, ce déballage de la vie intime abject, je pense à Brittni Colleps, comment va-t-elle se reconstruire après ça ? Qu’a-t-elle fait de mal, à qui ? On l’a enfermée, privé ses enfants de leur mère, le mari déjà humilié doit en plus gérer la situation, faire face aux regards… Pouah !! Quel gâchis, c’est cher payer je trouve.


http://abcnews.go.com/US/brittni-colleps-texas-teacher-group-sex-students-shes/story?id=17338821

Lola lit Avant d’aller dormir ♥

avant-daller-dormirChristine se réveille chaque matin dans la peau d’une adolescente. Depuis son accident, elle est amnésique et oublie absolument tout, sauf quelques scènes de son enfance et d’adolescence. Et chaque matin, Ben, l’homme à côté duquel elle se réveille et qui est son mari lui raconte sa vie, son fils Adam, mort en Afghanistan, l’incendie de la maison qui a ravagé toutes les photos et enfin l’accident. Mais un matin, elle reçoit un appel téléphonique, le docteur Ed. Nash lui donne RDV et lui explique qu’il s’occupe d’elle en douce de son mari qui souhaite qu’on leur fiche la paix. Il lui propose d’écrire un journal. Et c’est là que les ennuis commencent… Ben ment, pour son bien à elle ou pour le sien ? Des souvenirs refont surface, une agression dans une chambre d’hôtel, un homme qu’elle ne voit pas, et sa meilleure amie Claire, l’a-t-elle vraiment laissée tomber ? Adam est-il vraiment mort sur un champ de bataille ? Qui est Ben ? Qui est-elle ?

Un vrai suspens à l’américaine, de temps en temps, c’est agréable. Bon c’est un peu répétitif et à un moment, j’ai eu hâte que ça se termine, j’avais vraiment envie de savoir.

Lisez-le !

Moi, je vais aller voir l’adaptation ciné de Rowan Joffe avec Nicole Kidman dans le rôle de Christine. Bande Annonce


Avant d’aller dormir / SJ Watson – Editions Sonatine 2011 – titre original Before I go to sleep – 400p