Yaki lit Otages intimes

otagesintimesLire un livre de Jeanne Benameur c’est accepter de se laisser transporter par l’écriture, quelque soit le sujet qu’elle aborde. C’est toujours beaucoup de sensibilité et d’émotion, le tout porté par une jolie écriture, poétique même parfois. C’est encore le cas avec Otages intimes. Ici c’est l’histoire d’Etienne qui nous est contée. Photographe de guerre, après des mois passés comme otage, il est enfin libéré et cette libération qui devrait n’être que joie n’est pas si simple… Etienne se questionne sur lui, sur ce qu’il a vu, sur le sens de sa vie. Comment peut-on se reconstruire après une telle épreuve ? Etienne commence par rentrer au pays, dans la maison de sa mère, dans le bureau de son père disparu, avec son ami Enzo, l’ami de toujours puis avec Jofrenka, la troisième de leur trio d’enfance. On suit Etienne, mais on suit également ceux qui lui sont proches, on rentre dans leurs pensées et ils nous accompagnent bien après la dernière page. Un joli petit récit.


Otages intimes / Jeanne Benameur, Ed. Actes Sud, 176 p.

Lola lit Et Nietzsche a pleuré ♥

irvinyalomL’auteur, Irvin Yalom imagine une rencontre entre le dépressif Friedrich Nietzsche et Josef Breuer, médecin et physiologiste autrichien, dont l’étude d’Anna Q inspira Freud.

Vienne fin du XIX, Lou Salomé vient trouver l’éminent docteur Breuer et lui demande avec insistance de prendre en charge son grand ami Nietzsche, qui en plus d’être de santé fragile et d’un caractère insupportable, se laisse aller depuis leur séparation et l’échec de leur ménage à trois avec Paul Rée, à un grand désespoir. Elle est très inquiète et souhaite que Breuer le rencontre, le convainc de se laisser soigner et lui redonne goût à la vie. Malgré les réticences du philosophe et du médecin, ces deux personnages incroyablement brillants vont se rencontrer et, de séances en séances, discuter, se confier et s’entre-aider. Chacun persuadé que l’autre est le patient et lui le soignant. C’est la découverte de la psychanalyse, la naissance de la psychologie, comme médecine qui guérit les corps en soignant les esprits.

Un roman particulièrement intéressant, un mélange de faits réels et fictifs, car cette rencontre aurait été possible puisque les deux hommes évoluaient dans le milieu amical et géographique. Un roman tellement agréable à lire, dans une belle langue fluide, jusqu’à la fin, que j’ai trouvée géniale !


Et Nietzsche a pleuré / Irvin Yalom – Editions Gaalade  2007 / titre original When Nietzsche Wept 1992 – 448p

 

Lola lit 2084 la fin du monde

2084Ati, la trentaine, quitte enfin le sanatorium où il était soigné pour une tuberculose. Ati est guéri mais un autre mal s’est emparé de son esprit, le doute. Tout ce temps passé à réfléchir, à faire des rencontres, a fait voler ses certitudes, depuis Ati est persuadé qu’un autre monde existait avant Char, la Grande Guerre Sainte de 2084. Mais dans l’empire totalitaire qu’est l’Abistan, il n’y a pas de place pour le doute. La vie entière de la population est organisée selon des rites religieux rigoureux, la même pitance pour tous, les mêmes vêtements, prières et soumissions, délations et exécutions rythment les journées de ces hyper-croyants maintenus dans l’ignorance. Ati prend un risque énorme en développant une pensée personnelle mais il ne peut plus reculer, avec l’aide de son ami Koa, ils prennent la route à la rencontre des mécréants, des bannis qui vivent en marginaux, dans des ghettos, pour essayer de comprendre jusqu’à en perdre la vie.
Un thème très intéressant, mais hélas, la dimension romanesque du livre est secondaire. Les personnages n’ont pas de consistance, pas d’histoire, ils ne sont pas attachants, la vie d’Ati aurait pu être riche en aventures en rebondissements, mais elle sert surtout à justifier de longues descriptions détaillées, des explications superflues, des développements abscons. Par contre la probabilité du futur proposé par l’auteur fait froid dans le dos.

 2084 la fin du monde / Boualem Sansal – Collection blanche Gallimard 2015 – 288p

Lola lit Boomerang

boomerangMélanie a 40 ans, Antoine son frère décide de l’emmener à Noirmoutiers  dans l’hôtel où 35 ans auparavant ils ont passé leurs dernières vacances estivales avec leur mère, Clarisse, brutalement décédée d’une rupture d’anévrisme. Le week-end est chargé en émotion, les souvenirs resurgissent, les images de bonheur abondent mais il est temps de rentrer à Paris, de retrouver leur vie qui a basculé depuis cette tragédie.

Sur le chemin du retour, Mélanie n’a pas le temps de raconter à Antoine ce qui lui est revenu la veille à propos de Clarisse et qui l’a bouleversée, la voiture quitte l’autoroute et s’encastre dans la barrière de sécurité. Lui s’en sort indemne, elle échappe de peu à la mort mais doit rester à l’hôpital. Il ne peut se résoudre à la laisser seule, il se sent responsable. Alors il reste à son chevet et rencontre dans les couloirs de l’hôpital, la belle thanatopractrice de l’hôpital, dont il tombe amoureux.

Lorsqu’ enfin, Mélanie se souvient et raconte à son frère ce souvenir très perturbant, ils décident de mener une enquête pour comprendre ce qui est arrivé à Clarisse.

Un roman bien ficelé, l’intrigue est bien menée, il n’y a pas de temps mort mais on prend tout de même le temps de s’interroger, et de comprendre.

Tatiana de Rosnay a écrit en 2007 le formidable « Elle s’appelait Sarah » merveilleusement adapté au cinéma par Gilles Paquet-Brenner avec Kristin Scott Thomas. L’adaptation de Boomerang de François Favrat avec Laurent Lafitte, Mélanie Laurent, vient de sortir, j’ai hâte de le voir !


 

Boomerang / Tatiana de Rosnay – Editions Héloïse d’Ormesson 2009 – titre original A Secret Kept – 384p

Yaki lit Le mystère de Lucy Lost

Dans Le mystèlucyre de Lucy Lost, le roman de Morpurgo, nous suivons deux histoires parallèles, celle d’Alfie, qui vit sur l’archipel de Scilly et celle de Merry, une jeune fille américaine.

Lors d’une sortie de pêche avec son père, Alfie trouve une jeune fille réfugiée dans une des îles de l’Archipel. Le seul mot qui semble sortir de la bouche de la jeune fille est Lucy, pour le reste elle est muette et on ne sait pas d’où elle vient. La famille d’Alfie décide de l’héberger jusqu’à ce qu’elle retrouve sa voix et sa mémoire. 

Merry vit dans une famille aisée en Amérique. Son père parti se battre en Europe est blessé. La mère de Merry décide de le rejoindre avec Merry.

Bien sûr ces deux destins vont se rejoindre et l’on comprend très vite de quelle façon mais ce n’est pas là l’essentiel du récit. 

Ce qui rend ce roman si intéressant c’est avant tout le contexte historique très bien décrit. Et ce qui le rend attachant ce sont les personnages, les liens qui se nouent entre eux, l’attachement qui va les lier. La vie des insulaires est aussi très bien dépeinte. Il y a sans doute quelques longueurs mais c’est tellement bien écrit qu’il n’est pas désagréable de passer un bon moment dans l’univers de Morpurgo.

Un coup de cœur pour moi !



Le mystère de Lucy Lost
 / Michael Morpurgo, Ed. Gallimard Jeunesse, 448 p.

Lola lit Au pays du p’tit

Au-pays-du-ptitA l’occasion de la sortie de son dernier livre « Au pays du p’tit », Romain Ruyssen, sociologue français, la quarantaine bien tassée est invité à Moscou lors de la Semaine Française, où il doit intervenir devant un parterre d’intellectuels de tous pays. Son livre agite les esprits puisque son auteur y fustige la France et les français, une cohorte de paresseux, râleurs, vindicatifs revendicateurs, moroses, fraudeurs, dépressifs, arrogants… De retour à Paris auprès de sa compagne Caridad, il lui tarde de retourner à Moscou retrouver la jeune Janka Kucova croisée à la Maison centrale des Artistes. Il sert un nouveau mensonge à la trop compréhensive Caridad et rejoint l’étudiante slovaque pour un week-end à plusieurs milliers d’euros. Mais Romain n’en a cure, il a pu assouvir une nouvelle fois ses envies de sexe avec une inconnue qu’il délaisse aussitôt. Mais Janka Kucova n’est pas d’accord et va lui faire payer. Ah ! on tient enfin notre vengeance mais c’est sans compter sur la dernière phrase du roman.

Le héros, ou plutôt l’anti-héros à la Houellebecq, est à l’image du peuple qu’il abhorre; détestable, cynique, désabusé, égoïste, mais on ne peut s’empêcher d’admettre que la plupart des traits de caractères dépeints ne sont pas inventés, simplement mis en exergue, ce qui en fait un roman assez particulier à lire, presque dérangeant. Reste l’écriture de Nicolas Fargues, précise, efficace, sans fioritures que j’avais apprécié dans La ligne de courtoisie.


Au pays du p’tit / Nicolas Fargues – Editions POL 2015 – 240p

Lola lit D’après une histoire vraie ♥

Je viens de tourner la dernière page du dernier roman de Delphine de Vigan

 VERTIGINEUX

Lu dans la journée parce qu’il m’était impossible de m’en détacher. Tout y est, les personnages, l’intrigue, l’ambiance, le rythme, l’écriture. Ça faisait un moment que je ne m’étais pas régalée comme ça. Un très astucieux et haletant mélange de fiction et de réalité. On ne sait plus démêler les éléments du roman et ceux de la bio. Je ne vous raconte pas l’histoire, le roman figure dans toutes les listes des prix littéraires de cette rentrée 2016, vous trouverez un résumé très facilement. Moi, je ne vous dis qu’une chose : lisez-le !

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 D’après une histoire vraie / Delphine de Vigan – Editions JC Lattès  2015 – 484p

Mimi lit Les séparées

Khétévane-Davrichewy-Les-séparéesL’histoire d’amitié de deux filles, puis deux adolescentes et enfin deux femmes. On comprend très vite que cette belle histoire d’amitié a pris fin mais on ne sait pas pourquoi. Cécile est dans le coma, elle écrit  (dans sa tête) à son amie Alice, elle revient sur les moments forts qu’elles ont partagés, elle s’interroge. Elle parle aussi de ce qu’elle perçoit autour d’elle,  de ce qu’elle entend sans pouvoir réagir, de ce brouillard dans lequel elle est plongée. Faut-il se réveiller ou se laisser emporter ?

Alice ne sait pas que Cécile est dans le coma, mais elle aussi revit à travers des photos et des magasines les années passées au côté de son amie Alice. Elle nous parle aussi de l’actualité et nous transporte dans les années 80, puis 90 et les années 2000. Au-delà de cette histoire d’amitié, ce livre relate la vie de deux femmes qui approchent de la cinquantaine, les rêves qu’elles ont pu avoir, les choix qu’elles ont faits, les chagrins, les joies, les blessures et enfin cet instant de réflexion qu’elles s’accordent chacune à sa façon.

Ce livre m’a beaucoup touché, j’ai eu un peu de mal à rentrer dedans mais une fois que c’était fait, je ne l’ai plus lâché. Je l’ai lu d’une traite et m’apprête à le relire une deuxième fois.


 

Les séparées de Kéthévane DAVRICHEWY – 2012

 

Mimi lit Trois jours à Oran

Trois jours à Oran de Anne Plantagenet – Edition stock, 2014

3jàoranJ’ai toujours été attirée par les livres qui parlent du Maghreb en particulier, et de l’Afrique et l’Orient en général. Le titre de ce livre m’a donc interpellée : Oran une ville d’Algérie, Anne Plantagenet un auteur français…  De quoi cela pouvait-il bien s’agir ?

Ce livre est raconté à travers la voix d’une femme, fille et petite-fille de pieds-noirs, qui cherche une légitimité dans cette ascendance qui ne dit pas tout. Bercée par les histoires embellies que sa grand-mère lui racontait, elle comprend en grandissant que tout n’est pas si simple. Les pieds-noirs ne sont pas seulement les victimes qu’ils prétendent  être… Elle pense que cette ambiguïté dans laquelle elle a toujours vécu, a influencé ses choix. Arrivée à un tournant de sa vie, elle décide d’aller avec son père de l’autre côté de la rive, à Oran, le pays de sa grand-mère et celui de son père à la recherche de …quoi,  au juste ?

A travers quelques photos qu’elle décrit,  les souvenirs de famille et ce voyage,  Anne Plantagenet semble raconter sa propre histoire sans pour autant faire l’autopsie de ces relations très compliquées entre  les  pieds-noirs  et  l’Algérie.  Tout  au  long  de  ce  périple,  elle  nous  raconte  en  parallèle l’événement qui a bouleversé sa vie.

A l’exception de quelques clichés et raccourcis sur l’Algérie qui m’ont un peu gênée, ce livre raconte la souffrance des pieds-noirs qui parfois s’est transformée en racisme. Au-delà de la génération qui a vécu ce départ douloureux, j’ai pris conscience que leurs petits enfants aussi, qui n’ont jamais connu cette époque, portent en eux des traces ou -oserais-je- dire des séquelles et des questionnements, qui peut-être, façonneront leurs vies.

 

Lola lit Les esprits de l’eau

christiewatsonAu Niger, la petite Blessing vit à Lagos, dans la seule rue éclairée. La vie est belle, ses parents travaillent, son frère a de grandes ambitions professionnelles, ils nagent dans le confort moderne, ils sont heureux. Mais le jour où son père part avec une autre femme, le monde de Blessing s’effondre, il faut quitter le bel appartement, l’Ecole internationale des Futurs Décideurs, le confort et la sécurité pour s’installer à Warri, un village reculé au bord du Niger, chez ses grands-parents maternels. La vie s’organise, malgré la peur et la violence des bandes d’adolescents armés, chacun tentant de s’adapter à cette nouvelle vie, si difficile car tellement différente, jusqu’à l’arrivée de Dan, le fiancé blanc de mama, qui va semer le trouble et la discorde.

C’est un joli roman émouvant, qui décrit la triste réalité d’un pays malmené par les guerres ethniques et religieuses, un pays que l’auteur Christie Watson, connait bien puisqu’elle y a vécu longtemps.


Les esprits de l’eau / Christie Watson – Editions Denoël & d’ailleurs 2013 – titre original Tiby Sunbirds Far Away – 480p