Yaki lit In utero

in uteroIn utero est le journal intime d’un futur père qui raconte ses réflexions sur la grossesse de sa femme, la Femme. Il décrit ses angoisses, ses doutes, ses réflexions sur l’avenir que l’on offre à nos enfants dans un monde qui semble aller si mal, bref tout ce qui lui passe dans la tête pendant l’attente de la naissance…

A priori un livre sur la grossesse ne me tentait pas spécialement et le fait que ce soit écrit par un homme n’y changeait rien ! Mais finalement, je me suis attachée à ce petit roman original. Les chapitres courts donnent un rythme sympathique au récit, il y a de la légèreté mais aussi des réflexions plus profondes. Il résume bien les angoisses des futurs parents et rappelle des moments de vie à ceux qui ont déjà passé ce cap. Sans être le “Roman du Siècle”, mais je ne pense pas que l’auteur y prétende c’est un petit roman qui change et qui fait du bien au milieu de cette rentrée littéraire bien grise !


In utero / Julien Blanc-Gras, Ed. Au Diable Vauvert, 190 p.

Yaki lit Perdue et retrouvée

perdueIl y a 13 ans, Laurel, 6 ans a disparu. Faith, sa petite soeur, a passé toute son enfance avec cette “présence absente”. Sa famille a éclaté, ses parents se sont séparés. Sa mère ne s’en est jamais remise et elle continue d’espérer. Son père a refait sa vie avec un homme, Michel, qui est d’une grande aide psychologique à Faith. Petit à petit, la vie a quand même repris son cours et Faith réussit à vivre dans un semblant de normalité. Elle partage son temps entre son père, sa mère, sa meilleure amie et son petit copain. Mais cet équilibre précaire est à nouveau bousculé quand une jeune fille prétendant être Laurel fait son apparition. Ses parents sont bouleversés, Faith se sent perdue dans ces retrouvailles, où est sa place dans cette nouvelle famille ? Bientôt cependant les jeunes filles trouvent des marques, commencent à avoir des relations de soeur. Mais…

J’ai apprécié ce roman, l’histoire et sa construction mais ce qui m’a le plus intéressée ce sont les réflexions de Faith. On parle toujours de la douleur des parents mais c’est la première fois que je lis un roman dans lequel c’est la soeur qui raconte. On comprend à quel point cela peut être traumatisant aussi pour un enfant d’être celui qui reste et de devoir vivre avec, de vivre avec le mal-être des parents, leur désespoir et leur espoir, et de se sentir à côté de tout ça, de ne pas vraiment trouver sa place quelque part. Et quand Laurel revient, qu’on impose à Faith d’aimer cette soeur qui est une inconnue pour elle, ses sentiments contradictoires et ses doutes sont très bien exprimés. J’ai moins aimé la fin mais ça reste au second plan pour moi.

Un roman à découvrir !


Perdue et retrouvée / Cat Clarke, Ed. R-jeunes adultes 2015, 406 p, titre original The lost and the found

Lola lit Héloïse, ouille !

ouilleHéloïse, la toute jeune nièce dévergondée du très religieux chanoine Fulbert, est fort portée sur la chose, surtout celle de son professeur particulier Pierre Abélard, philosophe réputé, admiré et respecté, que cette relation libidineuse va mener tout droit en enfer !

Ce roman de Teulé sonne comme une chanson paillarde, avec moult couille, con et autres vocables licencieux. Pourtant la passion entre Héloïse et Abélard, sous le règne de Louis VI le gros, est véritable et leur histoire d’amour tragique. Alors pour certains, l’histoire racontée par Teulé n’est rien de moins qu’un 50 shades moyenâgeux avec scènes de sexe, SM, humiliation, pratiques déviantes…, quand pour d’autres, cette magnifique histoire est salie, ridiculisée et réduite à une lubrique histoire de q sous la plume concupiscente de l’égrillard Teulé.

Une preuve supplémentaire que la lecture de certains faits historiques est indéniablement subjective 😀


Héloïse, ouille ! / Jean Teulé – Editions Julliard 2015 – 352p

Lola lit A quoi rêvent les loups


loupNafa Walid, jeune algérien, rêve de devenir un acteur à succès, riche et reconnu. Mais sa belle gueule ne suffit pas et il se retrouve chauffeur d’une famille très riche d’Alger. Il y côtoie le luxe et les paillettes jusqu’au jour où il assiste à une scène abominable : une jeune prostituée victime d’une overdose dans le lit du fils de la famille est achevée à coups de pierres. Nafa ne peut que se taire, alors il fuit l’horreur, la culpabilité et trouve refuge dans une mosquée. Il y puise une nouvelle force, fait des rencontres et se plait à rendre des petits services à la communauté. Mais très vite, il se retrouve enrôlé par des extrémistes.

Il y a 3 parties dans ce livre. Dans la première on découvre la vie de Nafa, ses rêves, ses déceptions.  Dans la deuxième, c’est la rencontre avec la foi et on se plait à imaginer que la vie va enfin sourire au jeune homme. Mais la troisième a brisé mes rêves…

C’est un roman difficile comme le sont tous les romans de Yasmina Khadra, parce qu’ils dénoncent la violence par la force des personnages. On assiste à la chute de Nafa en se disant qu’ils doivent être nombreux les Nafa ; ces jeunes gens qui cherchent un idéal, ont perdu tous répères, et suivent des chemins malgré eux tout en les ayant choisis. Et on comprend les mécanismes qui conduisent à cette folie.


A quoi rêvent les loups / Yasmina Khadra – Editions Julliard 1999 – 280p

Yaki lit Tout ce qui est solide se dissout dans l’air

TchernobylCe roman c’est l’histoire de plusieurs personnages qui sont ou seront tous liés les uns aux autres à un moment donné et tous plus ou moins liés à la terrible catastrophe de Tchernobyl. Evgueni, 9 ans, est un prodige de la musique, il est différent de ses camarades et de ce fait il est particulièrement maltraité. Grigori est un jeune chirurgien talentueux, blessé par sa séparation avec Maria. Maria était une journaliste qui, pour avoir été un peu trop dissidente, a été renvoyée, elle travaille à présent comme ouvrière dans une usine. Artiom est un jeune garçon qui vit dans un village près de Tchernobyl.

On suit pendant plus de 400 pages le destin de ces êtres humains avec en toile de fond l’horreur de Tchernobyl et la dureté d’un régime communiste qui vacille. On suit avec horreur l’incapacité des autorités à faire face, leur refus de faire appel à l’aide internationale, le dévouement de ceux qui se sont sacrifiés, en tout état de cause ou en complète ignorance. Et cela est fait avec beaucoup de délicatesse et même de poésie malgré la dureté du sujet. Même s’il y a quelques passages un peu longs, ce roman est un coup de cœur.


Tout ce qui est solide se dissout dans l’air / Darragh McKeon, Ed. Belfond 2015, All that is solid melts into air, 425 p. 

 

La sélection pour le Goncourt des lycéens 2015

  • Christine Angot, Un amour impossible, Flammarion
  • Isabelle Autissier, Soudain, seuls, Stock
  • Nathalie Azoulai, Titus n’aimait pas Bérénice, P.O.L.
  • Olivier Bleys, Discours d’un arbre sur la fragilité des hommes, Albin Michel
  • Mathias Enard, Boussole, Actes Sud.
  • Nicolas Fargues, Au pays du p’tit, P.O.L.
  • Jean Hatzfeld, Un papa de sang, Gallimard
  • Hédi Kaddour, Les Prépondérants, Gallimard
  • Simon Liberati, Eva, Stock
  • Alain Mabanckou, Petit piment, Seuil
  • Tobie Nathan, Ce pays qui te ressemble, Stock
  • Thomas B. Reverdy, Il était une ville, Flammarion
  • Boualem Sansal, 2084, Gallimard.
  • Denis Tillinac, Retiens ma nuit, Plon
  • Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie, JC Lattès

VERDICT le 17 novembre 2015 !

PS : Je vous rappelle que l’année dernière c’est l’excellent Charlotte de Foenkinos qui a remporté le prix.

PS2 : Retrouvez tous les lauréats ici

 

Yaki lit La maladroite

seurat-maladroiteLa maladroite c’est l’histoire de cette petite fille, Diana, maltraitée par sa famille et dont on découvre au fur et à mesure l’histoire à travers la vision de ceux qui ont été physiquement proches d’elle, de ceux qui se sont aperçus qu’il se passait quelque chose de terrible dans la vie de cette petite fille mais qui n’ont pas mesuré l’importance de ce qu’ils pressentaient, de ceux qui ont essayé de l’aider mais n’ont pas su ou pu aller au bout de leur démarche. Parce que ça parait bien simple de juger ! mais est-ce si facile d’être sur qu’un enfant est maltraité ? est-ce si simple de sauver un enfant des mains de ses tortionnaires dans un monde où le poids administratif est si lourd ? est-ce si simple d’enlever un enfant à ses parents quand les soupçons ne peuvent parfois être qu’un soupçon ? Ce sont toutes ces questions, qui n’ont pas de réponses, que j’ai vues dans ce roman coup de poing d’Alexandre Seurat. Il n’y a pas de pathos, le drame est là mais il est de toutes façons trop tard ! Il n’y a pas de jugement parce qu’on a beau dire personne ne peut être assuré d’avoir les réactions qu’il faut face à une telle tragédie. Le style pourrait paraître froid mais il permet au lecteur de prendre un peu de recul et de mieux pouvoir s’interroger, que ferait-on nous ?

Un beau texte inspiré, hélas, d’une histoire vraie…


La maladroite / Alexandre Seurat, Ed. du Rouergue, 121 p.

Lola lit Une bonne raison de se tuer

bessonLe 4 novembre 2008 en Californie est une journée particulière : Obama va être élu, Samuel assiste à la crémation de son fils Paul 17 ans qui s’est suicidé et Laura, une quadragénaire divorcée décide de mettre fin à ses jours. L’abattement de Samuel croise la résignation de Laura, sur fond de liesse américaine. La journée s’étire, lentement, chaque geste du quotidien est décrit en détail pour laisser le temps aux questions de faire surface. Samuel se demande comment continuer à vivre, combler cette absence, où trouver la force, quelle est sa responsabilité, a-t-il été un bon père, comment a-t-il pu passer à côté de la souffrance de son fils ? Pour Laura, la question est plutôt celle de l’après. Que diront ses fils Arthur et Vincent, va-t-elle leur manquer, lui en voudront-ils ? Et ses amis Julia et Jake, comprendront-ils son geste ?

Samuel et Laura vont se croiser, reconnaître leur souffrance dans un regard. Cette rencontre va-t-elle changer le destin ? Encore une question que Samuel et Laura se posent.

Attention, ce n’est pas un roman écrit par Marc Levy, donc pas de rebondissement à la fin, pas de baiser langoureux et salvateur sous les cris de joie de la foule à l’annonce de l’élection du premier homme de couleur à la tête des Etats-Unis !

Un roman comme je les aime, bien écrit, bien construit, qui se lit avec grand plaisir.


Une bonne raison de se tuer / Philippe Besson – Editions Julliard 2012 – 336p

 

 

Lola lit Nouvel an chinois

nouvelanchinoisDifficile de parler de ce livre déroutant, où le rêve et la réalité se fondent.
Difficile de suivre l’auteur et son héros, quand les pronoms sujet changent sans prévenir.
Difficile de trouver le rythme, saccadé, irrégulier, des phrases, des mots répétés.
Et finalement difficile de m’attacher à Ezéchiel, le jeune personnage principal, adolescent, dont le père est mort et la mère absente depuis cette disparition brutale.
Merci à Babelio et aux éditions Zulma


Nouvel an chinois / Koffi Kwahulé – Editions Zulma 2015 – 235p

 

Yaki lit Miniaturiste

leminiaturiste1686, Petronella Oortman quitte le village de son enfance pour rejoindre son mari, Johannes Brandt, qu’elle connaît à peine, à Amsterdam. Elle a tout juste 18 ans, son mari de 20 ans plus âgé est un marchand important d’Amsterdam. L’accueil qu’elle reçoit à son nouveau domicile est mitigé. Sa belle-sœur, Marin, la reçoit froidement, son mari l’ignore la plupart du temps. Deux domestiques vivent également dans la maison, Cordelia, une jeune servante au comportement plutôt familier pour une servante et Otto, un homme à la peau sombre, une curiosité pour la jeune Nella. Quelques jours après son arrivée, Johannes offre à Nella une somptueuse maison miniature, la réplique exacte de leur demeure. Vexée tout d’abord de ce cadeau pour le moins étrange, Nella contacte néanmoins un miniaturiste pour lui commander des objets afin de meubler sa maison miniature. Bientôt, elle reçoit les objets qu’elle a commandés puis des objets qu’elle ne commande plus. Etrangement ces objets semblent avoir une signification et un lien avec les événements réels de la vie de Nella. Ses liens avec Johannes, Marin, Cordélia et Otto évoluent, les événements se précipitent.

Déjà intriguée par le résumé de ce premier roman, j’ai eu un réel coup de cœur pour ce roman original, pour l’ambiance dans laquelle j’ai été plongée dès les premières pages, pour la période historique choisie très documentée. La maison miniature, les objets qui sont envoyés à Nella, le miniaturiste, sont autant de mystères que le lecteur a hâte de voir dévoilés. Les personnages sont extrêmement bien dépeints, l’évolution des relations entre chacun est touchante.

De plus, le roman est écrit au présent, ce qui apporte une proximité avec les personnages et le récit, c’est une réelle immersion dans l’histoire, le lecteur vit les événements en même temps que Nella !

C’est aussi un roman qui prend son temps, un vrai roman d’ambiance comme je les aime.

Un très bon moment de lecture !

http://www.lexpress.fr/culture/livre/jessie-burton-le-grand-succes-d-une-miniaturiste_1672461.html


Miniaturiste / Jessie Burton, Ed. Gallimard 2015, 512 p, titre original The miniaturist