Lola lit Check-point ♥

checkpointLe dernier roman d’un de mes auteurs favoris, JC Rufin, porte un titre bien étonnant. Lui qui, au sein de l’Académie française, avec les 39 autres « immortels » s’applique à « travailler, avec tout le soin et toute la diligence possibles, à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente et capable de traiter les arts et les sciences. » (Article 24 des statuts) en élaborant, entre autre ouvrage un dictionnaire, nous rappelle pourtant que ce terme ne figure pas encore dans les dictionnaires français contrairement à check-list ou check-up.

Malgré ce titre qui sonne comme une superproduction américaine ou un navet d’aventures français, je ne me suis même pas demandé si j’allais le lire, c’était une évidence, et, bien sûr, je l’ai dévoré. Une ambiance qui m’a fait penser au vieux film de Clouzot Le salaire de la peur avec Montand et Vanel, un film puissant dont l’atmosphère m’avait fascinée. Encore une fois les personnages de Rufin sont d’une force incroyable ; Maud, une jeune femme d’une vingtaine d’année, dont l’engagement dans l’action humanitaire relève d’idéaux, Lionel de quelques années son aîné, le chef de la mission, Vauthier dont on s’interroge sur les motivations, et enfin Alex et Marc anciens militaires et amis. Tous les cinq vont prendre la route vers la Bosnie alors en pleine guerre fratricide, à bord de deux gros camions poussifs remplis d’aides diverses. Dans ce huis clos oppressant, les groupes se forment, les alliances se font et se défont au rythme des kilomètres parcourus.

Génial !


Check-point / Jean-Christophe Rufin – Collection Blanche Gallimard 2015 – 400p

 

Lola lit Dans la foule

heysel

Le 29 juin 1985, en Belgique, au stade du Heysel, finale de coupe d’Europe de foot Liverpool vainqueur en titre contre la Juventus de Turin où joue Platini, alors meilleur joueur d’Europe, ballon d’or depuis 2 ans ; un match attendu et sous haute tension, surtout qu’en janvier de la même année, Liverpol a perdu un match contre la Juventus. Les suporters anglais qui comptent des bandes de hooligans, débarquent dans les rues de Bruxelles, et commencent à se mettre dans l’ambiance, bières, désordre sur les trottoirs, comportements agressifs, cris, chants, insultes… ils sont venus et ça se voit. Ils ont une revanche à prendre et entendent mettre les italiens au pas, en utilisant la violence s’il le faut. 60000 personnes sont attendues, à 17h, les tribunes se remplissent et les esprits (et pas que…) s’échauffent, insultes, provocations, jets de pierres, de canettes, on continue dans l’élégance et le fair play. Les anglais veulent en découdre, bousculade, mouvement de foule, panique, tout est hors contrôle, les spectateurs qui veulent quitter les tribunes sont coincés, écrasés, piétinés et soudain crack, tout s’écroule, murs, barrières, c’est l’horreur ! Et le bilan est terrible, 39 morts. Finalement le match sera joué, les organisateurs ont pensé que ça calmerait la situation. La vétusté des installations, les règles de sécurité insuffisantes ont été mis en cause, il y a eu des procès et des condamnations, des normes de sécurité ont été mises en place et Liverpool a été interdit de coupe d’Europe pendant 6 ans.

danslafoule

Le roman de Laurent Mauvignier décrit la trajectoire -avant, pendant et après la tragédie- de Jeff et Tonino venus de France, Geoff et ses deux frères aînés de Grande-Bretagne, Tana et Francesco de jeunes italiens en voyage de noces, et des bruxellois Gabriel et Virginie, tous venus assister au match du siècle ! Malheureusement je n’ai pas accroché. J’ai trouvé ça long, parfois inutile, j’ai sauté des passages complets sans avoir l’impression d’avoir raté quelque chose d’intéressant. Et puis à un moment, c’est la panique, il y a des morts, mais pourquoi ?? Heureusement que j’avais lu le résumé sinon j’aurais bien été incapable de comprendre ce qui se passait. Je suis passée à côté, pourtant j’avais très envie de le lire, ce drame du Heysel en 1985 m’avait bouleversée et j’avais aimé Autour du monde . Reste l’écriture de l’auteur, brillante.


 

Dans la foule / Laurent Mauvignier – Les Editions de Minuit 2006 – 376p


 

En lien avec l’auteur, l’oeuvre et la tragédie :

http://www.ina.fr/video/3191966001

http://www.telerama.fr/livres/stade-final,15923.php

https://www.youtube.com/watch?v=22SRWULgP9s

http://www.ina.fr/video/CAB8501419401

 

Lola lit Les notes de la mousson

lesnotesdelamoussonDans sa loge de gardienne d’un collège de banlieue parisienne, Angèle s’étiole et se fane. Certains soirs, dans les couloirs désertés, elle déambule en sari et bracelets de chevilles à grelots. Angèle a le mal du pays, l’Inde, qu’elle a été obligée de quitter pour rentrer en France s’occuper de ses parents vieillissants. En partant, elle a laissé Galta, sa fille adoptive qui n’a pas voulu la suivre. De son côté, à Pondichery, Galta s’interroge sur son passé, elle voudrait retrouver celle qui lui a donné tant d’amour et qu’elle a, pourtant, laissé partir sans plus jamais lui donner de nouvelles.

Et pourtant… Les notes de la mousson est un roman très/trop simple à lire, dont il m’est resté un vague sentiment de superficialité, comme si je n’avais lu que l’esquisse du roman de Fanny Saintenoy. Il m’a manqué l’essentiel, la profondeur ; les personnages, leurs relations en manquent, tout semble avoir été survolé. Même la richesse, les couleurs de ce pays incroyable de contrastes, de traditions sont à peine évoquées. J’ai attendu bon nombre de pages que l’histoire décolle, que les choses s’accélèrent, que la force soit avec nous avant de me rendre compte que je devrais me contenter d’un petit roman bien sage écrit dans un français commun, raisonnable et prudent.
Malgré tout, je lirai « Juste avant », son roman précédent dans lequel j’espère trouver un peu plus de l’auteur, de sa délicatesse, sa sensibilité que l’on devine tout au long des notes de la mousson.

Lu dans le cadre de Masse critique, merci à Babelio et aux Editions Versilio.


Les notes de la mousson / Fanny Saintenoy – Editions Versilio 2015

Lola lit l’excellent Laurent Gaudé

Laurent-GaudéLaurent Gaudé dont j’aime la ferveur et la douceur qui teintent ses romans. Son écriture brillante, simple, concise, poétique, lyrique me transporte. Et pourtant Laurent Gaudé ne se la pète pas du tout, quelle humilité ! Il met son talent au service de son histoire, de ses personnages, toujours si riches, si attachants. Après Sous le soleil des Scorta, Eldorado, Pour seul cortège, La porte des enfers et Ouragan, je me suis plongée avec impatience dans son nouveau roman Danser les ombres. Encore une merveille. Encore un roman qui m’a comblée.

Yaki l’a déjà lu et en a parlé ici.

 

Lola lit Amours

amoursAu début des années 1900, dans une maison bourgeoise du Cher, la maîtresse de maison apprend avec colère que Céleste la toute jeune domestique est enceinte. Il faut vite se débarrasser de cette grossesse et licencier la fautive. Que de soucis pour la délicate Victoire ! Mais son univers entier bascule lorsqu’elle surprend la réaction de son mari à l’annonce de la nouvelle ; elle comprend alors qu’il est le père de cet enfant. Elle pourrait chasser la bonne, divorcer d’Anselme mais après réflexion elle décide de profiter de la situation pour enfin avoir l’enfant qu’elle désire en vain depuis tant d’années. La grossesse de la bonne est tenue secrète, et Victoire fait croire qu’elle attend enfin un heureux événement. Lorsque l’enfant parait, Victoire le prénomme Adrien et l’arrache à sa mère. Malheureusement, elle ne comprend rien à ce petit corps qui, sans nourriture, dépérit. Céleste souffre de voir son bébé souffrir et chaque nuit, elle vole l’enfant dans la chambre de ses maîtres pour le nourrir et le choyer, et le redépose dans son lit au petit matin.

Une nuit, Victoire est réveillée par un bruit, elle se lève, monte à l’étage des domestiques et surprend Céleste et Adrien l’un contre l’autre dans le petit lit. Cette révélation va changer leur vie.

C’est une jolie histoire, celle d’un amour passionné entre 2 jeunes femmes, l’écriture est fine, agréable. Juste un bémol l’histoire d’amour apparaît trop brutalement, rien dans le caractère de chacune ne laisse présager qu’un tel abandon soit possible. Tout est trop rapide, pour moi 😛


Amours / Léonor de Récondo – Sabine Wespieser éditeur 2015 – 280p 

Lola écoute Viva

Un roman audiolib reçu par Babelio.
Un article difficile à écrire car ambivalent. En effet, j’ai aimé la lecture très agréable faite par Denis Lavant, comédien à la voix chaude, à la diction parfaite. J’ai aimé l’histoire incroyablement riche contée par Patrick Deville, qui débute avec l’arrivée de Trotsky au Mexique, terre des exilés, pays des révolutions, en 1937. Comme dans Peste et Choléra, le mélange entre romanesque et réel est très harmonieux, l’auteur est parfaitement documenté.
Par contre, j’ai trouvé compliqué d’écouter un tel roman ; il y a tellement de personnages légendaires, on y rencontre Frida Kahlo, Lowry, Artaud… et un foisonnement d’anecdotes, que je m’y suis perdue parfois. Et ce qui est si naturel avec un livre ; relire, rechercher dans les pages précédentes, reprendre une partie… relève de l’impossible avec un livre audio.
Pendant l’écoute, plusieurs fois je me suis dit que ce n’était pas grave si quelque chose m’échappait puisque j’allais le lire à mon tour.

A Tampico, le 8 janvier 1937, Léon Trotski et sa femme (à gauche) sont accueillis par Frida Kahlo (au centre) et le marxiste américain Max Schachtman. © Bettmann/CORBIS

A Tampico, le 8 janvier 1937, Léon Trotski et sa femme (à gauche) sont accueillis par Frida Kahlo (au centre) et le marxiste américain Max Schachtman. © Bettmann/CORBIS

Je me suis régalée avec l’entretien avec Patrick Deville à la fin du livre, entretien que je conseillerais d’écouter avant même le roman.


En lien avec l’auteur et l’oeuvre

http://www.seuil.com/livre-9782021135961.htm

Lola lit Jeu de lignes

jeudeignes

« Hervé Tullet (né en 1958 et vit à Paris) a publié son premier livre pour enfants en 1994 et est devenu depuis l’un des auteurs les plus innovants au monde de la littérature enfantine. Connu en France comme « le prince des maternelles », Tullet réinvente le principe de la lecture en apprenant aux jeunes esprits à développer leur imagination, leur indépendance et leur créativité. »

Ce petit texte si élogieux, lu dans le catalogue des nouveautés printemps 2015 des éditions Phaidon, m’a donné envie de feuilleter les livres pour enfants de cet auteur français qui cartonne dans le monde des livres pour enfants. Alors lorsque j’ai répéré « Jeu de lignes » dans la liste d’une masse critique de Babelio, je me suis jetée dans l’aventure car un esprit a toujours besoin d’être développé, élevé, entraîné…

Voici donc un petit livre cartonné, bicolore, jaune et rose, très lumineux.
Des traits droits, courbes, brisés, horizontaux, verticaux, des quadrillages, des vagues…
Toutes sortes de lignes peuplent ces pages découpées qui permettent aux petites mains (mais aussi aux plus grandes) toutes les créations possibles.
Un livre qui, posé sur la table du salon en évidence, excite la curiosité de chacun qui, quel que soit l’âge, n’hésite pas à l’ouvrir, à le manipuler, et à s’amuser. Ces lignes, on peut les assembler sagement, les mélanger astucieusement, les entrecroiser joyeusement, les combiner élégamment… Bref s’inventer artiste et imaginer des œuvres d’art.

Et il en existe plein d’autres ! Jeu de hasard, de balles, de construction, de lumière, de piste, de reflets, de sculpture…

jeudehasard jeudeballe jeudeconstruction jeudelumiere jeudepiste jeudereflet jeudesculpture

Lola lit Les 12 tribus d’Hattie ♥

CVT_Les-douze-tribus-dHattie_7583En 1923, Hattie, adolescente, et sa famille fuient la ségrégation raciale du Sud rural des Etats-Unis en 1923 et débarquent à la gare de Philadelphia. Très vite, elle épouse August et accouche de jumeaux Philadelphia et Jubilee qui décèdent à quelques mois d’une pneumonie fulgurante. Hattie culpabilisera toute sa vie de n’avoir pu sauver ses bébés. Elle sera une mère sévère et peu aimante pour ses autres enfants ; Floyd le trompettiste de jazz,  Six le prédicateur, Ruthie l’enfant de l’amour, Ella l’enfant offerte, Alice richement mariée et son frère adoré Billups, Franklin soldat à Saigon, Bell la traître, ou encore Cassie internée dans un hôpital.

Au fil des 10 chapitres, chacun consacré à une période de la vie d’un des enfants, on découvre, entre 1925 avec Philadelphia et Jubilee et 1980 avec Sala, l’histoire de la vie d’une famille, d’une maman, d’une femme, d’un pays. Une belle saga familiale, j’ai trouvé très intéressante la construction, le fait qu’on découvre l’histoire de Hattie au travers de l’histoire de ses enfants.

Un roman que j’ai dévoré !


Les douze tribus d’Hattie / Ayana Mathis – Editions Gallmeister 2012 – titre original The Twelve Tribes of Hattie – 320p 


http://www.elle.fr/Loisirs/Livres/Grand-Prix-des-Lectrices-de-ELLE-2015/Selection-Septembre/Selection-roman-Les-douze-tribus-d-Hattie-d-Ayana-Mathis-Editions-Gallmeister-2787398

Yaki lit L’ours de Dalécarlie

L’ours de Dalécarlie de Laure Malaprade – les éditions du net – 142 pages
l-ours-de-dalecarlie-laure-malapradeCe premier roman se passe en Suède où Emma rejoint sa mère au chevet de son grand-père mourant, Lennart. Ce grand-père elle ne le connaît pas vraiment, il a toujours été absent de sa vie, pas forcément absent physiquement c’est juste qu’il n’était pas vraiment là, il vivait dans sa solitude depuis que sa femme Saga avait disparu. Emma voudrait en savoir plus sur sa grand-mère Saga. Comment a-t-elle disparu ? Qu’est-elle vraiment devenue ? Sa quête lui fera découvrir une vérité qu’elle n’imaginait pas. L’histoire alterne entre la recherche de vérité d’Emma et ce qui s’est passé à la fin des années 40 dans la vie de Lennart et Saga.J’ai beaucoup apprécié ce roman très délicat et joliment écrit. J’ai apprécié bien sûr l’histoire de ce secret de famille, le suspense bien mené qui donne envie de connaître le fin mot de l’histoire. Les personnages d’Emma, de sa mère Ester, de la cousine de sa mère, Stina, sont bien dépeints, attachants. La relation entre Emma, Ester et Stina est touchante. Les flash-back sont bien vus, ils nous en apprennent chaque fois un tout petit peu plus, tout en maintenant le mystère.
Mais, j’ai surtout beaucoup aimé la peinture de la Suède, une jolie découverte pour moi. On ressent bien la rudesse du climat hivernal et en même temps c’est intéressant de comparer notre mode de vie, voire nos coutumes, avec celle de la Suède. C’est parfois très concret, ce qui donne un point de vue différent de ce qu’on peut lire dans d’autres romans sur les pays nordiques. Et tout ça en seulement 140 pages (version ebook) !
Un premier roman réussi ! Et une auteure à suivre…

 

Lola lit Je vous écris dans le noir ♥

paulinedubuissonPauline Dubuisson a été condamnée à mort 1953 pour le meurtre, avec préméditation, de son ex-fiancé Félix Bailly. Libérée pour bonne conduite après 9 ans de prison, elle quitte la France pour le Maroc en 1962 après avoir vu le film de Clouzot qui s’inspire de son histoire et dont le rôle principal est tenu par Brigitte Bardot. Ce film au titre mal choisi puisque Pauline n’y retrouve pas LA vérité mais celle que les français ont voulu croire et qui l’a conduite au cachot. Exilée au Maroc, où elle se fait appeler Andrée et tombe amoureuse de Jean qui la demande en mariage. Pourtant, en 1963, elle avale des barbituriques, et trouve la mort. A côté d’elle, on retrouve des pages recouvertes de son écriture, disparues depuis.

Jean-Luc Seigle a imaginé les trois cahiers qu’elle aurait pu écrire, et nous les livre à la première personne. On part à la rencontre de ce personnage singulier, mi-attachant mi-abject, mais fascinant. Loin du monstre décrit et condamné juste après la guerre, on découvre une femme blessée, humiliée. Une toute jeune femme tirée par les cheveux sur la place publique par des gens pleins de haine, tondue, rasée et violée, martyrisée, peinte de croix gammées pour avoir eu une relation avec un médecin allemand. L’auteur a mis toute sa sensibilité, sa délicatesse, sa compassion, son empathie pour écrire ce très beau roman.

Pauline Dubuisson voulait être médecin, elle était bonne élève, on imagine qu’elle aurait pu avoir une jolie vie dans le Nord de cette France qui l’a tant haïe, si elle n’avait été victime de la vindicte populaire.


Je vous écris dans le noir / Jean-Luc Seigle – Editions Flammarion 2015 


 En lien avec l’oeuvre, l’auteur

http://ici.radio-canada.ca/emissions/plus_on_est_de_fous_plus_on_lit/2014-2015/chronique.asp?idChronique=366880

http://www.lexpress.fr/culture/livre/la-verite-la-vraie-sur-pauline-dubuisson_1662049.html

http://television.telerama.fr/tele/films/la-verite,72412.php

Bande annonce du film La vérité

http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=3227.html