Lola lit En attendant Bojangles ♥♥♥

en-attendant-bojangles (1)J’ai pensé à Boris Vian en lisant ce premier roman de Bourdeaut. Le jazz de Nina Simone bien sûr, et la poésie, la folie douce de ce couple fantasque, le désespoir qui se cache derrière l’humour, la pétillance des situations, la cocasserie des personnages – Papa, Maman, l’Ordure le meilleur ami et Superfétatoire, l’oie exotique grincheuse – et surtout le regard bienveillant et plein d’amour du jeune fils. Et tout comme les histoires de Boris Vian, celle-ci ne se raconte pas, elle se lit, sourire aux lèvres et chagrin dans le cœur.

Alors je ne ferai pas de résumé, je vous conseille simplement de lire En attendant Bojangles, et de le lire vite !


En attendant Bojangles/Olivier Bourdeaut – Editions Finitude 2016 – 160P

Lola lit La trace ♥♥

latraceHoa, céramiste et Dale prof d’histoire à l’université font un voyage vers le Mexique, d’Asheville via El Paso à Sierra Mojada sur les traces de Ambrose Gwinnett Bierce, un journaliste écrivain américain, qui, à 71 ans, aurait rejoint les troupes du célèbre bandit Pancho Villa pendant la guerre civile au Mexique en 1913. Sa mort est un mystère puisqu’il a disparu sans que personne ne l’ait jamais revu. Cette virée pourrait être l’occasion pour ce couple anéanti par la disparition de leur fils Declan, de se retrouver. De ces disparitions, nous ne saurons rien, ou si peu, mais elles sont la raison de l’existence de ce voyage. Dale parle beaucoup de Bierce quand on imagine que Hoa voudrait entendre parler de son fils, cet absent si densément et tragiquement présent, et les rancœurs, les reproches affleurent durant ces kilomètres avalés, ces heures, enfermés dans une voiture. Et posés là, irrégulièrement, parcimonieusement des chapitres courts forment le sillon d’un trafiquant de drogue qui parcourt la même dangereuse région que Dale et Hoa. On cherche le point commun, le point de rencontre, le point de rupture, et on découvre, effarés, l’aventure au bout de la route. Un livre incroyable qui s’ouvre sur une scène d’une violence inouïe et qui plonge ensuite dans la torpeur d’un road movie accablant sous la poussière et la canicule du désert mexicain. Fascinant !


La trace/Forrest GANDER – Editions Sabine Wiespieser 2016 – The trace 2014 – 305P

 

 

 

 

Lola lit Cette nuit, je l’ai vue ♥

cettenuitYougoslavie – 2nde guerre mondiale – Cinq voix se succèdent pour tenter de percer le mystère qui entoure Veronicka, jeune femme slovène libre et fantasque. Stevo, un officier de cavalerie serbe ouvre la danse. Il raconte comme ils se sont aimés, les années de bonheur partagées après qu’elle a quitté son mari Leo. Et un jour, lui aussi elle l’a abandonné, et depuis, il l’attend. La deuxième voix est celle de Josipina, la mère de Veronicka, qui regrette d’avoir convaincue sa fille de quitter son amour d’officier et de retrouver sa vie facile et fastueuse auprès de son mari. Puisqu’un soir de janvier 1944, en pleine guerre, Veronicka et Leo ont quitté le manoir avec leurs invités et ne sont jamais rentrés. Puis le docteur allemand Hortz, un de leurs invités réguliers raconte les agréables soirées données au manoir en ces temps sombres, par ce couple si intéressant et si accueillant, dont il n’a plus jamais eu de nouvelles. Mais c’est grâce à Jozi, la domestique et confidente du manoir que nous commençons à entrevoir l’horreur de ce qui c’est passé cette terrible nuit. Et enfin, Ivan, le garçon qui venait donner un coup de main contre un petit salaire ferme le dernier chapitre de cette histoire tragique.

Tout commence comme une romance mais au fil des pages, on sombre dans l’indicible, l’incompréhensible, là où la nature humaine est vraiment dégueulasse. Notre attention est captée, notre intérêt grandit, on se met à chercher, à s’interroger, à vouloir comprendre et finalement la terrible fin nous bouleverse. Un roman saisissant !


Cette nuit , je l’ai vue/ Drago Jancar – Editions Phébus 2014 – To noc sem jo videl – 214P

Lola lit Naissance d’une vocation

simoneweilIl convient dans un premier temps de bien différencier Simone Veil née Jacob en 1927, la femme politique, première présidente du Parlement européen (1979) et première femme ministre d’État (1993), à qui l’on doit la légalisation de l’avortement en 1975. Et Simone Weil, philosophe, écrivain, journaliste, sœur d’André Weil, un des plus grands mathématiciens du XX, son frère adoré. Et même si ces deux-femmes ont des points communs, Danielle Netter a choisi de se pencher sur l’enfance de la philosophe, qu’elle décrit dans ce petit livre. La fillette, née en 1909, à Paris, de parents juifs alsaciens, montre dès son plus jeune âge une intelligence et une maturité bien au-delà de celles de ses camarades. Elle se passionne pour son frère, de 3 ans son aîné, lui-même d’une intelligence remarquable, qui partage avec sa sœur son travail scolaire, ses découvertes, ses idées, ses  réflexions. Simone l’admire mais se sent inférieure face à l’entendue des savoirs du jeune garçon. Très complices, ils ont une relation fusionnelle et exclusive. Le livre retrace l’enfance et l’adolescence de Simone et se termine lorsqu’à 22 ans, elle est reçue septième à l’agrégation de philosophie.

 J’aurais aimé que l’auteur nous raconte l’enfance de cette petite fille incroyable plutôt que d’énoncer des faits. Ce petit livre de 115pages s’apparente plutôt à un catalogue, très intéressant certes mais auquel il manque un peu d’émotions, de sentiments, d’humanité. Il m’aura toutefois donné envie de m’intéresser à cette femme au destin si particulier.

Merci à Babelio et aux Editions Riveneuve pour cette découverte.


Naissance d’une vocation/Danielle Netter – Editions Riveneuve 2016 – 128p

Lola lit Le piano dans l’éducation des jeunes filles

lepianoVolodia, jeune professeur de littérature à la fac, s’intéresse à la place du piano dans l’éducation des jeunes filles. Pour écrire son livre, il s’entoure d’Hérode, un homme de lettre grossier mais adulé, de Julien son ami journaliste, d’Anténor son directeur de thèse et d’Alexei, un russe mystique. Pour nourrir son sujet, Volodia l’amoureux, le passionné vit une relation avec Sonia la cynique et sexuellement insatiable, puis il s’attache à la brillante Asma et rencontre enfin l’amour pur avec Sophie Baxter, une pianiste reconnue qui le fascine.

L’auteur dont c’est le premier roman a déjà publié, entre autres, des essais sur la musique (Johannes Brahms), la philosophie (Cioran, Ejaculations mystiques) et la poésie (Rimbaud, Celui-là qui créera Dieu). Alors il y a beaucoup BEAUCOUP BEAUCOUP de références littéraires, Flaubert, Voltaire, Shakespeare, Nietzsche, Rimbaud et musicales évidemment. Et pourtant j’ai trouvé que Stéphane Barsacq -contrairement à d’autres- ne fait preuve ni de fatuité, ni d’arrogance et encore moins d’auto-satisfaction. Pour autant ce n’est pas une lecture loisir, j’ai dû m’accrocher un peu pour aller au bout.


Le piano dans l’éducation des jeunes filles/Stéphane Barsacq –  Albin Michel 2016 – 352 pages

 

 

Yaki lit Le pique-nique des orphelins

 

lepicnicdesorphelinsLe pique-nique des orphelins est la réédition du deuxième roman de Louise Erdrich paru en 1986 sous le titre “Une branche cassée”. Il s’agit d’une saga familiale qui se déroule pendant 40 ans dans le Dakota du Nord.  L’histoire débute au début des années 30 par l’abandon sur un champ de foire de trois enfants, Mary, Karl et Jude, par leur mère qui s’envole en biplan avec un cascadeur aérien. A partir de là les trois enfants vont vivre chacun un destin différent. Jude, le plus jeune encore tout bébé, est kidnappé par un homme et élevé par cet homme et sa femme en remplacement de leur propre enfant qu’ils viennent de perdre. Mary et Jude prennent le train pour rejoindre leur tante et leur oncle mais ils sont séparés. Karl va alors vivre une vie d’errance tandis que Mary s’intègre dans sa nouvelle famille et se rend vite indispensable, au grand désespoir de sa cousine Sita. Les destins des trois enfants se croiseront parfois.

Le pique-nique des orphelins est un roman choral, chaque chapitre raconte l’histoire d’un personnage principal ou parfois d’un personnage plus secondaire. Ce procédé permet de  suivre sans trop s’ennuyer la vie de ces personnages atypiques. Les personnages ont, en effet, un caractère bien trempé, surtout les personnages féminins. Cependant, même si je ne me suis pas ennuyée, je ne me suis pas attachée pas aux personnages, j’ai eu du mal à comprendre leurs choix de vies et je suis restée complètement extérieure à leur destin. De plus, j’ai eu l’impression de rester sur ma faim et je n’ai pas vraiment compris pourquoi le roman se termine à ce moment-là de l’histoire et pas avant ou après. L’écriture est, comme toujours, agréable, parfois poétique, mais ce roman me laisse un sentiment mitigé. J’ai préféré ceux qu’elle a écrits ensuite…


Le pique-nique des orphelins / Louise Erdrich – Editions Albin Michel 2016 – 480 p

 

Lola lit Facteur pour femmes BD

lefacteurQuelle magnifique couverture pour cette BD de Didier Quella-Guyot pour le scénario et Sébastien Morice pour les dessins et les couleurs !

1914, la Première Guerre Mondiale s’annonce. Pourtant sur cette petite île au large des côtes bretonnes, Maël lit les nouvelles avec indifférence. Pour lui, la guerre ne changera rien, il est boiteux, un peu simple, il n’ira pas, contrairement à tous les autres. L’île se vide peu à peu de ses hommes, les tâches sont redistribuées aux femmes. Mais il faut un facteur pour sillonner les chemins rocailleux et Maël a un vélo et connait très bien l’île. La distribution du courrier attendu et redouté, si précieux en ces temps de guerre lui est confié. Maël est gentil, serviable, il plaît à ces femmes esseulées, et même au-delà de ses rêves les plus fous !

L’histoire est intéressante, les dessins très beaux, quant aux couleurs, elles sont magiques ♥


Facteur pour femmes/ Didier Quella-Guyot et Sébastien Morice – Editions Grand Angle 2015 – 120P

Lola lit Le préféré

lepréféréTom a 4 ans ce Noël où ses parents lui offrent Ben, un petit frère fraîchement adopté au Brésil. Elisabeth, sa maman lui demande de l’aimer, de le protéger et lui impose de partager sa date d’anniversaire. Alors toute son enfance, Tom devra souffler la moitié des bougies du gâteau au chocolat alors qu’il aurait préféré une tarte au citron. Toute son enfance, Tom quémandera l’amour de sa mère, toute son enfance Tom attendra les félicitations de ses parents pour son travail et son comportement exemplaires. A la fin de la première partie de ce roman, Tom a 22 ans, il a quitté le domicile familial, vit seul dans un petit appartement, excelle à Sciences Po, et le premier lundi de chaque mois, il dîne chez ses parents et subit pour une soirée encore l’humiliation de l’indifférence. Le jour où Ben tombe éperdument amoureux de la superbe Grace, une camarade de promo de Tom, un séisme se prépare à bouleverser la vie de chacun. Parce que Grace aime Tom et que Tom se laisse aller à aimer Grace, et que Ben qui n’a pas l’habitude qu’on lui résiste menace de faire une grève de la faim. Elisabeth, leur mère, somme Tom d’abandonner sa petite amie pour ne pas faire de peine à son frère. C’en est trop !  Dans la deuxième partie, on le retrouve au Brésil  où il travaille dans un bar avec son nouvel ami Ricardo. Tous les 2 partent à la recherche de la mère biologique de Ben…

Mais je m’arrête là sinon, je vais vous dévoiler toute l’histoire et ce serait dommage. 

Que l’auteur donne la parole à l’enfant biologique des parents adoptants pour traiter de l’adoption est vraiment intéressant. Que la mère adoptante préfère l’enfant adopté à son enfant biologique est intrigant. Que le père s’efface et laisse son fils souffrir est incompréhensible. Malgré le thème, c’est une lecture agréable et facile, avec le Brésil en toile de fond. L’écriture est simple et fluide, il n’y a pas d’imbroglios, l’histoire se déroule chronologiquement [en dehors des cauchemars de Tom qui nous ramènent à son enfance et nous permettent de comprendre sa souffrance]. Et même s’il y a beaucoup de clichés et quelques invraisemblances, on se laisse embarquer par l’histoire qui connaît certains rebondissements assez bien menés.


Le préféré / Valérie NIVET-DOUMER – Editions Anne Carrère 2015 – 280p

Lola lit L’orangeraie ♥♥♥

orangeraieAziz et Amed ont neuf ans, frères jumeaux, ils vivent dans un pays en guerre.

Un jour, une jeep s’arrête devant l’orangeraie de Zahed, leur père. Un homme sort de la voiture entouré de soldats, s’entretient longuement avec Zahed, et repart en laissant un sac de toile. Les jumeaux sont curieux, que se cache dans ce sac ? La réponse effrayante, leur père va la leur livrer comme un secret ; une ceinture d’explosifs. Et Zahed doit choisir lequel de ses fils va porter cette ceinture, commettre un attentat suicide et mourir en martyr. Faut-il sacrifier Aziz, malade du coeur et déjà condamné ou Amed, plus robuste, moins vulnérable ?

Un tout petit livre d’une puissance incroyable. L’auteur, un québécois, réussit à parler de cette abomination, choisir lequel de ses enfants envoyer à la mort, avec poésie et retenue ; c’est troublant. Un de ces livres qui, des années après, nous donne des frissons juste à y repenser. Un livre impossible à oublier !


L’orangeraie / Larry Tremblay – Éditions Alto 2013 – 168p

Lola lit La terre qui penche ♥♥

laterrequiIl était une fois Blanche, une fillette de 11 ans au regard rebelle, orpheline de mère, qui vit avec son père. Blanche n’a qu’une envie : apprendre à lire, et à écrire son prénom. Mais le diable, parait-il, entre dans l’âme des filles qui savent lire. Alors Blanche comme les autres est confinée dans l’ignorance, jusqu’à ce jour de mai où son père la conduit au Château des Murmures pour l’offrir en mariage à Aymon, le fils un peu simple d’esprit du seigneur de Haute-Pierre et de sa femme Aélis. Finalement la fillette se plaît au château où elle est instruite et s’attache à ce si gentil garçon et à Eloi, le jeune charpentier qui l’a sauvé des eaux de la Loue. La rivière tantôt douce et aimante, tantôt sauvage et cruelle qui serpente sur le domaine révèle à Blanche le secret de sa naissance. Blanche pourrait enfin être heureuse aux Murmures, mais la mort va de nouveau croiser son chemin.

Quel plaisir de retrouver l’univers poétique de Carole Martinez ! Au cœur du Moyen-Age, une histoire contée à deux voix, la petite fille avant sa mort à 12 ans et sa vieille âme. La plus jeune avec vigueur, fraîcheur et innocence, l’ancienne avec raison, douceur et retenue.
Un texte joliment écrit où pointe un soupçon de cruauté et de crudité, au rythme de chants populaires, existants ou imaginés par l’auteure.


 

La terre qui penche/Carole Martinez – Gallimard 2015 – 362p


 

J’ai reçu ce livre dans le cadre des Matchs de la Rentrée Littéraire de PriceMinister-Rakuten.

#MRL15 #PriceMinister.