Lola lit Le grand saut ♥♥

Le 12 juillet 2020, Léonard s’effondre sur le carrelage de sa cuisine, trop d’abus ont fatigué son cœur qui n’a pas résisté. Léonard se doutait bien que ça finirait comme ça, qu’il mourrait seul dans sa cabane, isolé depuis 25 ans dans les montagnes loin des siens qui l’ont rejeté lorsqu’il est arrivé complètement saoul aux bras d’une « pute » à l’enterrement de Lize, sa femme et la mère de ses enfants. Mais je vais trop vite… Retour donc au 12 juillet 2020, le corps de Léonard glisse le long des placards, se rattrape un peu, avant de finir sa course au sol. Commence alors pour Léonard un voyage post mortem, il va revivre en spectateur, certains moments de son passé, des moments heureux (la naissance de ses enfants…), et d’autres malheureux (l’annonce de la maladie de Lize…) S’intercalent dans l’existence de Léonard, les chapitres de la vie de Zoé une fillette de 10 ans qui vit un quotidien difficile avec son père depuis que sa maman a été internée à l’hôpital psychiatrique à la suite d’un choc dont tous ignorent la nature.

Un roman sur les liens familiaux, lumineux et bouleversant. L’auteur s’efface pour permettre à Léonard de faire son chemin ; pas de jugements, pas d’arrangements, pas d’excuses, Léonard sait parfaitement ce qu’il a raté. Quant à Zoé, c’est une petite fille attachante, vive et pétillante malgré le drame qui se joue dans sa famille. A la fin, tout se met en place avec justesse et tout s’éclaire. Un roman très agréable à lire grâce à une belle écriture sans emphase. Un coup de cœur ♥


Le grand saut / Thibault Bérard – Editions de l’Observatoire – mars 2023 – 205p 


Lola lit Apprivoiser le stress et l’anxiété

Christine Cieur, docteure en pharmacie, experte en phyto et aromathérapie et Valérie Coester, docteure en médecine spécialisée dans les médecines naturelles, instructrice en yoga et méditation ont rassemblé dans ce guide pratique des moyens pour lutter contre le stress et l’anxiété. Après une longue introduction qui reprend certaines bases – besoins nutritionnels du cerveau, l’alimentation, hygiène de vie, le pouvoir des émotions, les outils thérapeutiques du bien-être – les autrices passent en revue chacune des affections liées au stress et à l’anxiété : crise d’angoisse, burn-out, choc émotionnel, dépression, asthénie, insomnie, et donnent des pistes pour traverser ces périodes difficiles le plus naturellement possible. Symptômes, conseils alimentaires et d’hygiène de vie, stratégies de traitement, ouvrent chaque chapitres, puis les solutions possibles en nutrithérapie, aromathérapie, olfactothérapie, oligothérapie, gemmothérapie, phytothérapie, homéopathie et élixirs floraux dont les fleurs de Bach.

J’ai appris beaucoup de choses et pris plein de notes ; mon livre est maintenant tout joliment coloré de stabilo ! C’est un guide qui s’adresse à tous-tes, stressé-e-s ou pas, anxieux-ses ou pas. Car on en traverse des petites phases de fatigue, de mélancolie, d’angoisse. Un deuil, un problème familial ou au boulot, et on peut vite se sentir démuni. Ici on trouve des conseils simples et accessibles, chacun y trouvera des solutions selon ses préférences. Moi j’ai particulièrement retenu l’olfactothérapie qui m’a beaucoup plu !


Apprivoiser le stress et l’anxiété / Christine Cieur et Valérie Coester – Editions Terre VivanteColl SantéNatur’ – janvier 2023 – 160p

Lola lit Astra

Astra est née à Celestial, une ferme autarcique de l’ouest canadien ; de Gloria, morte en couche et de Raymond Brine, marginal fondateur de la communauté qui a laissé grandir sa fille comme une sauvageonne sans contraintes et qui prend toutes ses décisions même les plus importantes au hasard d’un dé qu’il considère comme un talisman. Dans ce premier roman elliptique, on suit la vie d’Astra, on la découvre, on apprend à la connaître en 10 chapitres qui racontent chacun une tranche de sa vie du point de vue d’une personne différente. C’est Raymond qui ouvre le livre, il nous raconte l’arrivée de Gloria au camp, leur relation et la découverte de sa grossesse. Puis Kimmy, une fillette solitaire de sept ans, qui s’ennuie depuis la naissance de son petit frère, découvre Astra gambader dans le jardin à moitié nue et lui ouvre sa fenêtre. Clodagh ensuite, une figure maternelle, qui a vécu à Celestial avec ses adolescents Sativa et Freedom dont Astra tombe amoureuse. Suivent Brendon, Sativa, Doris, Lauren, Nick, Freedom et enfin Hugo, son fils. Avec chacun d’eux, Astra a passé du temps, a vécu, a eu une relation, ils ont tous fait partie de sa vie.

Astra est une héroïne complexe, mystérieuse, énigmatique mais elle est surtout sensible et terriblement attachante. L’écriture est fluide, agréable et la construction vraiment chouette car elle permet d’approcher Astra sous des angles différents. Un premier roman qui m’a beaucoup plu ♥ Et cette couverture est magnifique !


Astra / Cedar Bowers – Editions Gallmeister – janvier 2023 – 336p

Traduit de l‘anglais (Canada) par Juliane Nivelt

Lola lit La petite fille

Kaspar, la soixante-dizaine, libraire à Berlin vient de perdre sa femme. Dans la petite pièce où Birgit aimait écrire, il tombe sur des notes et découvre son lourd secret. Lorsqu’en 1965, Birgit avait quitté la RDA pour passer à l’Ouest où l’attendait l’amoureux Kaspar, elle avait laissé un bébé. Depuis, cet abandon la hantait et elle hésitait à retrouver sa fille. Kaspar décide de partir à sa recherche. Son enquête le conduit dans une communauté völkisch, un « mouvement qui met l’accent sur le caractère spécifique, exceptionnel, mystique du peuple allemand et le maintien de ses traditions ». Là, on est convaincu de la supériorité des Allemands, des liens de sang, de leur langue et de leur culture. Svenja, la fille de Birgit, a épousé un néo-nazi, et élève leur fille Sigrun dans le culte d’Hitler. A peine adolescente, Sigrun affirme haut et fort ses convictions : les étrangers sont trop nombreux et sont la cause des malheurs de l’Allemagne, le Journal d’Anne Frank est faux, et la cruelle et perverse Irma Grese surnommée «la hyène d’Auschwitz» une héroïne. Antisémite, raciste, complotiste, Sigrun est loin du milieu de ce grand-père cultivé qui grâce à l’argent qu’il donne au cupide mari de Svenja peut passer du temps seul avec sa petite fille. Il voudrait l’aimer pour Birgit et pour lui aussi. Elle est intelligente, alors il va essayer de l’ouvrir au monde, l’emmène au musée, lui paie des cours de piano, lui fait découvrir la ville, l’interroge sans la brusquer, ni critiquer les choix de ses parents.

Bernhard Schlink est un auteur allemand dont j’aime les romans. Je lui trouve des qualités formidables ; sa plume est au service des histoires qu’il raconte merveilleusement, ses personnages sont riches, fouillés, attachants, les décors authentiques. Ici encore, on retrouve des éléments riches de l’Histoire, la vie dans l’Allemagne coupée en deux avant la Chute du Mur, la montée de l’extrême droite, mais aussi plus simplement les relations entre un grand-père et sa petite-fille.

Bernhard Schlink a de grandes qualités de conteur. Son écriture est au service des histoires qu’il raconte, ses personnages sont riches, fouillés, attachants, et les décors authentiques. Après Le liseur, Olga, et Couleurs de l’adieu, encore un excellent moment de lecture !

La Petite-Fille / Bernhard Schlink – Editions Gallimard – Collection Du monde entier – 338 p.

Die Enkelin traduit de l’allemand par Bernard Lortholary

Lola lit Les manquants

Un manquant dans le vocabulaire viticole, c’est un cep de vigne mort ou déficient qui laisse un trou. Dans ce roman, Thomas a disparu mais je n’ai pas eu l’impression qu’il « manquait ».

Deux ans après, alors que Claire n’a jamais signalé cette disparition officiellement, elle est convoquée avec Joan et Hélène, deux amies du couple. La police qui enquête sur le meurtre de Marie S. (survenu 2 mois avant la disparition de Thomas) est remontée jusqu’à la piste de Thomas. Les trois femmes se livrent chacune leur tour sur leurs liens avec Thomas : l’une unie à lui par le mariage, l’autre par une amitié trouble et la dernière par une relation pas si simple. Mais qui était-il vraiment ? 

L’écriture est fluide et agréable mais le texte manque de rythme et de piquant, j’ai trouvé l’ensemble répétitif, long et monotone, presque ennuyeux. Il m’a manqué quelque chose pour être happée. Le sort de Thomas ne m’a pas vraiment intéressée, sa disparition anecdotique est plutôt l’occasion de parler de la vie des trois amies dont les vies auraient pu faire un roman passionnant : Claire a repris le vignoble de ses parents et s’est découvert une véritable passion, Hélène actrice inconnue vend ses charmes pour vivre, Joan exilée américaine sans papier joue à cache cache avec les services d’immigration. Au moment du roman, elles ont créé une communauté sur le modèle de la Commune de Tolbiac nous indique l’auteure dans l’épilogue. Mais ma curiosité n’a pas du tout été piquée ! Malgré cet avis mitigé, j’ai envie de découvrir les autres romans de cette autrice que je ne connaissais pas.


Les manquants / Marie Eve Lacasse – Editions Seuil – mars 2023 – 256p

Lola lit Crépuscule

Qu’il est lugubre et glauque le nouveau roman de Claudel. Tout ce que j’aime ! Aux frontières de l’Empire, dans un village éloigné et isolé balayé par le vent et la neige, le curé est retrouvé mort, la tête fracassée par une pierre. Ce sont les enfants du sabotier, Lemia et Douri qui donnent l’alerte. L’inspecteur Nourio et son adjoint Baraj sont chargés de l’enquête. Ce meurtre ébranle les communautés religieuses du village ; d’ailleurs, le Vicaire fait le déplacement et une grande marche est organisée qui emprunte un trajet curieux, s’arrêtant devant chaque maison de musulmans. L’Iman appelle à la vigilance, il sent bien que la tension monte, la fureur gronde et fait craindre des débordements. Mais évidemment, personne ne l’entend, si sa communauté n’a rien à se reprocher, il ne lui arrivera rien. C’est sans compter sur la bêtise et la folie des hommes !

Une atmosphère irrespirable, des passages écœurants, pas mal de trucs sexuels sordides (était-ce nécessaire ?), la mocheté des hommes, pour un roman qui m’a souvent mise mal à l’aise mais que j’ai lu parce que décidément j’aime beaucoup l’écriture de Claudel ♥


Crépuscule / Philippe Claudel – Editions Stock – janvier 2023 – 352p

Yaki lit L’orpheline de Foundling 

Dans le Londres du XVIIIème siècle, Beth, marchande de crevettes, se retrouve enceinte d’un marchand après une aventure d’un soir. Sans ressource, elle se voit contrainte de déposer sa fille sitôt née à l’orphelinat de Foundling. Quand six ans plus tard, après avoir économisé sou après sou, elle retourne chercher sa fille, celle-ci ne s’y trouve plus. Une autre femme se faisant passer pour elle l’a réclamée le lendemain de son abandon provisoire. Beth est bien décidée à récupérer sa fille et son entêtement va la conduire au service d’une femme recluse dans sa maison.

Le récit est construit par la voix de deux femmes, Beth et Alexandra qui racontent tour à tour leur histoire. Beth est un personnage attachant, qui n’a pas froid aux yeux. Alexandra est une femme brisée qui cache un lourd secret. L’intérêt du roman au-delà de l’histoire vaut par la description de l’époque, des différents milieux sociaux dont sont issues Beth et Alexandra. Le récit est fluide et agréable à lire. Un bémol pour une fin un peu trop « happy end » en décalage avec le reste du récit. Un bon moment de lecture !

#grandprixdeslecteurspocket


L’orpheline de Foundling / Stacey Halls –

Yaki lit Le pavillon des combattantes

Dublin, 1918. Alors que la guerre en Europe fait toujours rage, un autre combat se tient dans les hôpitaux, un combat contre une terrible grippe mortelle. Julia est infirmière dans une maternité où elle aide les femmes malades à accoucher. Il y a des femmes qui survivent, d’autres qui meurent, des bébés qui naissent vivants, d’autres pas ! La tension est constante, les soignants, eux-mêmes malades, se font rares ! Julia est seule ou presque. Une jeune femme bénévole, Bridie, l’assiste avec toute la ferveur dont elle est capable. Et de temps en temps, le Dr Lynn passe prodiguer quelques conseils et ausculter les patientes et leurs bébés.

C’est un roman vraiment très prenant qui trouve évidemment son écho dans la crise du covid, même s’il a été commencé avant la pandémie. Le récit écrit à la première personne nous plonge au cœur de l’action et nous permet de découvrir un contexte historique bien décrit et les conditions de vie très difficiles de l’époque. Une partie des hommes est encore au front, certains sont rentrés défigurés, transformés et peinent à retrouver une vie « normale ». Les personnages, presque exclusivement féminins, sont forts, touchants. Les femmes soignantes se donnent sans compter malgré l’effroi, la fatigue et leurs conditions de travail compliquées. Les descriptions sont parfois « crues » et il ne faut pas avoir peur de la description très « clinique » des accouchements. Bouleversant ! #grandprixdeslecteurspocket

Lola l’a lu aussi et a beaucoup beaucoup aimé ♥ 


Le pavillon des combattantes / Emma Donoghue – Les Presses de la Cité – 2021 – 336p – traduction Valérie Bourgeois

Lola lit Le livre de Liane

Le livre de Liane est inspiré de l’histoire tragiquement vraie de Diane Lemaitre, la vingtaine qui s’est suicidée le 4 mai 2016 suite à des années de harcèlement scolaire. Mais ça, dans la famille, personne ne le savait car Diane n’en avait jamais parlé.

Le roman commence le 1er mai 2018, juste avant minuit, Louise, expatriée à Singapour, attend avec impatience les messages pour son anniversaire. Qui cette année va être le premier ? Son père évidemment ! Mais ce n’est pas pour lui souhaiter son anniversaire, mais pour lui apprendre le décès par suicide de sa sœur Liane. Sous le choc, la narratrice attrape le premier avion et au terme d’un voyage de 16h, elle débarque à Toulouse avec James, son amoureux. Commence alors le terrible parcours de ceux qui restent et ne comprennent pas. Comment est-ce possible que personne ne se soit rendu compte de la détresse de Liane, n’ont-ils pas perçu les signes, entendu les messages ? Dans l’appartement de Liane, Louise et son père trouvent son journal, ainsi que des rapports médicaux et d’anciens dépôts de plainte. Louise se lance alors dans une enquête, elle veut comprendre et surtout retrouver cet homme louche qu’elle a aperçu au cimetière et qui n’est sûrement pas étranger au drame. De retour à Singapour et malgré les récrimination de James et de son patron, Louise avec l’aide de Maeva, la petite amie de Liane, remonte les années de calvaire de sa sœur presque jumelle.

« Ce livre a été écrit à quatre mains. L’une des narratrices est vivante, l’autre est décédée. » nous prévient le prologue. Agathe l’autrice est devenue Louise dans ce roman construit comme une véritable enquête, qui mélange des documents authentiques et les démarches de Louise. Un roman comme un thriller, une course pour la vérité, qui embarque le lecteur. On s’interroge, on commence à douter. Liane s’est-elle vraiment suicidée ? La fin est étourdissante.

Extrait du journal de Diane « Pendant les nombreuses années de mon enfer, je n’ai jamais été frappée. J’aurais bien aimé, pourtant.  J’aurais aimé prendre des coups, avoir des bleus et des plaies. J’aurais aimé avoir des blessures pour pouvoir les montrer au monde en disant, en hurlant « Regardez ce que je vis ! ». Ça n’a pas été le cas. Je n’ai été blessée qu’à l’âme. (…) Je n’ai jamais osé en parler à l’époque. Intimidée, je n’osais pas répliquer, j’avais trop honte pour aller voir le personnel du collège et je n’en parlais pas non plus chez moi. Et plus je m’embourbais dans le silence, plus il était compliqué d’en parler. »


Le livre de Liane / Agathe Lemaitre – 1harper Collins – mars 2023 – 304p

Lola lit Roman fleuve ♥

Roman Fleuve - 1A la terrasse d’un café parisien, après quelques bières 3 copains trentenaires, amateurs d’aventures, atteints du syndrome de Tom Sawyer, font le pari complètement fou de descendre la Seine jusqu’à la mer. Eté 2018, à bord d’un canoé 2 places de 3m80 ayant appartenu à Véronique Sanson et baptisé Bateau, une tringle et un rideau de douche en guise de mâts et de voile, Hubert l’auteur capitaine écrivain et journaliste, Samuel étudiant brillant et François le major latiniste prennent la mer ou plutôt le fleuve, du pont du Garigliano vers Honfleur. Une aventure à la rencontre du peuple des berges, une galerie de personnages incroyables, extravagants, hauts en couleur, riverains du fleuve. Une histoire d’amitié, d’engueulades, de jalousies, de petites galères. 3 potes sont sur Bateau, parfois l’un tombe à l’eau…

Un roman ambitieux, réjouissant, espiègle et joyeux. Un trio de choc délicieusement hétéroclite et attachant. C’est drôle et même hilarant mais c’est surtout intelligent et très bien documenté, j’ai appris beaucoup de choses follement intéressantes et je me suis bien amusée.

L'écrivain et journaliste Philibert Humm, entre ses deux potes de galère, Samuel et François.


Roman fleuve / Philibert Humm – Editions Equateurs – aout 2022 – 287p