Lola lit Les petites amoureuses

Les petites amoureuses par BenadorEté 41, Lola et sa famille quitte l’Isère pour le Maroc où son père espère qu’ils y seront à l’abri de la folie antisémite. Le dépaysement est brutal pour Lola, ses frères et ses parents. Très vite la jeune fille va explorer les rues de Casablanca et se retrouver aux portes de Bousbir, le quartier chaud de la ville où Lola fait la connaissance de Shéhérazade, une adolescente marocaine de son âge qui danse (et plus ?) dans une maison close.

Un roman qui ne m’a pas vraiment emballée mais que j’ai lu jusqu’au dernier mot. La plume est jolie et l’ensemble est assez délicat et poétique, l’atmosphère est très juste mais je n’ai pas eu le temps de m’attacher aux personnages ; la relation des filles est survolée, elle manque de profondeur. Les personnages secondaires sont sans épaisseur. Mais je garde précieusement le nom de cette toute jeune auteure et je vais la suivre de très près.


Les petites amoureuses / Clara Benador – Editions Gallimard – aout 2022 – 144p

Lola lit Ils vont tuer vos fils

Ils vont tuer vos filsGuillaume a 13 ans et il aime les trucs de filles depuis qu’il est petit. Ce n’est pourtant pas un crime ! Au début du roman, Guillaume est dans le bureau du juge où il accuse son père d’attouchements. Mais la juge est sceptique, où est la limite entre la toilette qu’un père fait à son fils et l’inceste ? Finalement, Guillaume sera séparé de sa mère et envoyé en foyer. Mais là n’est pas sa place, il veut juste être libre Guillaume, libre de porter des vêtements féminins, des talons hauts et de se faire appeler Rafaella. Cette recherche de la liberté à tout prix est complètement incomprise par son environnement et le conduit en hôpital psychiatrique.

C’est un roman difficile car même si ce n’est pas un récit, l’auteur s’est appuyé sur sa propre expérience de l’homophobie. Et c’est un sujet touchant qui me bouleverse. Je ne comprends pas pourquoi on ne pourrait pas se foutre un peu la paix les uns aux autres !! Le point de départ de ce roman que Guillaume Perilhou dit porter en lui depuis des années, est un jugement qui a été rendu à Venise en 2017. Un jeune ado jugé trop efféminé par les responsables de son école qui ont alerté les services sociaux, a été retiré à la garde exclusive de sa mère par la justice sous prétexte qu’il n’avait que des modèles féminins (sa mère et sa sœur) et que c’était le manque de son père qui l’avait « corrompu ». Le gamin de 13 ans avait donc été placé en foyer ! Guillaume va donc, sous la plume de l’auteur, subir la même bêtise.


Ils vont tuer vos fils / Guillaume Perilhou – aout 2022 – 160p

Lola lit On était des loups

couvertureLiam et Ava vivent complètement isolés dans la montagne sauvage avec leur petit garçon de 5 ans dans des conditions de survie extrêmes. Mais un jour au retour de la chasse, Liam retrouve son fils couché sous le corps sans vie d’Ava tuée par un ours. Incapable de s’occuper de lui dans cet environnement hostile, Liam doit absolument se débarrasser de ce fils dont il ne sait que faire ; c’est Ava qui s’occupait de l’enfant, lui il piste, chasse, tue et dépèce. Il n’a pas d’instinct paternel, ni d’affection, ni de tendresse pour Aru. Il décide de descendre l’enfant en ville pour le confier à son oncle. Mais contre toute attente, l’oncle refuse.

Un roman qui attrape, secoue et retourne ! On est happé par les grands espaces ; la nature est âpre, intense et effrayante tout comme l’atmosphère du roman. Ecrit à la première personne, Liam raconte comme il peut, les mots lui manquent, il s’exprime mal. On le sent complètement perdu, la disparition d’Ava l’a brisé mais la présence de son fils l’accable. Plus rien ne va, la vie qu’il a choisie ne peut pas être remise en question par cette tragédie. Il doit trouver une solution. C’est bien ! ♥

On ne peut pas ne pas penser à La Route de Cormak Mc Carthy, qui raconte l’errance d’un père et son fils dans un décor post-apocalyptique.


On était des loups / Sandrine Collette – Editions JCLattès – aout 2022 – 192p

Yaki lit Lydie

Lydie de Zidrou, ill. Jordi Lefèvre,

Lydie / Nouvelle édition (REE) - 1La BD « Lydie » de Zidrou est une BD singulière. Elle raconte l’histoire d’une jeune femme, Camille, qui vit un peu hors du monde. Alors qu’elle accouche d’un bébé mort-né, elle se persuade que sa petite fille, Lydie, est bien réelle et en vie. Là où l’histoire pourrait rester simplette, il n’en est rien puisque Camille va entraîner avec elle, son père, le médecin et les voisins. Tout le monde va jouer le jeu et c’est là que réside tout l’intérêt du récit. Le scénario est magnifiquement illustré par Jordi Lefèvre qui, avec ses touches de couleur délicates, apporte la douceur et la tendresse nécessaires au récit. De jolis sentiments, de la mélancolie, des personnages touchants, il n’en fallait pas plus pour que cette BD soit une belle découverte !

Yaki lit Bergères guerrières

Bergères guerrières de Jonathan Garnier, ill. Amélie Fléchais,

Bergères guerrières - Tome 01 | Éditions GlénatCette BD nous emmène dans une histoire originale et pleine de mystères qui fait la part belle aux filles. Depuis 10 ans que les hommes du village sont partis à la guerre, les femmes ont dû s’organiser pour que la vie continue. Elles ont créé un ordre que Molly, 10 ans, a hâte de rejoindre. Son bouc Barbe-Noire et son ami Liam vont l’accompagner dans ses péripéties. J’ai beaucoup aimé l’humour de cette BD, ainsi que les caractères bien trempés des personnages, même des personnages plus secondaires. Le suspens monte crescendo et donne envie de poursuivre l’aventure avec les héros. Les illustrations, qui semblent plutôt naïves au premier abord, donnent de la profondeur aux personnages et les couleurs pastel font un contraste heureux avec l’action. L’aventure, la magie et l’amitié font de cette BD un vrai bon moment de lecture.

Yaki lit Le château des animaux

Le château des animaux de Xavier Dorison, ill. Félix Delep 

Casterman - Le Château des Animaux - Tome 1 - Miss BengaloreLibrement inspirée de « La Ferme des animaux » de George Orwell, « Le château des animaux » est une réussite. Dans un château abandonné par les humains, les animaux sont libres et égaux. Enfin, pas vraiment ! Comme dans toute société, certains se croient légèrement, voire beaucoup, au-dessus des autres et les privilèges ne sont pas distribués de manière égalitaire. Jusqu’à ce que les opprimés décident de se révolter. Dans cette BD, il y a des héros et des méchants, des privilégiés et des opprimés, de la solidarité et de l’égoïsme ! Toutes ces thématiques « humaines » transposées dans un monde animal fictif et c’est vraiment bien vu ! C’est également illustré de manière pertinente avec des couleurs parfois sombres, parfois lumineuses qui accompagnent parfaitement le propos. J’ai beaucoup aimé !

Lu et également aimé par Lola ♥

Yaki lit N’oublie pas les fleurs

N’oublie pas les fleurs / Genki Kawamura, Ed. Pocket – oct 2022

N'oublie pas les fleurs - 1Enfant, Izumi n’a eu que sa mère pour l’élever et prendre soin de lui. Aujourd’hui, alors qu’elle perd peu à peu tous ses repères, les rôles s’inversent. L’occasion pour Izumi de se remémorer les bons moments passés avec sa mère et les un peu moins bons. Alors qu’il s’apprête à être père, il s’interroge aussi sur la relation qu’il va tisser avec son enfant, alors qui lui n’a pas eu de « modèle ».

Les romans japonais ont souvent un rythme doux empreint de nostalgie et une écriture simple, sans fioriture, ce qui est le cas de « N’oublie pas les fleurs ». Il ne se passe pas vraiment de grands événements, l’auteur raconte la vie de tous les jours, le passage du temps, la vieillesse, et la vie qui recommence… C’est un roman touchant, mais tellement triste dans sa réalité. À lire quand on a le moral ! Une jolie découverte malgré la thématique. À noter, le très joli titre qui trouve toute sa résonance dans le récit.

#grandprixdeslecteurspocket

sortie 09/2021 – Editions Fleuve

Lola lit Des fleurs pour Algernon ♥

Algernon est une petite souris de laboratoire qui, depuis qu’elle a été opérée du cerveau par le Docteur Strauss et le professeur Nemur, est devenue extraordinairement intelligente. Les deux chercheurs de l’institut Beekman décident, et ce malgré le manque évident de données, de tenter l’expérience sur un être humain. Charlie Gordon a 32 ans, c’est le simplet, l’idiot dont on se moque, que les gars bousculent en riant et que les filles prennent en pitié. Mis en institution quand il était petit, abandonné par sa famille, il travaille dans une boulangerie où il passe le balai, transporte les sacs de farine, et prend des cours dans la classe d’Alice pour apprendre à lire et à écrire. C’est son élève le plus attentif mais malgré ses efforts et sa motivation, ses résultats restent médiocres. Alors quand Charlie apprend qu’il a été choisi dans un programme pour devenir intelligent, il est très content et plein d’espoir. Et ça marche ! Il devient intelligent, si intelligent, c’est un génie qui dépasse les chercheurs et les professeurs. Mais Charlie n’est pas plus heureux finalement, il se pose beaucoup de questions auxquelles son intelligence seule ne peut répondre. Et bientôt, le comportement d’Algernon devient bizarre, s’engage alors pour Charlie une course contre la montre.

Des fleurs pour Algernon est un roman de science fiction écrit par Daniel Keyes en 1966 et qui avait eu alors un beau petit succès. L’histoire est racontée uniquement dans les comptes-rendus que Charlie doit écrire quotidiennement, et dont le contenu et la forme évoluent tout au long du roman. Un roman très intéressant !  Je l’ai lu ado et j’avais beaucoup aimé, j’avais notamment été émue par l’histoire d’amour impossible entre Charlie et Alice. Mais cette fois-ci, j’ai été bien plus intéressée par les questions que se posent Charlie sur son passé et ses relations avec sa famille. Cette lecture a été fidèle à la précédente : un très bon moment de lecture ♥


Des fleurs pour Algernon / Daniel Keyes – Harcourt Trade Publishers – mars 1966 

Flowers for Algernon 

 

Lola lit Le soldat désaccordé ♥

Le soldat désaccordé par MarchandDans les années 20 à Paris, un ancien soldat de la guerre de 14 consacre sa vie à rechercher les soldats disparus. Blessé au début de la guerre, amputé d’une main, écarté des champs de bataille, un sentiment de culpabilité vis à vis de ceux qui combattaient l’avait submergé, au point de refuser les permissions. Sa fiancée l’avait attendu avant d’être emportée par la fièvre espagnole. Alors depuis, accablé de chagrin et rongé de remords, il aidait les familles à retrouver un fils, un père, un mari, un fiancé. Après la guerre, la démobilisation fut compliquée, les hôpitaux étaient remplis de soldats perdus, amnésiques, rendus fous, incapables de retrouver leur famille. Chaque femme, chaque mère, chaque fiancée espérait que son soldat disparu était vivant et qu’il errait d’hôpital en hôpital, il suffisait donc de le chercher. Alors lui parcourait la France pour rendre son nom à un homme, mettre un nom sur un corps, inscrire un nom sur une pierre tombale et ainsi permettre aux femmes de disparus de toucher une pension. Contacté par Madame Joplain, il part à la recherche de son fils Emile, forcément en vie quelque part. Commence alors une longue enquête, qui conduit le lecteur sur les traces d’une merveilleuse et tragique histoire d’amour. Un super roman qui cumule les points positifs : il se lit d’une traite, il est bouleversant et très bien documenté. Un coup de cœur !

PS : une fin (un peu) à l’américaine qui ne remet absolument pas en question les qualités de ce roman.


Le soldat désaccordé / Gilles Marchand – Editions Aux Forges de Vulcain – Aout 2022 – 208p

Lola lit Quand tu écouteras cette chanson ♥♥♥

Quand tu écouteras cette chanson par LafonMa nuit au musée, la collection proposée par les Editions Stock, réunit plusieurs auteurs : Leila Slimani, Christophe Boltanski, Jakuta Alikavazovic, Léonor de Récondo mais aussi Enki Bilal, Lydie Salvayre et d’autres encore. Invités à passer une nuit entière dans un musée où ils peuvent déambuler dans le silence et la solitude à la recherche de sensations et d’émotions, ils tirent, de cette expérience, un livre qui concentre leurs impressions. Lola Lafon s’est prêtée à l’exercice et nous livre un récit magnifique. Elle a choisi de passer la nuit du 18 août 2021, dans La Maison d’Anne Frank dite l’Annexe où la famille Frank est restée cachée deux ans avec une autre famille pendant que dehors les persécutions nazis semaient la terreur. L’Annexe était située à l’étage de l’entreprise d’Otto Frank le père d’Anne et Margot, c’était un endroit tenu secret dont quelques personnes seulement connaissaient l’existence et s’occupaient du ravitaillement des huit « prisonniers ». Interdiction formelle de parler, de bouger, d’utiliser l’eau, il fallait être indétectables.

Comme tout le monde, je connais Le journal d’Anne Frank, je l’ai lu à l’adolescence, j’en avais été émue aux larmes. Comment ne pas l’être face à l’abomination de cette époque ! Et pourtant j’ai eu l’impression de découvrir l’histoire d’Anne Frank dans ce livre, je l’avais mal lu comme l’auteure elle-même le confesse. C’est un magnifique récit, qui parle d’Anne Frank, de Margot et de leurs parents, qui parle de Lola Lafon, qui parle de toutes les persécutions, et qui parle surtout à tous. J’en ai encore des frissons ! Un coup de cœur absolu ♥♥♥

J’avais particulièrement aimé La petite communiste qui ne souriait jamais.


Quand tu écouteras cette chanson / Lola Lafon – Editions Stock – aout 2022 – 180p